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Colombie : Menace de coup d’État

26 Avril 2022, 20:14pm

Publié par Bolivar Infos

Les informations en provenance de Colombie sont très graves. On a appris les déclarations publiques insultantes et menaçantes du commandant en chef de l’armée, le général Eduardo Enrique Zapateiro, contre le candidat à la présidence, le sénateur de la République Gustavo Petro Orrego.

 

En violant les articles 127 et 219 de la Constitution Nationale par ses déclarations publiques menaçantes contre le sénateur candidat à la présidence Gustavo Petro, le général Zapateiro, très subtilement et de façon très intéressée, cherche à porter atteinte à l’image du candidat Pétro pour que cela profite aux candidats de l’extrême droite oligarchique.

 

Il ne s’agit pas, comme le dit Zapateiro, de défendre l’honneur des forces armées. Non, ceci est un gros mensonge. Aujourd’hui, à peine 30 jours avant les élections présidentielles qu’on prévoit que Pétro va gagner au premier tour, il se produit un fait totalement inconnu et jamais utilisé lors d’élections puisque les forces armées, constitutionnellement, ne sont pas belligérantes et ne peuvent avoir d’action en politique et encore moins dans les processus électoraux. 

 

La raison pour laquelle Zapateiro prononce une telle menace est évidemment en relation avec le fait que le candidat Pétro ait déclaré publiquement que s’il est élu président, les forces armées ne seront pas utilisées pour réprimer le peuple mais pour défendre les frontières et le territoire national colombien de toute agression extérieure. Et il a affirmé que les forces armées sont faites pour protéger le peuple.

 

Tout ce dont il parle ici est public et on ne doit pas oublier que, pendant les 30 dernières années, des secteurs, des unités et des chefs des forces armées colombiennes ont été utilisés pour soutenir les paramilitaires trafiquants de drogue que dirigeaient Fidel Castaño et Carlos Castaño. Des informations déclassifiées des États-Unis le confirment.

 

Les déclarations des anciens chefs paramilitaires Salvatore Mancuso et Carlos Mario Jiménez Macaco aux États-Unis, sont fermes et prouvent la complicité des chefs militaires avec des policiers corrompus, de haut fonctionnaires des derniers Gouvernements et des députés en fonction, pas seulement contre l’insurrection. Non, mais contre les paysans pauvres, ceux qui étaient obligés de vendre leurs terres pour une bouchée de pain aux grands propriétaires terriens qui, s’ils n’acceptaient pas, les déplaçaient et tuaient ceux qui résistaient et restaient.

 

Des familles entières ont dû fuir dans des pays frontaliers, principalement au Venezuela et en Équateur. C’est la réalité des campagnes colombiennes au-delà de la juste action du mouvement révolutionnaire armé qui était sur le territoire où les paramilitaires ne venaient pas. Ils étaient défendus par les insurgés et ceux qui étaient injustement accusés d’être des collaborateurs de la guérilla, un argument que les paramilitaires et même certains membres de la force publique utilisaient pour les assassiner.

 

 

Sur ce sujet, il y a beaucoup de documents écrits parmi lesquels les fameuses CONVIVIR, transformées en forces paramilitaires et en bras armé du trafic de drogue. Les brillants journalistes Alfredo Molano, Cecilia Orosco et Maria Jimenez Duzan ont rassemblé des documents qui m’ont servi dans cet article parce qu’il est important de connaître l’origine et l’histoire du problème que j’expose ici, Pour qu’on connaisse une partie de ce conflit armé en Colombie et le rôle négatif qu’ont eu certains secteurs des forces armées.

 

Dans sa revue « Une autre vérité, » Juan Pedro Moreno avait menacé de révéler la grande conspiration du para-militarisme trafiquant de drogue contre l’État de droit en Colombie. Les lecteurs doivent savoir que Juan Pedro Moreno avait été le secrétaire du gouvernement d’Antioquia (1009 94–1000997) et l’homme de confiance du gouverneur Alvaro Uribe Velez. Mais après que celui-ci soit devenu président, cette relation n’a pas bien fini. Monsieur Moreno est mort avec son fils et le pilote dans des circonstances étranges, lors d’un accident inexplicable de l’hélicoptère dans lequel ils voyageaient.

