Venezuela : Les États-Unis fourrent leur nez dans le différend concernant l’Esequibo
Par Marcos Salgado
« Le soleil du Venezuela naît sur l’Esequibo » répètent dans tous leurs saluts officiels les militaires de la Force Armée Nationale Bolivarienne. Ce n'est pas un hasard ni une métaphore. L’Esequibo est un large territoire de plus de 160 000 km² que le Venezuela réclame la République Coopérative du Guyana.
Ce sont des zones riches en minerais et en pétrole en haute mer où opèrent avec des autorisations du Guyana des entreprises étasuniennes. En 2015, Exxon a foré avec succès un premier puits dans le bloc Stabroek et, il y a quelques temps, a rapporté une production supérieure à 340 000 barils par jour.
Le problème est que cette exploitation est réalisée dans la zone de projection en haute mer du territoire réclamé par le Venezuela. Au total, on estime que devant les côtes de la zone en litige, il peut y avoir des réserves pour quelques 10 000 000 000 de barils. Cette production offshore peut dépasser celle des États-Unis, du Mexique et de la Norvège.
Le cabinet de conseil Rystad Energy, cité par le journal l'Observateur affirme que le Gouvernement du Guyana recueillera cette année quelques 1000 000 000 de dollars en primes pétrolières. Une somme énorme pour une économie que a un PIB de 7 400 000 000. Le Guyana est l’un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud. Sur 10 habitants, 4 vivent avec moins de 5 dollars par jour.
Alors que presque tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes traversent une récession économique marquée après la pandémie, le Guyana en est à sa troisième année de croissance à 2 doigts. Selon la Commission Economique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) le PIB du pays augmentera cette année de 46 %.
Les perspectives de développement du Guyana ont fait que de nouveaux regards se posent déjà sur l'ancienne colonie britannique. Après avoir rétabli le transport de marchandises sur la frontière avec le Venezuela, le président Gustavo Pétro a imaginé une route qui relierait le Guyana et la Colombie en traversant, évidemment, plus de 1500 km de territoire vénézuélien.
Armando Benedetti, le nouvel ambassadeur de Colombie à Caracas, est chargé de créer une ambassade au Guyana.
Mais évidemment, au milieu, politiquement et géographiquement, il y a le litige éternel entre le Guyana et le Venezuela pour l’Esequibo que, bien que certains cherchent à le dissimuler, le Gouvernement de Caracas se charge de rendre visible.
L’Etat vénézuélien dit que c'est l'accord de Genève de 1966 qui est en vigueur pour régler le différend avec Georgetown alors que le Guyana cherche à appliquer la sentence arbitrale de Paris de 1899 qui reconnaissait que le territoire appartenait à la couronne britannique et dépouillait ainsi le Venezuela.
Les États-Unis
C’est dans ce contexte d'expansion de l'activité pétrolière au Guyana, qu’on doit comprendre les dernières déclarations de fonctionnaires étasuniens contre lesquelles Caracas a rapidement protesté.
Le sous-secrétaire du département d'état des États-Unis pour l'hémisphère occidental, Brian A. Nichols, a dit le 4 octobre sur Twitter que la sentence arbitrale de 1899 est le traité qui définit les frontières entre le Venezuela et le Guyana et que celui-ci doit être respecté « jusqu'à ce qu'un organe légal compétent dise le contraire. »
La vice-présidente vénézuélienne a répondu que « l'accord de Genève est le seul instrument juridique en vigueur et a été déposé dûment à l’ONU pour résoudre par des négociations la controverse territoriale sur l’Esequibo guyanais. C'est l'accord de Genève et non la sentence arbitrale qui règle cette controverse, » a écrit la vice-présidente sur le réseau social.
Ces tentatives qui promettent d'augmenter et de s'étendre maintenant avec de nouveaux acteurs se produisent juste au moment où le Venezuela se prépare à présenter par écrit ses considérations préliminaires devant la Cour Internationale de Justice, une instance devant laquelle le Guyana cherche à valider la sentence arbitrale de 1899.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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