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Pensée critique : Contre le Venezuela, le récit du royaume de Narnia

13 Octobre 2022, 16:38pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par  Geraldina Colotti

 

Dans le royaume de Narnia, les rats gouvernent et les humains s’entretuent pour des croûtes de fromage. Avec tout le respect que je dois aux rats à cause de leur remarquable organisation sociale, c’est l’aune de mesure pour comprendre la farce de Guaidó et de ses complices contre le peuple vénézuélien. Une réalité virtuelle qui, en n’ayant pas besoin de preuve concrète, peut se prolonger indéfiniment avec la complicité de ceux qui, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, continuent d'en profiter.

 

Adopter la perspective de Narnia implique un récit qui la soutienne et qui nous amène à regarder le monde à partir du fond du vase, à le voir toujours plein ou au moins à moitié plein. C'est ainsi qu’apparaît la lecture de la 52e assemblée de l’OEA qui a eu lieu à Lima,  Pérou, le 4 octobre dernier, diffusée par la presse hégémonique. Une réunion à laquelle ont assisté la plupart des chanceliers des pays de la région qui ont souhaité la bienvenue au secrétaire d'État nord-américain Anthony Blinken de retour d'un voyage en Colombie et au Chili.

 

On a parlé de « démocratie et de crises mondiales », par conséquent, plus que de toute autre chose de la crise provoquée par le conflit en Ukraine, de ses répercussions sur le continent mais aussi de la crise environnementale et régionale : « Le Nicaragua, Haïti, le Venezuela, Cuba et les migrations. » Pour le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, l'obsession continue d'être la même : attaquer les Gouvernements socialistes et progressistes de la région : Cuba, le Venezuela, le Nicaragua, bien qu'il ait décidé d'abandonner « le ministère des colonies » comme l'appelait Fidel Castro à l'époque où Cuba était à l’OEA.

 

Une manifestation de plus a eu lieu, comme nous le savons, lors du coup d'Etat en Bolivie contre Evo Morales en 2019 au cours de laquelle Almagro, toujours prêt à brandir la « Charte Démocratique » dans une seule direction est apparu à nouveau en première ligne, aplanissant le terrain pour la présidente « autoproclamée » Janine Añes. L'échec de la farce des auto-proclamations est à présent ouvertement admis même par la presse des États-Unis : « Que cela plaise ou non aux États-Unis, Maduro est le président du Venezuela, » a écrit récemment le New York Times.

 

Pour les faucons de Washington, ce schéma meurt difficilement mais on a vu dans le récit médiatique après le vote de la proposition destinée à chasser le représentant de Guaidó,   Gustavo Tarre Briceño, réapparaître un vieil outil de la IVe République. Sur les 34 Etats Membres, 19 ont voté pour (le Panama, le Pérou, San Cristobal et Nieves, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, le Surinam, Trinité et Tobago, Antigua-et-Barbuda, l'Argentine, les Bahamas, la Barbade, Belize, la Bolivie, le Chili, la Colombie, la Dominique, la Grenade, le Honduras et le Mexique), 4 ont voté contre (le Paraguay, les États-Unis, le Canada et le Guatemala), 9 se sont abstenus  (la Jamaïque, la République Dominicaine, l'Uruguay, le Brésil, le Costa Rica, l'Équateur, le Salvador, le Guyana et Haïti) et 2 délégations étaient absentes.

 

La proposition, par conséquent, n'est pas passée mais seulement en tirant le vote par les cheveux, les médias hégémoniques ont réussi à présenter son résultat comme une victoire à célébrer. En réalité, même ce vote, à l'intérieur de cet organisme international décrépit, photographie la crise hégémonique du modèle Almagro et la nouvelle vague progressiste qui a atteint l'Amérique latine et qui, si Lula gagne le 30 octobre au Brésil, fera que 6 des principales économies du continent (le Brésil, le Mexique, l'Argentine, le Chili, la Colombie et le Pérou) seront dirigées par des Gouvernements de gauche.

 

Une situation dont Blinken est très conscient étant donné qu'en juin, au IXe sommet des Amériques à Los Angeles, il a du recueillir les protestation demandant la démission d’Almagro ainsi que la peine exprimée par différents présidents (du Mexique, de l'Argentine, du Chili, de la Bolivie), parce que Cuba, le Venezuela et le Nicaragua n'avaient pas été invités.

 

Maintenant, les déclarations finales ont approuvé « par acclamation » une résolution sur la « profonde préoccupation » pour la permanente « détérioration des droits de l'homme au Nicaragua » qui demande « au Nicaragua de garantir l'accès total et sans piège à son territoire des organismes internationaux des droits de l'homme dans un esprit de transparence et de responsabilité. » Mais le climat a changé même pour Almagro, soumis à une enquête de l’OEA pour une éventuelle « violation du code d’éthique » due à sa relation intime avec une fonctionnaire d'origine mexicaine.

 

Bien que dans un autre contexte, avec la même procédure et la même motivation, l'homme de Trump, le Cubain («gusano») Mauricio Claver-Carone, a été destitué de la présidence de la banque Inter américaine de développement (BID). En 2020, sa nomination avait provoqué une rupture historique dans l'organisme traditionnellement dirigé par un Latino-américain qui a amené à la présidence, pour la première fois depuis sa création en 1959,  un Étasunien bien que d'origine cubaine. Maintenant la candidature qui a le plus de chances de succès est celle de l’Argentine.

 

Pour soutenir le royaume de Narnia, il existe un puissant réseau de groupes de pression basé sur le commerce lucratif des « droits de l'homme » utilisé comme arme par les agences nord-américaines. Un fleuve d'argent que le Gouvernement étasunien débourse chaque année dans ce but avec le soutien de ses vassaux européens et qui sert à piloter « des urgences », à remettre de nombreux prix et à orienter les médias et les décisions des organes correspondants.

 

Ainsi, à la tête du chœur pour la non réélection du Venezuela au Conseil des Droits de l'Homme se trouvait Louis Charbonneau, directeur de l'O.N.G. Human Rights Watch, (qui a son siège à New York), pour les Nations unies. Le schéma est toujours le même: elle se charge d'un rapport préétabli, élaboré par de soi-disant experts indépendants avec la complicité des médias qui, par contre, taisent d'autres rapports véritablement indépendants mais de tendance opposée ; on le présente à grand son de trompe quelques jours avant le vote dans les organismes et ensuite on laisse de l'espace pour l'action des lobbys qui doit orienter le résultat.

 

Dans ce cas, après un vote secret, la candidature du Venezuela n'a pas été acceptée mais celle du Chili (avec son cortège de manifestants rendus aveugles et d’indigènes emprisonnés, et du Costa Rica qui n'a certainement aucun problème à réprimer les luttes de masse mais s'est illustré dans une attaque contre le Nicaragua sur le problème des O.N.G., oui.  La droite s'est immédiatement déclarée satisfaite du fait que la Chine et la Russie aient perdu un appui important. « Élire le Venezuela, a dit Charbonneau, aurait signifié donner une gifle aux millions de Vénézuéliens qui souffrent de violations des Droits de l'Homme et aux  millions qui se sont vus obligés de fuir cet Etat en faillite. »

 

Une gifle, surtout, au portefeuille des partisans du royaume de Narnia et au commerce lucratif des « migrants vénézuéliens » qui se dégonfle avec l'arrivée de Pétro à la présidence de la Colombie.

 

Traduction à Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/10/12/pensamiento-critico-contra-venezuela-la-narrativa-del-reino-de-narnia/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/10/pensee-critique-contre-le-venezuela-le-recit-du-royaume-de-narnia.html