Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nicaragua : L'église catholique et le Nicaragua

30 Août 2022, 17:15pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

par  Becca Renk

 

Récemment, dans les médias internationaux une quantité de titres sur l'église catholique au Nicaragua a fait son apparition mais aucun des articles n'expliquer ce qui se passe réellement.

 

Antécédents : A quand cela remonte-t-il ?

 

Colonisation

 

L'église catholique est arrivée pour la première fois au Nicaragua avec les colons espagnols et, comme dans d'autres parties du monde, la hiérarchie et une grande partie du clergé ont faciliter la conquête coloniale grâce a la conversion. Au Nicaragua, la population indigène a été totalement décimée : une population de 2 000 000 d'indigènes a été réduite à seulement 8000 en 35 ans de domination espagnole. Ils ont été assassinés, ils sont morts de maladies et ont été enlevés et vendus comme esclaves. Avec les notables exceptions de certains prêtres l comme Antonio Valdivieso, l'église non seulement a été complice mais a participé activement aux horreur de la colonisation.

 

Insurrection

 

Après l'indépendance, la hiérarchie ecclésiastique et l'élite riche du Nicaragua ont dirigé le pays conjointement. Pendant des générations, chaque famille puissante a eu un fils qui est devenu prêtre. Au XXe siècle, la hiérarchie catholique a soutenu la sanglante dictature de Somoza pendant les presque 45 ans où elle a été au gouvernement et seulement à la fin, certains membres de la hiérarchie ont soutenu la libération du peuple.

 

Révolution

 

À la différence de la révolution cubaine, la révolution nicaraguayenne n'a jamais été laïque–un effet, la révolution du Nicaragua été tellement influencée par la Théologie de la Libération que dans les années 80, il y avait un dicton populaire qui disait : « entre le christianisme et la révolution, il n'y a pas de contradiction. » il y avait des prêtres au Gouvernement, plusieurs ministres, mais ce n'était pas des prêtres de la hiérarchie ecclésiastique mais des prêtres qui travaillaient  à améliorer la vie de la majorité  pauvre. La hiérarchie catholique s'est alliée aux États-Unis contre la révolution sandiniste. Le pape Jean-Paul II est venu au Nicaragua et a réprimandé les prêtres du Gouvernement. Le Vatican les a censurés ensuite.

 

Gouvernement de réconciliation et d'unité nationale

 

Quand le parti sandiniste est revenu au pouvoir en 2007, il a formé le Gouvernement de Réconciliation et d'Unité Nationale et cherché non seulement à travailler avec tes anciens ennemis de la guerre –le parti politique de la Contra s'est uni à l'alliance sandiniste et a nommé le vice-président pour cette période dans ses rangs– mais il a aussi inclut l'église, l'entreprise privée et les syndicats dans la planification et la gestion de ses programmes de gouvernement, il a donné à l'église une place à la table du Gouvernement. Mais l'entreprise privée et l'église catholique en  ont fini dans les faits avec ce modèle quand elles ont conspiré pour renverser le Gouvernement élu en 2018 et ont utilisé leur rôle dans la société pour tenter de  soulever le peuple contre le Gouvernement.

 

Tentative de coup d'état de 2018

 

En avril 2018 ont débuté les protestation qui, apparemment, était contre les réformes proposées dans le système de sécurité sociale. Mais rapidement, il est devenu évident que c'est protestation avez un autre but : une tentative de renversement du Gouvernement nicaraguayen. Les groupes armés de l'opposition ont installé des centaines de barrages de rues  qui ont paralysé le pays et sont devenus des épicentres de la violence. Les barrages de rue en duré presque trois mois, quelques 253 personnes sont mortes et beaucoup plus ont été blessées. Les enquêtes ont prouvé que le Gouvernement étasunien finançait la violence grâce à l’USAID, la NED  et l’IRI, qui sont tous des « bras doux » de la CIA.

 

Bien que les États-Unis aient financé la tentative de renversement du Gouvernement sandiniste démocratiquement élu au Nicaragua, la hiérarchie de l'église catholique au Nicaragua était aussi derrière. Vous pouvez lire des récits de première main de prêtres fomentant la violence même dans nos propres quartiers de Ciudad Sandino alors que la conférence épiscopale était soi-disant « médiatrice » dans un dialogue national, ses propres prêtres appelaient à la violence. Dans ces « barrages de rues de la mort » comme on les a appelés, les sandinistes ont été persécutés – identifiés, frappés,  violés,  torturés et assassinés et les prêtres observaient et souvent participaient à la violence.

 

Bien que des centaines de personnes aient été arrêtées et condamnées pour des délits liés à la violence en 2018, l'opposition a exigé la libération de ce qu'elle a appelé « les prisonniers politiques. » Pour obtenir la paix et la réconciliation, le Gouvernement nicaraguayen a décrété une amnistie générale et libéré tous ceux qui avait été accusés de tentative de coup d'Etat, y compris des assassins notoires, à condition qu'il ne recommencent pas.

