Bolivie: À quoi est dû le conflit
Des représentants du Gouvernement de Luis Arce se sont réunis avec des membres du Comité Civique Pro Santa Cruz d’opposition à quelques heures d'une grève illimitée.
La décision du Gouvernement de Bolivie de retarder la date du recensement national a élevé à des niveaux inattendus un conflit avec des secteurs d'opposition de droite qui préparent pour samedi de nombreuses protestations et une grève qui pourrait paralyséer une bonne partie du pays.
Le Comité Civique du département de Santa Cruz, un bastion de l'opposition qui a encouragé les actions qui ont abouti à un coup d'Etat contre Evo Morales en 2019 a été le premier à réclamer que la grande enquête se fasse en 2023 et non en 2024 comme le Gouvernement du président Luis Arce prétend le faire.
Initialement, le recensement national de la population et du logement était prévu pour novembre de cette année mais le Gouvernement d’Arce a décidé de le retarder à cause de l'urgence sanitaire. L'argument de ceux qui s’y opposent est que, de cette façon, le pacte fiscal et la réassignation des ressources pour les régions qui sont définies par le nombre d'habitants seraient également retardés. Les données qui seraient utilisées seraient celles du recensement de 2012 et le nombre d'habitants a augmenté. De plus, la loi établi que le recensement doit se réaliser tous les 10 ans.
Le gouverneur de Santa Cruz, Luis Fernando Camacho, a appelé à une grève illimitée à partir de ce 22 octobre qui inclut des mobilisations et des blocages de rues. Le Gouvernement et le Mouvement Vers le Socialisme (MAS) ont mis au point un « plan de déblocage » qui sera activé ce samedi.
Dans cette situation tendue, Camacho a averti qu'il rendrait le Gouvernement responsable des violences qui pourraient survenir lors de cette « protestation pacifique. »
D'autres régions pourraient s'y joindre
Le conflit s'est étendu à d'autres zones de ce qu’on appelle la « demi-lune » de Bolivie, la zone la plus riche et la moins peuplée du pays en indigènes qui, en 2008, a tenté de mener à bien un processus séparatiste, seulement deux ans après l'arrivée de Morales au pouvoir.
Le Comité Civique du département de Beni a appelé à cesser les activités pendant 24 heures, lundi 24 octobre. À Pando, il y aura une assemblée vendredi soir qui pourrait prendre la même position. Et l'institution « civique » de Tarija a convoqué un conseil municipal pour décider des actions qu’elle réalisera pour que le recensement ait lieu en 2023. Dans les départements de Cochabamba et de La Paz aussi, on discute de mesures de pression.
Les groupes « civiques » sont des institutions qui tout au long de ces dernières années ont su construire un pouvoir dans plusieurs régions de Bolivie, en particulier à Santa Cruz mais aussi à Potosi, Pando, Béni, Tarija et Chuquisaca.
Ces groupes d'opposition avaient donné au Gouvernement jusqu'au 21 octobre pour qu'il abroge le décret suprême 4760 qui fixe le recensement de la population en 2024. De plus, ils exigent que les résultats soient connus dans les 120 jours.
Jusqu'à présent, il y a eu des intentions de dialogue exprimées par les deux parties du conflit mais on n’est arrivé à aucun accord. Vendredi soir il y a eu une table de négociation à laquelle ont participé des autorités de l'Université Autonome Gabriel René Moreno (UAGRM), des représentants du Comité Civique Pro Santa Cruz et deux ministres du Gouvernement. Selon « Le devoir », Camacho n'a pas participé à de cette réunion.
Lors de cette réunion, le Gouvernement a proposé de raccourcir le délai et de réaliser le recensement en avril 2024 et la redistribution des ressources en octobre de cette année.
Le parti au pouvoir s’unit pour défendre le Gouvernement
Dans les jours précédant la grève, le Gouvernement a eu le soutien des centrales ouvrières, y compris celle de Santa Cruz, et d'autres territoires dans lesquels les institutions « civiques » ont appelé à protester.
Les organisations sociales et le Pacte d'Unité, une alliance nationale qui représente des paysans et des indigènes de tout le pays ont signé avec le MAS un engagement à freiner « les tentatives de déstabilisation qui portent atteinte à la démocratie, à l'économie et à la paix sociale. »
Ces organisations et d'autres liées au parti au Gouvernement, des syndicats, des étudiants et des commerçants ont célébré un « grand conseil municipal du peuple » à Santa Cruz ce 21 octobre au soir en présence du ministre des travaux publics, Edgar Montaño.
Dis dernier, deux ans après la victoire de Arce aux élections après le coup d'Etat contre Morales, le président a appelé à vaincre les « aventures putschistes » de la « vieille droite. »
Le Gouvernement demande au Comité Pour le Recensement de Santa Cruz qu’il démontre avec des arguments techniques comment réaliser ce recensement en 2023 sans mettre en danger la qualité des données.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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