 

Moreno lui-même ne cachait pas ses relations avec Carlos Castaño et selon ce qu’il avait raconté à une source amie, il avait eu des instructions supérieures qui avaient beaucoup à voir avec la rencontre unitaire des paramilitaires lors de la réunion du Nudo de Paramillo. À cet endroit l’unité des paramilitaires s’est affirmée et a donner son nom aux « autodéfenses unies de Colombie. » De cette endroit sont sortis beaucoup de plans d’action, d’actes terroristes, d’assassinat, d’expulsions brutales et de vols de terre.

 

Le général Zapateiro a oublié les graves massacres commis en Colombie avec le soutien ou la complicité de gradés de l’armée comme les massacres de El Salado, El Aro, La Granja, Mapiripan et des centaines d’autres comme les très graves événements survenus dans la commune 13 de Medellín qui ont conduit en prison plusieurs hauts gradés . Ou les crimes qui ont amené le général Rito Alejo del Rio en prison.

 

Le président Ivan Duque a décidé d’officialiser la promotion obtenue au Sénat de la république par le commandant de l’armée nationale Eduardo Enrique Zapateiro Altamiranda. Actuellement et seulement pendant cette année du Gouvernement de Duque, il y a déjà eu 48 massacres, des dizaines de combattants signataires de l’accord de paix assassinés. Et que dire du brutal massacre, en mars dernier, à Putamayo dont on a beaucoup parlé dans Le Spectateur et d’autres médias. Incroyable qu’aucun ministre du Gouvernement ne se soit prononcé.

 

Un autre élément qui implique les forces armées : les milliers de jeunes assassinés sur ordre de hauts gradés de l’armée, un fait connu sous le nom de « faux positifs. » La Justice Exceptionnelle de Paix a comptabilisé 6 402 assassinés mais les mères de Suasha ont demandé une enquête parce qu’ il pourrait y avoir quelques 10 000 victimes.

 

L’intempestive, autoritaire et grave menace du Général Zapateiro contre le candidat à la présidence, le sénateur Gustavo Pétro, dans la situation électorale actuelle ne peut s’expliquer que d’une seule façon : terroriser les électeurs et essayer de modifier la situation. La plupart des sondages donnent le candidat du Pacte Historique, Gustavo Petro, vainqueur. Cette affirmation se confirme alors qu’imprudemment et en manquant à ses devoirs constitutionnels, le président Ivan Duque a soutenu le général Zapateiro et en a profité pour attaquer le candidat d’opposition Gustavo Petro.

 

Que peut-il arriver dans l’avenir en Colombie ? C’est à voir. Par cette accusation, le général Zapateiro non seulement viole la Constitution mais il brise le principe de non-ingérence des forces armées en politique et dans les élections et crée un précédent. Aujourd’hui, aussi bien les candidats à la présidence que les membres du Pacte Historique peuvent être la cible de la haine qu’on a injectée depuis longtemps contre la gauche en Colombie, comme c’est arrivé dans les années 80 contre l’Union Patriotique. Aujourd’hui, la Justice Exceptionnelle de Paix a reconnu officiellement l’assassinat de 5733 de ses militants. 

 

Face à cette violation du chef militaire, l’opinion publique colombienne et internationale se demandent : que fera le Congrès de la République ? Alors que le distingué maire de Medellín, Daniel Quintero, a demandé publiquement au président Duque de demander la démission du Général Zapateiro.

 

Enfin, je suis convaincu que l’oligarchie à cette occasion s’est trompée. Ce jeu et ce manège, en utilisant le général en chef de l’armée pour chercher un intérêt en faveur des candidat de la droite oligarchique, cette fois, n’atteindra pas ses objectifs.

 

Le peuple colombien a explosé, les manifestations de l’année 2019 et la grève d’avril dernier l’ont montré et s’ils tentent quelque chose de plus brutal comme un coup d’Etat ou d’assassiner l’un des deux candidats du Pacte Historique, la situation peut se renverser comme c’est arrivé à Bogotá le 9 avril 1948 et se répandre dans tout le pays, ce qui rendra ce pays ingouvernable et provoquera une révolution populaire.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos 

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/04/25/colombia-amenaza-de-golpe-de-estado/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/04/colombie-menace-de-coup-d-etat.html