 

Conséquences

 

La participation de la hiérarchie dans la tentative ratée de coup d'Etat de 2018 a eu des conséquences pour l'église catholique : le Gouvernement nicaraguayen a réduit de moitié son soutien économique aux cathédrales, aux églises et à la maintenance des installations de la Conférence Episcopale. Mais l'église a aussi perdu ses gens : j'ai parlé avec beaucoup de catholiques qui ne vont plus à la messe parce que leurs prêtres continuent à encourager la violence à chercher à atteindre des buts politiques depuis leur chaire.  Ces personnes n'ont pas perdu leur foi –elles continuent à prier chez elles, à participer à des célébrations religieuses hors de l’église - mais elles ne vont plus à la messe. Ce sentiment  est général : les derniers sondages montrent que seulement 37 % de Nicaraguayens s'identifient aujourd'hui comme catholiques pour à 55 % il y a quelques années.

 

Événements récents

 

Que se passe-t-il maintenant pour avoir provoqué une telle bulle dans les médias internationaux ? La première semaine d’août, les autorités nicaraguayennes ont démantelé le réseau de médias (cinq stations de radio et une chaîne de télévision locale) propriété de Rolando Álvarez. Alvarez est évêque d’Esteli et de Matagalpa mais c'est aussi un acteur politique, l’un des dirigeants impliqués dans la violente tentative de coup d'Etat de 2018. Il s'est proposé de créer un climat d'affrontements pour déstabiliser le Gouvernement du Nicaragua en vue des élections municipales de novembre.

 

Les médias privés d’Alvarez ont été fermés parce qu'ils étaient utilisés pour blanchir de l'argent utilisé pour payer des matons pour inciter à la violence dans les rues dans le cadre des tentatives de déstabilisation d’Alvarez. Après la fermeture de ses médias, Alvarez a été assigné à domicile pendant qu'on enquêtait sur une série de délits. Mais, même après son arrestation, Alvarez a continué à fomenter la violence qui menacé la sécurité de la population de Matagalpa. Pour la sécurité du peuple, la semaine dernière, il a été assigné à domicile à Managua  où il restera pendant la durée de l'enquête. Il reçoit des visites des membres de sa famille et du cardinal avec qui il a longuement parlé. Un communiqué du cardinal nicaraguayen Leopoldo Brenes et de la Conférence Episcopale du Nicaragua àa précisé que les actes commis par Alvarez l'ont été à titre personnel et n'ont rien à voir avec le reste des évêques du pays.

 

Autres prêtres arrêtés

 

Alvarez n'est pas le seul prêtre qui a été arrêté au Nicaragua pendant ces derniers mois : les autorités nicaraguayennes ont arrêté, jugé et condamné un prêtre qui a violé une enfant de 12 ans  et un autre qui a frappé sa compagne (l'opinion publique nicaraguayenne n'est pas surprise par le fait que le prêtre ait une compagne mais indignée parce qu'il la frappait). Curieusement, nous n'avons pas vu les médias internationaux utiliser les affaires des prêtres violeurs et frappeurs du Nicaragua pour prétendre qu'il y a une persécutions religieuse comme ils le font avec Alvarez mais ces trois affaires sont des affaires dans lesquelles les autorités nicaraguayennes ont rendu les prêtres catholiques responsables de leurs actions individuelles comme elles l’auraient fait avec toute autre personne.

 

Y a-t-il une persécutions religieuses au Nicaragua ?

 

La persécution religieuse se définit comme les attaques de la société ou des institutions contre des personnes uniquement pour leurs croyances religieuses. Ce que nous avons vu dans les derniers événements du Nicaragua, c'est une enquête et l'arrestation de personnes qui ont enfreint la loi indépendamment de leurs croyances religieuses. Ce n'est pas de la persécution religieuse.

 

Non seulement il n'y a pas de persécution religieuse au Nicaragua mais ils y règne une ambiance d'expression religieuse florissante. Pour le prouver, il suffit d'ouvrir une fenêtre au Nicaragua en ce moment : le mois d’août est l'époque des fête patronales dans le pays. Alors que les médias internationaux publient des histoires de persécution religieuse, des dizaines de villes et de villages nicaraguayens se consacrent à célébrer leurs saints catholiques lors de fêtes soutenues économiquement et logistiquement par les gouvernements municipaux. Notre propre village célébrera ce week-end la vierge de Nancite et à Ciudad Sandino, nous avons célébré le petit Saint Domingo, le week-end dernier. Mets la plus grande célébration du toutes la été celle lors de laquelle des dizaines de milliers de personnes ont marché et dansé librement dans les rues de Managua pendant deux jours de fête consacrées à Saint Domingo. Au Nicaragua, la hiérarchie de l'église reste dans ses murs mais l'église du peupie est dans la rue et célèbre joyeusement sa foi.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.telesurtv.net/opinion/La-Iglesia-Catolica-y-Nicaragua-20220827-0014.html

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/08/nicaragua-l-eglise-catholique-et-le-nicaragua.html