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Peuples originels : Le Jour de la terre, les nations indigènes et les autres mondes possibles.

18 Mai 2022, 16:24pm

Publié par Bolivar Infos

Par Mario Quinteros

 

Les Nations Unis ont appelé à « faire la paix avec la nature » et à transformer les systèmes économiques pour la soutenabilité environnementale. Le dirigent diaguita Mario Quinteros remet en question les discours politiquement corrects et pointe du doigt les responsables de la crise climatique : élites économiques, gouvernements et un modèle politico-économique qui privilégie seulement l’argent.

 

Le 22 avril on commémore à nouveau le Jour international de la Terre. Le site des Nations Unies (ONU) l’exprime en soulignant la nécessité de « faire la paix avec la nature ». Il cite un rapport scientifique qui alerte sur le changement climatique, mentionne « des succès en matière de développement » et met l’accent sur l’inquiétude vis à vis du futur. Paradoxalement, la proposition découle de la même « pensée rationnelle » occidentale qui, pendant des siècles, nous a appelé à affronter la nature dans un but principal : s’approprier la Terre Mère pour obtenir de la rentabilité.

 

L’ONU propose l’idée chimérique de transformer les systèmes économiques pour qu’ils aillent dans le sens de la soutenabilité. « Tout le monde a un rôle à jouer pour faire en sorte que les connaissances, la créativité, la technologie et la coopération des êtres humains, au lieu d’être au service de la transformation de la nature selon leurs besoins servent au changement », affirme l’ONU. Elle s’adresse à « tout le monde » et, de cette façon, évite de désigner les responsables de la « guerre contre la nature » (par opposition avec le titre du rapport).

 

Le même raisonnement qui s’est distingué en expliquant par des raisons « objectives » la marche de l’humanité (vue depuis sa propre logique), englobe aujourd’hui la nécessité de faire la paix avec la nature en nous impliquant toutes et tous à la même échelle. Il passe sous silence que c’est ce même raisonnement qui a initié la guerre contre la nature, cette épistémologie qui a développé une philosophie, une idée de l’homme et de la femme en tant que produits de la création divine affrontant la nature et non comme faisant partie d’elle. Cela est dû à une raison simple : justifier l’appropriation de la Terre Mère pour son usufruit. C’est pourquoi il est compréhensible que l’ONU n’enquête pas sur les causes de la crise climatique, car cela saperait les intérêts qui la régissent, ceux des bourgeoisies qui se cachent derrière les États qui commandent l’ONU. 

 

Pour cela, et pour nulle autre motif, sa suggestion se déplace vers le volontarisme du politiquement correct. 

 

Les causes de la pandémie et le respect de la Terre Mère.

 

L’ONU semble oublier que la pandémie a mis en évidence la façon dont les secteurs dominants conduisent la guerre contre la nature. Les causes désignent le développement exacerbé de l’accumulation, de la production à grande échelle et concentrée entre les mains d’une minorité, conséquences de la logique économique. La Covid a mis en évidence les conséquences de la progression de la société capitaliste qui marche vers son propre effondrement et dans laquelle l’élite économique mondiale a une énorme responsabilité. 

 

« Pour les multimillionnaires, l’avenir de la technologie réside dans leur capacité de fuite. L’objectif est de dépasser la condition humaine et de se protéger du changement climatique, des grands flux migratoires et des pandémies mondiales», signale une analyse journalistique. Le multimillionnaire Jeff Bezos, qui cherche à développer une société de fusées pour coloniser l’espace, en est un exemple.

 

C’est à dire que, loin de penser à se lier d’amitié avec la nature, les élites mondiales pensent déjà à abandonner la planète de plus en plus abîmée à de nombreux égards, tant sur l’aspect écologique que politique, avec la croissante radicalisation à droite du discours politique au niveau mondial, un discours de haine, raciste, sexiste et xénophobe. 

 

Si l’on se place d’un autre point de vue, celui des Peuples indigènes, peuples divers et pluriels, nous ne devons pas seulement nous contenter des éphémérides que nous dicte l’élite mondiale à travers ses organisations mais nous devons continuer à construire un monde qui inclut de nombreux autres mondes, dans lequel la pluralité soit monnaie courante et où se pratique le respect de la diversité, tant sur le plan humain que sur celui de la Terre Mère. Ceci n’arrivera que si nous affrontons résolument ce capitalisme-extractivisme-eurocentrisme qui, même dans son discours du « prendre soin de la terre », cherche à en fuir en raison de la détérioration à laquelle il l’a lui-même soumise. 

 

*Mario Quinteros est membre de la communauté de Amaicha del Valle (Tucuman).

 

Source : Agence Tierra Viva

 

Traduction David Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/04/22/pueblos-originarios-el-dia-de-la-tierra-los-naciones-indigenas-y-otros-mundos-posibles/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/05/peuples-originels-le-jour-de-la-terre-les-nations-indigenes-et-les-autres-mondes-possibles.html