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Notre Amérique. À Los Angeles, le sommet de Biden et le sommet des peuples. 

4 Juin 2022, 18:12pm

Publié par Bolivar Infos

Par Geraldina Colotti

 

Déconnecté du continent et dépourvu d’intérêt. C’est ainsi que certains médias nord-américains et internationaux jugent l’administration Biden et sa décision d’exclure du sommet des Amériques, qui doit se tenir à Los Angeles du 8 au 10 juin, les trois pays de « l’axe du mal » : Cuba, le Venezuela et le Nicaragua. Le motif ? « Absence de démocratie ». Ce qu’il faut lire et comprendre : absence de cette « démocratie » qui plaît à Washington, c’est à dire la « démocratie » néocoloniale. La « démocratie » des bataillons ukrainiens, que Biden défend à coup de bombes et qu’il aimerait « exporter » en Russie.

 

Les autres, ceux qui considèrent le socialisme comme le seul modèle capable de construire un monde de « paix et de justice sociale », n’ont pas la « légitimité » pour participer à un sommet dont le thème est : « Construire un futur soutenable, résilient et équitable ». Aussi crédible qu’une invitation de renards à une conférence sur « un poulailler sûr ». Mais admettons. Nous voici dans le champ de la démocratie bourgeoise, qui cache sa véritable nature sous couvert de concepts vides jusqu’à ce que la lutte des classes démasque son hypocrisie. 

 

Un masque qui sévit jusque dans leurs propres rangs si l’on considère les querelles entre la Maison Blanche et le Département d’État, préoccupés par la « crise du sommet » dont ils s’accusent mutuellement. Cette décision, de fait, met en relief de nombreuses autres fractures que celles attendues, y compris entre les gouvernements latino-américains loyaux à Washington qui ne se sont pas précipités pour soutenir l’exclusion des trois pays concernés. Nous sommes à quelques jours du début du sommet et moins de la moitié des chefs D’États ont garanti leur présence. 

 

Le mexicain Manuel López Obrador, chef du deuxième plus grand pays d’Amérique latine et principal partenaire commercial des États-Unis, a été le premier à élever la voix contre cette exclusion, catalysant ainsi le mécontentement d’une communauté hémisphérique désormais mal à l’aise dans le rôle « d’arrière cour » des États-Unis. AMLO (Andrés Manuel López Obrador) a demandé à son homologue argentin, Alberto Fernández, d’assister au sommet pour y faire entendre la voix de la CELAC, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, qui inclut tous les pays du continent sauf les États-Unis et le Canada, et qui a ouvertement dénoncé la politique criminelle des « sanctions », et le rôle de l’OEA (Organisation des États américains) et d’Almagro, néfaste pour la région.

 

Biden, qui n’a pas montré de rupture fondamentale avec la gestion précédente en matière de politique étrangère sur le continent, ne semble cependant pas remarquer sa perte d’hégémonie, autant sur le plan économique que sur le plan idéologique. Ces vingt dernières années, la participation de l’Amérique du Nord dans le commerce extérieur latino-américain a diminué de 20 %. Aujourd’hui la Chine représente 20 % des importations et 12 % des exportations, et elle s’est d’ores et déjà convertie en principal partenaire commercial du continent. 

 

Rien qu’en 2020, La Route de la Soie a enregistré 17 000 000 000 de dollars en investissements directs et un volume de prêts pour la région équivalent à 137 000 000 000. À ce contexte les États-Unis continuent simplement d’opposer une attitude de « guerre froide », mais sont incapables de proposer des alternatives. La nomination forcée d’un président nord-américain à la tête de la Banque Inter-américaine de Développement (BID), interrompant ainsi une habitude historique sans apporter les avantages annoncés, en est un exemple flagrant. 

 

Biden a choisi comme siège du sommet la ville de Los Angeles, symbole de la diversité ethnique, raciale et culturelle existante aux États-Unis, la ville qui compte le plus d’immigrés latino-américains, avec l’espoir d’obtenir plus de soutient de la part de la communauté immigrée la plus prospère des États-Unis. Cependant, proposer à l’ordre du jour du sommet « la croissance économique, le réchauffement climatique et la réponse à la pandémie de la Covid-19 » n’a pas suffi à masquer la réalité concrète. Dans une ville remplie de sans emploi, de mendiants, et de personnes qui perdent leur maisons parce qu’ils n’ont pas pu payer le loyer pendant la pandémie, « on réduit les aides, mais on dépense plus de 15 000 000 de dollars pour garantir la sécurité des amis de Biden ».

 

C’est ce que dénoncent plus de 200 organisations populaires qui participeront au Sommet des Peuples pour la Démocratie qui aura lieu du 6 au 10 juin. La vrai démocratie, comme ils disent, est inclusive, pendant que se planifie à Los Angeles le « sommet de l’exclusion » : le défilé de chefs d’entreprise et d’hommes politiques locaux qui s’enrichissent de la souffrance des peuples. Une réunion dont des pays ont été exclus, des pays où les derniers ont la parole et le pouvoir et qui ont des présidents qui se soucient d’une intégration régionale sans inégalités.

 

Un sommet dans lequel ont n’entendra pas la voix des indigènes, des femmes, des descendants d’africains, des travailleurs mal payés et des précaires qui ont permis aux grandes multinationales d’internet et aux services d’envois à domicile d’augmenter leurs bénéfices pendant la pandémie. Des individus qui considèrent comme « une honte » les dépenses militaires destinées à alimenter le conflit en Ukraine, et qui ne se sentent plus concernés par l’appel à « l’unité nationale » pour défendre la « démocratie ».

 

« Ils nous représenteront à Los Angeles », a dit le président Maduro pendant la rencontre internationale de l’ALBA-TCP qui a eu lieu à Cuba et qui a rassemblé toutes les voix opposées au « sommet de l’exclusion ». Le sommet parallèle pour la vraie démocratie rappelle le Sommet des Peuples célébré les 4 et 5 novembre 2005 en parallèle au Sommet des Amériques, à Mar de Plata. Un événement qui a marqué le début du projet d’émancipation de la Grande Patrie au XXIe siècle. 

 

« ALCA, ALCA, al carajo (au diable, aux chiottes)» a été la phrase de Chavez, prononcée au Sommet des Peuples, qui résume la défaite diplomatique des Accords de Libre Commerce des Amériques (ALCA), lancé par les États-Unis avec l’appui du Canada et de leurs alliés dans la région. Et encore aujourd’hui, dit le capitaine Diosdado Cabello dans son programme À coup de masse, malgré certains présidents qui, « dans leur lâcheté habituelle » cèdent aux pressions de la Maison Blanche, « les vents du changement soufflent à nouveau sur le continent ». 

 

Traduction David Lopez pour Bolivar Infos

 

source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/06/02/nuestramerica-en-los-angeles-la-cumbre-de-biden-y-la-cumbre-de-los-pueblos/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/06/notre-amerique.a-los-angeles-le-sommet-de-biden-et-le-sommet-des-peuples.html