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Bolivie : Le journalisme piège

21 Août 2022, 16:53pm

Publié par Bolivar Infos

Par Camilo Katari

 

Ce n'est pas nouveau de dire que « le meilleur métier du monde » aux dires de Gabriel Garcia Marquez a été dépouillé de ses principes éthiques et sociaux pour devenir un agent politique qui, caché derrière des lois de protection de ce métier, réalise des opérations politiques pour justifier, promouvoir, légitimer, amplifier et renforcer des intérêts particuliers généralement économiques cachés dans des « information ».

 

Malcolm X, un activiste afro-américain des droits sociaux des années 60 du siècle dernier nous disait : « Méfiez-vous des médias parce qu'ils vont finir par haïr l'opprimé et par aimer l'oppresseur ». Et ces paroles,  fruit de l'expérience et de la ségrégation raciale, ont été confirmées par les études des effets sociaux des médias (Wolf 1994)  et par les structures et les fonctions du discours (Van Dijk 1996) qui ont réussi la colonisation de la subjectivité (Merlin 2017). Les médias et l'exercice du journalisme sont un pouvoir indiscutable et aujourd'hui des parties fondamentales dans le domaine politique.

 

En Bolivie, aucun Gouvernement de gauche n'a réussi à briser ce pouvoir basé sur la vieille loi sur l'imprimerie considérée comme le plus grand joyau par ceux qui couvrent leur pouvoir de cette règle délabrée du début du XXe siècle qui, en 2025, fêtera son premier centenaire. Pour les protecteur de cette vieille règle, la communication reste statique, momifiée, ils ne prennent pas en compte les grandes avancées technologiques et surtout la psychologie de la communication.

 

Avec ces antécédents, une révision rapide des médias en Bolivie nous montre un pouvoir concentré dans 12 grandes corporations, la plupart sur les réseaux de télévision qui se sont élargis avec des radios et les plates-formes actuel de réseaux sociaux.

 

Le dictionnaire de castillan définit le piège comme : « parole ou action qui cache une mauvaise intention. » De notre point de vue, cette « mauvaise intention » est d'affaiblir les actions du Gouvernement du MAS parce que cette attitude de piège est devenue évidente depuis 2006, en cachant les actions racistes pendant l'assemblée constituante et en en arrivant à être les promoteurs et des porte-parole du coup d'Etat de 2019. Cette « mauvaise intention » dans le cadre du journalisme est de sortir les faits et les déclarations de leur contexte en cherchant à placer une idée. Ainsi, le journalisme piège est une structure de surface (Courtes 1991) qui se déplace sur le plan marécageux de la spéculation.

 

Il existe des programmes de radio de télévision qui ont ces caractéristiques et permettent, par exemple, la diffusion de pensées racistes : « Je suis heureuse d'être blanche » ou encouragent la violence : « Nous avertissons  la population que nous radicalisons  nos mesures » et provoquent une angoisse permanente parmi les habitants de villes comme La Paz ou Santa Cruz en Bolivie. Le journalisme piège fait appel au sentiment pour conquérir le sens commun (Feldman 2019) et de cette façon contribuer à la domination sociale, politique économique des sociétés, un souhait de l'empire de dominer tout le monde.

 

Les esprits captifs reçoivent tous les jours leur dose de journalisme piège pour maintenir le statu quo de domination. C’est pourquoi on ne permet pas que surgissent des médias alternatifs qui, à partir d'autres acteurs et d'autres intérêts, cherchent à leur disputer cette hégémonie de la communication aux mains de conglomérat d’entreprises qui ont fait de la communication un négoce lucratif et un facteur de pouvoir essentiel.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/08/18/bolivia-periodismo-insidioso/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/08/bolivie-le-journalisme-piege.html