Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Haïti : Une importance capitale dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale des États-Unis

8 Avril 2022, 17:48pm

Publié par Bolivar Infos

Par Nazareth Balbás

 

Vendredi , le président Joe Biden a confirmé la mise en application de la « loi de fragilité globale » qui commencera à s’appliquer dans au moins cinq pays.

 

Haïti, le pays le plus pauvre de Amérique latine, est l’un des quatre pays choisis par les États-Unis pour la mise en œuvre de sa loi de fragilité globale, un instrument qui bien qu’il ait été approuvé en 2019, n’entrera en vigueur que maintenant sur ordre de Joe Biden.

 

Dans une lettre publiée vendredi, Biden déclare que comme le monde se trouve dans une « décennie décisive » marquée par la pandémie, la crise climatique et « la hardiesse des autocrates », les États-Unis « doivent diriger » ce point d’inflexion. Sur cette ligne, il a promis que l’application de la loi sera la feuille de route de la nouvelle stratégie de Washington « pour prévenir les conflits et promouvoir la stabilité » du monde.

 

«L’essai pilote » commencera en Haïti, en Libye, au Mozambique et en Papouasie et concernera aussi la côte occidentale de l’Afrique qui inclut le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Togo, a confirmé la Maison-Blanche dans un communiqué. Ce plan, qui a obtenu le consensus des deux partis, a été présenté par le Gouvernement de Biden comme la « stratégie destinée à prévenir les conflits et à promouvoir la stabilité dans des pays partenaires dans le monde entier. »

 

Selon les mots du président étasunien : « C’est un investissement dans la paix et la sécurité du monde, un investissement qui produira d’importants bénéfices non seulement dans les pays avec lesquels nous travaillerons mais surtout ici, aux États-Unis. »

 

En quoi consiste ce plan ?

 

Selon les documents divulgués la semaine dernière, il s’agit d’une stratégie sur 10 ans destinée à réduire les conflits dans ces zones et en même temps à « améliorer la façon » dont le Gouvernement des États-Unis opère « dans une variété de situations. »

 

« Nous profiterons des forces des communautés, des Gouvernements et des nations pour nous surmonter les impacts, affronter les tendances mondiales négatives et créer de nouveaux exemples pour une coopération plus large, » dit la Maison-Blanche. Les États-Unis affirment que la stratégie trace une « nouvelle voie » destinée à « éteindre la discorde potentielle avant qu’elle n’éclate. »

 

Pour justifier cette initiative, on affirme que le plan sera régi par plusieurs principes parmi lesquels :

 

–Le travail en collaboration avec les Gouvernements de ces pays pour prévenir les conflits, encourager la résilience et le développement économique.

 

–L’établissement des plans décennaux de tout le Gouvernement , « mutuellement décidés» pour les pays en conflit, « au-delà des crises urgentes. »

–La promotion « d’outils et de perspectives » dans les institutions de ces pays, ce qui inclurait la réforme de leur système judiciaire.

 

Dans la pratique, cette nouvelle stratégie de «point de vue à plusieurs facettes » remettra en place la vieille tutelle des institutions des États-Unis dans un contexte international volatile qui laisse ces pays sans beaucoup de marge de manœuvre. Le Congrès destinera à ce plan jusqu’à 200 000 000 de dollars par an.

 

« Cette stratégie établit un point de vue de tout le Gouvernement destiné à promouvoir les intérêts nationaux des États-Unis sur la scène mondiale. Cela signifie profiter de la large expérience et des ressources qui résident dans tout notre Gouvernement, perfectionner et actualiser ces outils quand c’est nécessaire, appliquer avec humilité les leçons coûteuses et douloureuses du passé et transformer la façon dont nous travaillons entre nous, » précise à la Maison-Blanche.

 

Cette année, on a déjà assigné 125 000 000 de dollars à un fonds de prévention et de stabilisation qui complétera les accords de coopération et d’assistance que Washington a avec ces pays.

