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Mexique: Ce serait risible si ce n'était pas dangereux

21 Novembre 2022, 18:35pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Editorial de La Jornada

 

 

 

Le conclave de l'extrême droite qui a eu lieu vendredi et samedi à l'hôtel Westin Santa Fe de Mexico a offert  un défilé de figures grotesques qui seraient simplement risibles sans le rôle que certaines d'entre elles ont eu dans des périodes sombres de l'histoire récente et à cause de leur volonté affirmée d'imposer leur ordre du jour de haine dans tous les coins du monde.

 

Avec à sa tête l’ancien acteur aujourd'hui activiste du conservatisme dur Eduardo Verástegui, la conférence politique d'action conservatrice (CPAC) a eu comme cérémonie de clôture et acte exceptionnel un bref télé-message de l'ancien président Donald Trump. Elle a eu aussi parmi ses orateurs (beaucoup de façon virtuelle) l'ancien conseiller du magnat et gourou de la post-vérité Steve Bannon, la sénatrice colombienne Maria Fernanda Cabal, le sénateur républicain Ted Cruz, le député brésilien Edouardo Bolsonaro, son homologue argentin Javier  Milei,  le président guatémaltèque Alejandro Giammattei,  Mercedad Schlapp, une stratège politique copropriétaire de la marque CPAC, l'ancien président polonais Lech Walesa et le dirigeant du parti néo-fasciste espagnol Vox, Santiago  Santiago Abascal.

 

Ceux qui ont pris le micro ont frôlé le ridicule dans leur désir de se présenter comme « abandonnés » et persécutés, comme victimes d'une puissante conspiration socialiste et féministe qui s'est rendue maître de la planète et menace de détruire les ciments  même de la société. Herrman Tertsch, député européen pour Vox a appelé à construire « un programme de rétablissement de la civilisation occidentale, » Verástegui a affirmé que « la véritable droite est orpheline, » Giammattei a reproché aux organismes multinationaux de condamner son pays parce qu’il place les croyances religieuses au-dessus du droit des femmes à décider de leur corps. Deux jours à entendre l'Inquisition se déchirer les vêtements à cause de l'intolérance de ses adversaires.

 

Les contradictions ont abondé. Cruz, l'un des plus furibonds anti migrants qui soutiennent l'idée de Trump de bâtir un mur sur les 3000 km de frontière entre nos pays a exalté  les États-Unis comme la terre sur laquelle « des centaines et des milliers de personnes viennent réaliser leurs rêves. » Verástegui, qui a prononcé ses discours en espagnol et en anglais, a parmi ses drapeaux le combat contre la traite de mineurs pour l'exploitation sexuelle et le trafic d'organes, un sujet sur lequel il s'est opposé à son allié Javier Milei, candidat à la présidence de l'Argentine qui défend la vente d'organes dans le cadre de la « liberté économique. »

 

Pour comprendre ces individus, il faut se souvenir qu'il réunissent le néolibéralisme économique le plus radical et un conservatisme moral et économique dur qui provoque chez l'auditeur moyen l'impression d'avoir été transporté des siècles en arrière. Pour les Mexicains, l'une des idées essentielles est la nécessité d'un parti qui défende ouvertement et fermement l'ordre du jour catholique au Mexique, un rôle que, disent-ils, le parti Action Nationale a cessé de remplir au point que dans l'une des tables on s'est demandé : « y'a-t-il une droite dans la politique mexicaine ? » C'est pourquoi, le slogan qu’on a le plus entendu a été « Dieu, patrie, famille » et la rencontre s'est clôturée au cri de « vive le Christ Roi ! »

 

Un des aspects les plus marquants de la conférence est son absence de succès peut-être due au fait que les figures visibles de la droite mexicaine ne souhaitent pas se mêler à un groupe marginal au moment où elles espèrent obtenir la plus importante quantité de forces en vue des prochaines élections. Mais le danger que la haine, la glorification du fascisme et le fondamentalisme religieux s'installent normalement dans le débat public dans notre nation comme c'est déjà le cas dans une bonne partie de l'Amérique et de l'Europe ne peut pas être sous-estimé.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/11/20/mexico-viva-cristo-rey-ultraderecha-entre-lo-risible-y-lo-peligroso/

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