Amérique latine : Les idées d’Hugo Chavez recyclées par le « nouveau progressisme »
Un fantôme parcourt l’Amérique latine : les idées d’Hugo Chávez. Le « nouveau progressisme » les prend comme drapeau et les revendique comme des idées qui lui sont propres un occultant le rôle du Venezuela dans les tentatives d’intégration et de souveraineté régionale pendant les 20 dernières années.
Nous pouvons en attester avec les récents discours de Lula Da Silva qui a été l’un des acteurs de la « première vague progressiste » dans les années 2000 avec les présidents du Venezuela, de l’Argentine (Nestor Kirchner) et de la Bolivie (Evo Morales). San s doute le dirigeant brésilien pourrait-il témoigner des tentatives d’intégration principalement exacerbées par Chávez mais il ne fournit pas l’énergie nécessaire pour que l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique–Traité de Commerce des Peuples (ALBA-TCP) prenne un tournant définitif vers son renforcement.
En décembre 2007, ont été signé les papiers nécessaires à la fondation de la Banque du Sud et en janvier 2008 de la Banque de l’Alba. Toutes deux devaient servir de véhicules de financement pour le développement, surtout la première, dans le désir d’intégration des pays signataires mais tout est resté limité à la formation de traités douaniers.
Le Brésil, la plus importante économie de la région, n’a pas apporté le capital nécessaire à la Banque du Sud qui allait démarrer avec 7000 000 000 de dollars et s’ériger en alternative au Fonds Monétaire International (FMI), à la Banque Mondiale (BM), à la Banque Interaméricaine de Développement (BID), à la Corporation Andine de Développement (CAF) et au Fonds pour la corne de l’Argent (FONPLATA).
Étant donné que le Brésil avait sa propre banque de développement, la BNDES, Il s’est abstenu de donner plus d’impulsion à la Banque du Sud.
Chaque pays devait réaliser son apport selon sa capacité financière et son développement relatif mais tous les partenaires de l’entité financière régionale auraient eu un pouvoir équivalent de vote et de veto. Une politique de consensus entre l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, l’Équateur, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela.
C’était une idée sur laquelle insistait beaucoup Hugo Chávez que maintenant Lula, dans le cadre de sa campagne électorale pour reprendre la présidence du Brésil, revient brandir pour éviter l’hégémonie toxique du dollar et de ses émissaires financiers et il y a d’autres représentants de cette « première vague » qui la soutiennent bien qu’elle ne fasse pas partie de la politique officielle.
Mieux encore, le dirigeant du Parti des Travailleurs (PT) au Brésil évoque l’idée de créer une monnaie unique en Amérique latine, une monnaie qui renvoie au SUCRE, acronyme de Système Unitaire de Compensation Régional. Le SUCRE est une monnaie qui sert d’unité de compte et de valeur, et était destinée à supplanter le dollar étasunien dans les transactions commerciales et dans les secteurs de production dans la région latino américaine et caribéenne.
Ce mécanisme ressemble à celui de l’euro en Union européenne mais le Brésil n’a jamais participé à ce projet d’intégration monétaire.
Maintenant, Lula souhaite faire une réalité du projet de monnaie unique régionale mais sous son propre parapluie, en rejetant ce qui a déjà été construit par l’ALBA-TCP, c’est-à-dire par Cuba, le Nicaragua et le Venezuela.
De la même façon, le candidat à la présidence du Brésil a parlé de créer un conseil de défense d’Amérique du Sud sans donner plus d’explications. Une autre initiative déjà évoquée par le même Chávez à travers la fondation de l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR).
Il s’agissait de créer un conseil de défense sud américain qui appliquerait un accord unitaire de coopération dans le domaine de la sécurité régionale et étendrait les ailes du multilatéralisme et de la promotion de la lutte contre le trafic de drogue, la pêche illégale, les traités de contrôle plus important de la mer territoriale des pays membres, inciterait à l’échange industriel en matière de défense avec du matériel et de la technologie entre les membres de l’UNASUR.
Cette institution avait toutes les bases pour construire une véritable intégration au niveau financier entre les 12 pays fondateurs (aujourd’hui il n’en reste que quatre) avec un projet de monnaie unique qui remplace les monnaies nationales, une monnaie créée par la Banque du Sud elle-même.
Peut-être Lula cherche-t-il, avec le nouveau progressisme latino-américain séparé du trio Cuba–Nicaragua–Venezuela, à fonder une nouvelle UNASUR, une autre banque du Sud sous une nouvelle forme, une monnaie régionale qui rejette les fondements originaux du SUCRE.
Le président chilien Gabriel Boric avait déjà déclaré en mars dernier que l’UNASUR et la « série de sigles que vous connaissez » en évoquant l’Alba-TCP et la CELAC, « ont montré qu’ils ne servent pas à nous unir ni à avancer dans l’intégration » et il avait appelé à créer de nouvelles institutions régionales d’intégration.
Pour sa part, le candidat à la présidence de la Colombie, Gustavo Petro, approuve les propositions de Boric et de Lula en bloc.
Il existe une réticence de ce nouveau progressisme à adopter les institutions créées sous l’impulsion du chavisme même quand la source des idées vient d’Hugo Chávez et du Venezuela. C’est un mensonge d’affirmer comme le fait Boric que la CELAC, l’UNASUR et L’ALBA-TCP sont des institutions basées sur des affinités politiques et idéologiques alors que des dirigeants aussi différents que ceux de la Colombie, du Pérou et de la Bolivie, pour prendre un exemple, ont été d’accord pour développer ces entités de coopération et d’intégration régionale.
Précisément, le moteur de cette idée essentiellement bolivarienne harmonise un désir d’Etat et n’est pas basé sur des logiques de gouvernement, selon l’ordre du jour de service. Bien au contraire. Elle constitue une nécessité pour s’éloigner de la domination unipolaire des États-Unis, construire une unité régionale commune et insérer l’ ntégration du continent dans une dynamique multipolaire montante avec une voix propre.
Est-ce que ce n’est pas tout cela qui les amène à chercher à construire de nouvelles institutions ?
Mais, semble-t-il, le fantôme des idées et des initiatives d’Hugo Chavez, à partir de leur berceau vénézuélien, les tourmente de façon extraordinaire. La droite continentale, de son côté, n’est pas seule à le ressentir.
Traduction de Françoise Lopez pour Bolivar infos
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