Venezuela : Enorme détournement de fonds de PDVSA par l'ancien ministre du pétrole
Le vice-président pour le secteur de l'économie et ministre du pétrole, Tarek El Aissami, a présenté mardi au ministère public des preuve d'une énorme fraude présumée commise par l’ancien ministre de l'énergie et du pétrole Rafael Ramirez contre Petróleos de Venezuela (PDVSA) et a demandé au procureur général de la république, Tarek William Saab une enquête et un mandat d’arrêt international.
Lors d'une conférence de presse donnée au siège du ministère public, à Caracas, il a fait savoir que les preuves ont été consignées devant le procureur général et qu’elles ont dévoilé le réseau de corruption « le plus grave qu’ait connu notre industrie pétrolière. »
Nous sommes allés au bureau du procureur pour dénoncer et consigner toutes les preuves, les informations qui dévoilent l’un des réseaux de corruption les plus graves que nous ayons connus dans l'industrie pétrolière. C'est une énorme fraude, un énorme vol orchestré directement par Rafael Ramirez, l'ancien ministre de l'énergie et du pétrole, » a-t-il déclaré.
Ce réseau de corruption a débuté en février 2012, a précisé El Aissami et il a expliqué qu'à cette époque-là, le ministre Ramirez avait approuvé en à peine une semaine un plan de financement pour 17 000 000 000 de bolívars forts présenté par le citoyen Juan Andres Wallis Brandt, président de l’entreprise Administradora Atlantic 17.107, C. A.
Les ressources du financement ne sont jamais entrées dans les comptes de la compagnie pétrolière d'État.
À partir de là se serait créé un réseau de détournement de millions de dollars contre la compagnie pétrolière d’État. El Aissami, a montré comme preuve la lettre envoyée et signée par Wallis Brandt à Ramirez en date du 29 février 2012 dans laquelle il présente un plan de financement de capital de travail pour PDVSA pour un montant en bolivars forts de 17 490 000 000 sur un délai de 24 mois avec une série de conditions.
Il a indiqué que six jours après avoir reçu cette lettre, c'est-à-dire le 6 mars, Ramirez a convoqué une assemblée extraordinaire d'actionnaires au cours de laquelle il a signé le contrat de prêt sous le mécanisme de ligne de crédit avec l’entreprise Administradora Atlantic 17.107, C. A. El Aissami a montré le document qui prouve que la réunion a bien eu lieu et qu’au cours de celle-ci, le ministre de l'époque a signé l'approbation du crédit. Ce texte a été introduit comme preuve dans l'enquête devant le procureur.
Il a ajouté : « il n'existe aucun enregistrement de l'entrée de ces bolivars sur les comptes de PDVSA. »
Et il a expliqué que le 15 mars 2012, la Administradora Atlantic 17.107, C. A. « a cédé ce financement à 2 fonds à l'étranger mais les à cédés en devises, c'est-à-dire, qu’un soi-disant financement qui n'a pas existé en bolivars, ils l'ont vendu à 2 fonds : l’un du nom de Violet et l'autre du nom de Huelca, l’un a son siège au Panama et l'autre à Saint-Vincent et les Grenadines. »
Il a noté que ces deux fonds ont comme mandataires deux frères vénézuéliens : Luis Oberto Anselmi et Ignacio Oberto Anselmi. «Eux, le 15 mars, se sont emparés du soi-disant crédit parce que le fonds Atlantic leur a cédé le crédit. » Et il a indiqué que tout cela « a été conçu et exécuté dans l'esprit pervers et corrompu de Rafael Ramirez. »
28 paiements pour presque 5 000 000 000 de dollars
Quelques jours plus tard, le 20 mars 2012, PDVSA a effectué le premier paiement du prêt à Violet pour 230 000 000 de dollars. Ce paiement de la ligne de crédit a été signé par les fonctionnaires de la compagnie pétrolière Victor Aular et Abraham Ortega.
