Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Argentine : Le dollar soja, une autre concession au secteur agroalimentaire et plus de soumission

1 Août 2022, 19:55pm

Publié par Bolivar Infos

Par Julio C. Gambina,

 

Le Gouvernement a mis en place un dollar différent pour les producteurs de soja. Une nouvelle concession au secteur agricole concentré et la réaffirmation de la dépendance envers l’extractivisme. 9 entreprises contrôlent 92 % de l’exportation de céréales, il est urgent de débattre du modèle de production et de la nécessité de construire la souveraineté alimentaire.

 

Au milieu d’une bataille du change qui n’est toujours pas terminée, la Banque Centrale a accordé 15 % de de plus au change pour les exportateurs de soja, ceux qui continuent à demander une dévaluation plus importante. C’est un avantage important pour ceux qui gardent le soja dans leurs silos et continuent à refuser de le vendre en attendant de nouvelles et de plus importantes dévaluations. Cette mesure a été appelée par les médias « dollar soja. »

 

Par cette décision, d’un jour sur l’autre, ils ont rendu identique les revenus de ceux qui ont marqué de nouveaux prix pour trois mois : 6 % en avril, 5,1 % en mai et 5,3 % en juin : un total de 17,31 %.

 

Les convictions politiques et idéologiques peuvent les amener à renoncer à la rentabilité en vue de meilleurs objectifs en pariant sur le Gouvernement du capitalisme local au bénéfice de la rente du sol et des bénéfices. La non vente est quelque chose qui peut arriver puisque l’augmentation du taux de change officiel depuis début juin dépasse les oscillations des biens d’exportation alors que la tendance peut être à la baisse des prix internationaux à cause, entre autres choses, des accords signés entre la Russie et l’Ukraine pour faciliter la sortie de la production ukrainienne stockée dans les ports de la Mer Noire mais aussi à cause de la récession induite par la nouvelle augmentation des taux d’intérêt mis en place par la réserve fédérale des États-Unis.

 

La rétention dans des silos, estimée à des sommes comprises entre 15 000 000 000 et 22 000 000 000 de dollars, est associée à l’attente « semée » d’une méga dévaluation. Une dévaluation induite par le pouvoir concentré de l’agro-négoce et d’autres secteurs fonctionnels du modèle productif et de développement d’insertion soumis à la transnationalisation de l’économie mondiale. 

 

Le dollar soja

 

Même si la résolution crée « un nouvel outil pour les producteurs agro-alimentaires qui vendent leur récolte de soja » selon la BCRA, la façon dont le producteur en bénéficie n’est pas claire puisque l’exportation vient en général des grands groupes économiques transnationaux qui concentrent le commerce extérieur du pays.

 

Une étude effectuées par des chercheurs de Rosario souligne : « à peine 9 firmes ont concentré dans notre pays 92 % de la facturation totale du secteur agro-exportateur en 2021. » Parmi celle-ci : Cargill, Cofco, Bunge, AGD, Molinos, ACA, ADM, Oleaginosa Moreno et LCD Argentina.

 

C’est pourquoi de nombreux petits et moyens producteurs qui n’ont pas pu capitaliser dans la production protestent car Ils ont vendu leur récolte à des taux de change plus bas que ceux obtenus par la pression sur le change. Pedro Peretti signale : « J’ai tout vendu, maintenant je me rends compte que ceux qui ont spéculé et ont été contre le Gouvernement vont toucher 15 % de plus. »

 

La pression sur le change est le résultat de l’action combinée de gros producteurs et exportateurs ajoutée aux grandes entreprises de communication et aux bureaucraties intellectuelles, professionnelles et politiques au service du pouvoir de l’agro-négoce d’exportation et du modèle de production et de développement soumis à la logique mondiale d’accumulation de capitaux.

 

Nous avons fait allusion en particulier à la logique d’accumulation des transnationales de l’alimentation et de la biotechnologie parmi d’autres capitaux transnationaux qui définissent la dynamique d’accumulation mondiale des capitaux même au milieu d’une crise mondiale de libéralisation installée depuis plus de quatre décennies sous la dénomination générique de « néolibérale ».

 

Le FMI souligne ce problème d’obstruction à la mondialisation en oubliant le rôle de la politique étrangère des États-Unis dans la guerre commerciale contre la Chine et les sanctions unilatérales imposées à plusieurs pays parmi lesquels celles dirigées contre la Russie qui limitent et rendent difficile la circulation des biens, des services et des capitaux dans le monde et génèrent une tendance à la décélération et à la récession.

 

Nous signalons que ce pouvoir concentré transnational qui coordonne le pouvoir local et global est le bénéficiaire direct et principal de la concession officielle légitime par la BCRA.

 

Même ici, on n’est pas sûr que les liquidation qui rendent effective le résultat recherché pour augmenter l’accréditation des dollars destinés à augmenter les réserves liquides que gère l’autorité monétaire aient un effet immédiat.

 

Les doutes sont associés à la très forte initiative du pouvoir économique face a la faiblesse du Gouvernement qui « revient en pantoufles » ce qui demande une réflexion en terme alternatif, d’initiative populaire contre celle-ci et au-delà de l’actuel modèle de production et de l’ordre capitaliste.

 

C’est qu’on n’atteint pas avec les compensations d’un bon de 11 000 pesos accordé aux bénéficiaires du plan « renforcer le travail » un chiffre inférieur à celui de la plus importante rente adaptée par la nouvelle concession au modèle de la production de soja.

 

De plus, la résolution de la Banque Centrale permet la fuite des capitaux en facilitant l’utilisation de 30 % de la vente du soja entassé pour constituer des actifs étrangers c’est-à-dire stimuler la fuite des capitaux. Les 70 % restants pourront être déposés sur un compte de la banque du pays qui offre un intérêt quotidien et un lien avec la cotation de la devise pour protéger les exportateurs de toute variation du peso à la baisse.

 

Même si actuellement on discute de la liquidation ou non du soja entassé, c’est le moment où la discussion doit dépasser l’immédiateté et rendre possible un débat sur le modèle de production et de développement.

 

Cela demande de penser en terme de souveraineté alimentaire, d’économie d’autogestion, coopérative et communautaire en satisfaisant les besoins en alimentation et en emplois d’une majorité exclue d’une production sociale gérée par des millions de personnes au-delà de la propriété concentrée de la terre et de la technologie.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/07/29/argentina-dolar-soja-otra-concesion-al-agronegocio-y-mas-subordinacion/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/08/argentine-le-dollar-soja-une-autre-concession-au-secteur-agroalimentaire-et-plus-de-soumission.html