 

« Un partenaire fiable »

 

Au milieu de la situation mondiale conflictuelle, renforcée par l’opération militaire de la Russie en Ukraine, les États-Unis se proposent ouvertement de reprendre leur rôle actIf dans des zones de grande instabilité pour redevenir un « partenaire fiable. » Pour des raisons géographiques, le pays le plus proche de leur zone d’influence est Haïti.

 

Mais ce n’est pas la première fois que Washington cherche à intervenir dans ce pays des Caraïbes. Les incursions militaires à Port-au-Prince en 1915, 1994 et 2004 sont les plus scandaleuses sans parler des ingérence plus voilées comme le fait d’accorder à ce pays un prêt impossible à rembourser pour qu’il lui soit impossible d’échapper à ses créanciers ou l’effondrement induit de son industrie du sucre à la fin du siècle dernier grâce à l’inondation du marché par les produits étasuniens.

 

D’autre part, des chiffres récents de l’USAID révélés l’année dernière par The Guardián ont montré que sur les 2 300 000 000 d’aide prévus pour Haïti jusqu’en 2019, plus de la moitié a fini par revenir aux États-Unis. Pire, un rapport du centre d’économie affirme que seulement 0,6 % des fonds ont été versés à des organisations haïtiennes et 0,9 % a finalement été remis au Gouvernement haïtien.

 

Et cette analyse ne comprend pas l’escalade qu’a vécue Haïti l’année dernière après l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet et l’impact du tremblement de terre qui s’est produit un mois plus tard. Les deux événements non seulement ont aggravé la situation du pays déjà inquiétante mais ont renforcé l’autorité des bandes de criminels qui contrôlent l’entrée du flux d’essence et même l’entrée de l’aide humanitaire.

 

De plus, au moins 2 Étasuniens avec la double nationalité seraient impliqués dans l’assassinat de Moïse perpétré par un commando de mercenaires, pour la plupart des anciens militaires de l’armée colombienne. Bien que plusieurs soient détenus à Port-au-Prince, les avancées de l’enquête sont maigres.

 

Après le séisme d’août 2021, la Maison-Blanche a émis un communiqué dans lequel elle affirme que les États-Unis continueront à être « un ami proche et durable du peuple haïtien. » « Nous serons là, après cette tragédie, » dit le texte. Dans les faits, la stratégie mise en marche maintenant par Biden confirme que dans les plans de Washington ne figure pas le fait de quitter Haïti.

 

Des leçons difficiles ?

 

Le secrétaire d’État Anthony Blinken a mis l’accent la semaine dernière sur le fait que ce nouveau point de vue prendra en compte « les difficiles leçons apprises » dans les décennies précédentes. Dans le futur, selon le département d’État, toutes les instances du Gouvernement, depuis les ambassades jusqu’aux experts techniques à Washington, seront employées à planifier, exécuter et contrôler le plan qui « exige un changement fondamental de la façon dont les États-Unis travaillent pour prévenir les conflits au niveau mondial. »

 

La promesse est que ce travail personnel avec des organisations de la société civile des pays sélectionnés ainsi qu’avec des entreprises et des fonctionnaires de leur Gouvernement, pour soi-disant contribuer au renforcement des institutions et de la société est de « diminuer la propagation des idéologie extrémistes, affronter l’impact corrosif des inégalités de genre, cultiver une meilleure confiance entre les forces de sécurité et les citoyens et se protéger contre la menace de déstabilisation du changement climatique. »

 

« Les États-Unis peuvent et doivent diriger ce nouvel effort essentiel pour interrompre de possibles voies vers le conflit, faire diminuer les menaces avant qu’elle s’intensifient et arrivent sur nos côtes et aider à sauvegarder l’économie, la santé et la sécurité de notre nation pour les générations futures, » a dit Biden.

 

Dans cet « effort » de sauvegarde de leurs propres intérêts, le pays le plus pauvre d’Amérique latine sera l’un de ceux qui seront choisis pour que le vieux maître mette à l’épreuve sa nouvelle stratégie.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/04/05/503060/

URL de cet article:

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/04/haiti-une-importance-capitale-dans-la-nouvelle-strategie-de-securite-nationale-des-etats-unis.htmlV