El Aissami a aussi dénoncé le fait qu’en un an, PDVSA a effectué 28 paiements pour un montant total de 4 850 000 000 de dollars. Il a ajouté qu’ils ont remis au procureur général Tarek William Saab des copies certifiées des 28 transferts « et toutes les informations correspondant à chaque compte de ces deux fonds Violet et Huelca. »
« Seulement pendant le même mois que le soi-disant financement de ce fonds appelé Atlantic pour 17 000 000 000 de bolivars, pendant ce même mois, PDVSA avait déjà payé 500 000 000 de dollars. Pendant le second mois, 800 000 000 de dollars. En mai, PDVSA avait déjà payé 2 500 000 000 de dollars. Pendant toute l'année 2012 et le premier trimestre de 2013, elle a payé un total de 4 850 000 000 de dollars volés au patrimoine de notre compagnie pétrolière d'Etat. »
Mandats d’arrêt
Après avoir dénoncé « l'énorme vol » commis sous la gestion de Rafael Ramirez, El Aissami a annoncé qu'il demanderait au ministère public « l’ouverture d'une enquête exhaustive, profonde, à partir de tous ces éléments de conviction, de toutes ces preuves et, par conséquent, nous avons demandé au docteur Tarek William Saab de faire les démarches correspondant à un mandat d'arrêt international contre Rafael Ramirez, le principal acteur intellectuel et matériel de cette opération d'énorme vol de l’industrie pétrolière vénézuélienne. »
En 2018, le ministère public avait émis un mandat d'arrêt contre l'ancien fonctionnaire qui, semble-t-il, réside en Italie. En juillet 2020, le tribunal suprême de justice (TSJ) a déclaré recevable la demande d'extradition de ce pays européen pour que Ramirez soit traduit devant la justice vénézuélienne pour détournement de fonds dolosif.
Autres personnes impliquées
Dans ce réseau de corruption contre PDVSA est aussi impliqué Leopoldo Betancourt Lopez, cousin germain du fugitif Leopoldo López. Cet individu aurait pris une partie de « l'argent volé dans cette opération frauduleuse, dirigée par Rafael Ramirez. »
« Les deux responsables sont Rafael Ramirez qui a tramé, orchestré et planifié ce vol et Leopoldo Alejandro López Betancour qui a pris une partie de l'argent volé ensuite ils se le sont réparti entre eux. »
El Aissami a fait savoir qu'ils ont demandé une enquête et toutes les mesures correspondantes comme la rétention administrative de propriétés et de biens contre les citoyens Juan Andrés Wallis Brandt, de l’Administradora Atlantic; Víctor Aular Blanco, qui a été fonctionnaire de PDVSA; Luis Alfonzo Oberto Anselmi et Ignacio Oberto Anselmi, responsables des fonds à l'étranger; Nervis Villalobo, l’ancien vice-ministre, qui a fini conseiller de l’Administradora Atlantic, et était un des acolytes de Rafael Ramírez».
Le procureur général Tarek William Saab a fait savoir sur son compte Twitter que le ministère public a ouvert l'enquête contre Rafael Ramirez pour ce réseau de corruption après avoir reçu les preuves qui l'impliquent soi-disant dans ce réseau.
« Après avoir reçu des mains du président de PDVSA, Tareck El Aissami, la plainte concernant un nouveau réseau de corruption pétrolière qui lie un groupe d'individus dirigés par l'ancien ministre Ramirez, nous avons ouvert l'enquête et fait les démarches correspondantes, » a écrit le procureur général.
Peu après, il a également fait savoir que Victor Aular, l'ancien vice-ministre des finances du ministère de l'énergie et du pétrole de l'époque avait été arrêté pour le détournement de presque 5 000 000 000 de dollars de PDVSA perpétré soi-disant par Rafael Ramirez.
« A été arrêté Victor Aular qui a occupé la charge de vice-ministre des finances sous la gestion délictueuse de Rafael Ramirez. Cet individu a signé le contrat de prêt avec l’Administradora Atlantic, ils sont responsables d’un détournement de près de 5 000 000 000 de $, » a précisé le procureur.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
Source en espagnol :
https://albaciudad.org/2022/08/tareck-el-aissami-rafael-ramirez-corrupcion/
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