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Amérique latine : AMLO, le blocus et le sommet

10 Juin 2022, 17:34pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Le président Andres Manuel Lopez Obrador a fait de la dénonciation du blocus de Cuba et de la lutte pour le faire lever l’un des principaux drapeaux de sa politique étrangère basée sur des principes historiques consacrés dans la Constitution mexicaine.

 

AMLO, le blocus et le sommet

 

Pourquoi ? Pourquoi est-ce un thème central dans les conférences de presse matinales au moment d’exprimer son désaccord avec les hôtes du sommet de Los Angeles qui ont exclu Cuba, le Nicaragua et le Venezuela ? Pour un chef d’État de la stature morale et intellectuelle de López Obrador, ce sujet a une énorme importance éthique, humaine et stratégique. En relation avec rien moins que l’horizon d’union des peuples et des États d’Amérique latine et des Caraïbes (ALC) qu’il propose avec les États-Unis et le Canada.

 

Faisons un rappel. AMLO a insisté sur le fait que les États-Unis ne peuvent continuer à se conduire dans leurs relations avec les pays et les Gouvernements de notre région comme ils l’on fait « pendant ces deux derniers siècles. » Ayant étudié l’histoire, il sait très bien ce que l’hégémonie, l’arrogance et la violence contenues dans la doctrine Monroe (1823) ont coûté à nos nations en oppression, en interventions et en sang.

 

Il l’a expliqué au vénérable château de Chapultepec quand il a appelé à « garder vivant le rêve de Bolivar. » Le président du Mexique est convaincu que réussir à faire lever le blocus de Cuba n’est pas seulement un acte de justice élémentaire pour le peuple cubain qui le subit. C’est aussi une action stratégique indispensable pour arriver à ce que les États-Unis acceptent, enfin, d’avoir une relation de véritable respect et d’égalité avec les peuples de l’Amérique latine et des Caraïbes.

 

Dans ses déclarations sur le sommet, il a dit : « comment peut-on maintenir un blocus qui empêche que les aliments arrivent au peuple cubain, qui empêche que les médicaments arrivent au peuple cubain ? L’entreprise d’un autre pays qui les vend se retrouve sur une liste noire, elle ne peut plus rien vendre aux États-Unis, un bateau qui va à Cuba est rayé, pire, ils déclarent que c’est un pays « terroriste » et qu’on ne peut faire aucun accord avec un pays terroriste, que personne ne peut se rendre dans un pays « terroriste. » Alors, sommet des Amériques, pourquoi ? »

 

Sur la même ligne, le chancelier mexicain Marcelo Ebrard affirme que mettre fin au blocus est le « sujet central » du sommet (la Jornada,6 juin 2022). AMLO pense que le rejet du blocus yankee pour lequel votent tous les ans l’immense majorité des pays à l’Assemblée Générale de l’ONU ne suffit pas. Il aspire à beaucoup plus: arriver à ce que Washington comprenne, ou au moins admettre, par réalisme politique élémentaire, que nous, les peuples de Notre Amérique, ne sommes plus prêts à accepter leur ingérence, leurs interventions et leurs impositions et qu’ils ne pourront aspirer à une relation d’amitié et de coopération avec leurs voisins du Sud que s’ils mettent fin au blocus de Cuba. Naturellement, dès lors, l’OEA aurait été enterrée comme cela a été fait pour l’ALCA à Mar del Plata.

 

Bien qu’il ait refusé d’assister au sommet par principe, AMLO a été prudent et a envoyé pour le représenter le chef de sa diplomatie car comme il l’a dit à une occasion : « nous n’allons pas attaquer Samson à coups de pieds. » Admirateur de l’idéal bolivarien d’unité de la région, il a affirmé dès le début que si on n’invitait pas tous les pays, il ne se rendrait pas à ce rendez-vous et c’est ce qu’il a fait.

 

Si Washington avait prêté aux raisonnements de Lopez Obrador l’attention qu’ils méritaient, peut-être cela aurait pu lui éviter de tenir un pauvre rôle, mineur et antidémocratique au sommet de Los Angeles. Mais il n’en a pas été ainsi. La pluie de critiques venant même de Gouvernements amis et d’analystes de tendances politiques opposées qui signalaient la grave erreur d’exclure des pays, déjà rejetée unanimement au sixième sommet de Carthagène n’a pas été entendue.

 

Biden a reculé historiquement car Cuba avait déjà été invitée aux septième et huitième sommets. Trump, dans son obsession anti-vénézuélienne, avait exclu brutalement Caracas du huitième sommet. Biden l’a surpassé. L’absence d’AMLO est déjà un trou Irréparable dans son image mais les présidents Luis Arce de Bolivie et Xiomara Castro du Honduras n’ont pas non plus assisté à ce sommet à cause des exclusions. Pour la même raison, le premier ministre de Saint-Vincent et les Grenadines, Ralph Gonzalves, l’un des plus talentueux et influents hommes politiques de la CARICOM, une organisation qui a exprimé très tôt à Washington son désaccord avec les exclusions, est resté chez lui.

 

En particulier, il a souligné l’énormité de la tragédie qu’aurait représenté pour ses Etats membres le fait de résister à la pandémie sans le soutien de Cuba et du Venezuela.

 

On suppose que le sujet qui intéresse le plus Washington est le problème de la migration et du coup, les chefs d’État des trois pays de ce qu’on appelle le triangle du nord et celui du Mexique, décisifs sur ce thème, n’assisteront pas au sommet.

 

Le sommet est un échec annoncé. Même de ses invités Biden recevra de dures critiques. 

Soyons attentifs au sommet des peuples. Mais ceci est une autre histoire.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos 

 

Source en espagnol :

https://www.telesurtv.net/bloggers/AMLO-el-bloqueo-y-la-Cumbre-20220608-0001.html

URL de cet article :

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