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Cuba : Déclaration du directeur général des Affaires consulaires 

4 Avril 2022, 17:17pm

Publié par Bolivar Infos

Depuis quelques semaines, nos citoyens se heurtent à des difficultés quand ils souhaitent se rendre dans des pays de notre région immédiate, dans la mesure où certains d’entre eux exigent maintenant un visa de transit. Il s’agit là d’une situation complexe dont les causes sont variées et que le gouvernement cubain suit avec beaucoup de rigueur.

 

L’administration étasunienne viole depuis 2017, de manière unilatérale et injustifiée, son obligation, souscrite en 1994, de garantir une migration légale aux USA en délivrant tous les ans un visa à au moins vingt mille Cubains. Les bureaux chargés des démarches migratoires à son ambassade de La Havane étant fermés depuis octobre 2017, les quelques milliers d’émigrants potentiels cubains qu’ont admis les autorités étasuniennes sont obligés de se rendre au Guyana pour y faire ces démarches, ce qui implique de lourds frais supplémentaires mais sans la moindre garantie d’obtenir un visa.

 

L’administration étasunienne, on le sait, a maintenu sans rien y toucher, voire en le durcissant considérablement ces dernières années, son blocus économique qui vise à briser notre économie, à déprimer le niveau de vie des Cubains, à provoquer des carences et à réduire la consommation et les services dont dépend la population. Elle a même durci cette politique aux moments les plus critiques de notre combat contre le Covid-19, alors justement que l’économie mondiale était frappée de plein fouet par les effets nocifs de la pandémie.

 

Qui plus est, la politique migratoire des Etats-Unis envers Cuba repose légalement, depuis les années 60, sur la Loi dite d’ajustement cubain qui offre à tout Cubain arrivant dans ce pays la possibilité quasi automatique, un an après, d’ « ajuster » son statut migratoire et de devenir un résident permanent.

 

Il s’agit là d’un privilège offert exclusivement aux Cubains, de sorte que beaucoup d’entre eux sont convaincus de pouvoir bénéficier à ce titre du droit d’émigrer aux Etats-Unis et d’y être acceptés, indépendamment de l’itinéraire qu’ils suivent et des moyens qu’ils utilisent.

 

Cette législation s’accompagne d’une politique basée, depuis des décennies, sur les préjugés et la démagogie : tout Cubain souhaitant entrer aux Etats-Unis serait censément un persécuté politique ou serait pris d’une « peur plausible » de rentrer dans son pays d’origine, alors que les statistiques prouvent clairement que, chaque année, toujours plus de Cubains se rendent à Cuba depuis les Etats-Unis.

 

Tous ces facteurs stimulent la migration vers les Etats-Unis comme destination finale, en particulier la migration irrégulière, à partir du moment où les voies légales sont bloquées, comme c’est le cas depuis 2017, et comme ce fut le cas à d’autres moments par le passé.

 

Cette réalité explique dans une bonne mesure pourquoi beaucoup de Cubains émigrent, aussi bien légalement qu’irrégulièrement, à travers des pays de la région, notamment le Mexique, l’Amérique centrale et les Caraïbes, ce qui implique une charge pour ces nations et leurs gouvernements et pour leurs relations avec les Etats-Unis, déjà problématisées par le potentiel migratoire élevé de leurs populations respectives.

 

Elle explique aussi pourquoi l’administration étasunienne fait des démarches et exercent des pressions pour que les pays de transit prennent des mesures contre les émigrants cubains et qu’ils exigent, ce qu’ils ne faisaient pas avant, la présentation d’un visa, et même d’un visa de transit, y compris pour les Cubains ayant la résidence permanente dans d’autres pays.

 

Par ailleurs, Washington s’efforce sournoisement d’entraver la délivrance de visas dans les ambassades étrangères accréditées à La Havane afin d’alimenter le mécontentement des Cubains lésés. Ces manigances contredisent le fait que l’administration étasunienne a toujours encouragé d’une manière larvée l’émigrant cubain à utiliser ces territoires pour arriver irrégulièrement à la frontière méridionale terrestre des Etats-Unis où on lui y facilite l’entrée.

 

Il est cynique d’obliger les Cubains à voyager au Guyana pour obtenir un visa de migrant tout en exerçant des pressions sur d’autres pays pour qu’ils imposent comme préalable à ceux qui veulent gagner Georgetown un visa de transit à obtenir dans un pays tiers, alors que le consulat étasunien de La Havane a suspendu ses activités ou travaille d’une manière très limitée.

 

Dans ce domaine, le panorama actuel pour les migrants cubains est le suivant : encouragement permanent à émigrer aux Etats-Unis ; refus de ceux-ci de délivrer tous les ans au moins vingt mille visas, ce à quoi ils se sont pourtant engagés par accords bilatéraux ; blocus économique renforcé qui réduit leur niveau de vie et leur fait penser à un avenir de prospérité aux Etats-Unis ; pressions sur des gouvernements de la région pour qu’ils imposent des visas aux Cubains qui aspirent à profiter des incitations permanentes à l’émigration que leur font les Etats-Unis.

 

Mais c’est aussi la réalité que souffrent par ailleurs les Cubains qui veulent visiter temporairement des pays de la région, sans la moindre intention d’émigrer.

 

Bien souvent, le demandeur de visa est contraint d’acheter un billet d’avion pour pouvoir engager les démarches pertinentes dans ce pays tiers afin d’obtenir le visa de transit, mais sans la moindre garantie qu’il lui sera délivré, et sans la moindre possibilité de se faire rembourser en cas de déni.

 

Le gouvernement cubain a abordé ces questions avec le gouvernement étasunien, aussi bien directement que par les voies diplomatiques, lui faisant savoir qu’il s’agissait là d’un abus envers le Cubain qui aspire à émigrer, que cette conduite violait les accords bilatéraux, qu’elle était nuisible aux pays de la région et qu’elle encourageait une migration illégale, irrégulière et sans sécurité, par voie tant terrestre que maritime. Il lui a rappelé que le président étasunien s’était engagé auprès de ses électeurs à rectifier la violation des accords migratoires décidée par son prédécesseur, mais que cette même politique perdure et continue de frapper le migrant et sa famille.

 

Il reste par ailleurs en contact avec des gouvernements de la région dont il respecte les dispositions migratoires souveraines, mais auxquels il demande de les appliquer sans discrimination contre les Cubains, en les annonçant suffisamment à l’avance, en instaurant des délais de mise en œuvre raisonnables et en permettant à ceux qui ont fait des dépenses et pris des engagements au moment où ils pouvaient voyager sans exigence de visa de ne pas avoir à engager des frais supplémentaires.

 

Il est foncièrement injuste de faire retomber sur le Cubain souhaitant émigrer les changements de conduite de l’administration étasunienne et de l’obliger à faire des dépenses supplémentaires et, au pire, de perdre des sommes d’argent considérables. Il est tout aussi abusif de le contraindre à faire des dépenses en billets d’avion et en démarches sans avoir la garantie qu’il pourra voyager, à plus forte raison quand il s’agit d’une mesure discriminatoire qui ne concerne que les Cubains.

 

Ce qui saute aux yeux dans ce scénario, c’est qu’il est dans le droit fil de politique traditionnelle des Etats-Unis : déstabiliser Cuba et faire de sa population l’otage de visées hégémoniques et hostile contre elle et son gouvernement. Mais elle marque bien, aussi, le mépris historique que Washington voue aux pays de la région, qu’il prétend utiliser pour exercer des pressions sur Cuba et faire face, en une année électorale, au problème migratoire qui se pose à sa frontière méridionale et qu’il règle, selon sa pratique habituelle, par un traitement discriminatoire, raciste, dégradant et abusif.

 

La Havane, 24 mars 2022

 

Source cubaminrex

 

https://www.radiohc.cu/fr/especiales/exclusivas/290182-declaration-de-m-ernesto-soberon-guzman-directeur-general-des-affaires-consulaires-et-des-cubains-residant-a-letranger-au-ministere-cubain-des-relations-exterieures