Pérou : Pedro Castillo se plaint à l’OEA que la démocratie est en danger
Par Carlos Noriega
Le président a rencontré la délégation de l’Organisation des Etats Américains. Le Gouvernement a dénoncé un coup d'Etat parlementaire en marche organisé par la droite. Pour cette raison, il a demandé l'intervention de l'organisme en application de la Charte Démocratique Inter-américaine.
La grave crise politique au Pérou est arrivée à l'Organisation des Etats Américains (OEA). Le président Pedro Castillo a dénoncé lundi devant une mission de l’OEA qui se trouve dans le pays, une menace de l'opposition de droite envers la démocratie.
La délégation de l’OEA s’est réunie lundi au palais du Gouvernement avec Castillo, la vice-présidente Dina Boluarte et les ministres pour entendre leur position sur la crise politique qui fait s’affronter le Gouvernement et le Congrès. Le Gouvernement a dénoncé un coup d'Etat parlementaire en marche. Pour cette raison, il a demandé l'intervention de l’OEA en application de la Charte Démocratique Inter-américaine. L'opposition parlementaire cherche à destituer Castillo pour de soi-disant faits de corruption qui sont l'objet d'une enquête.
La mission
La mission de l'OEA à Lima a débuté par cette réunion avec Castillo. L'organisme américain a aussi rencontré la direction du Congrès contrôlé par l'opposition de droite et les autorités judiciaires. Le groupe de haut niveau de l'OEA qui se trouve au Pérou est dirigé par l'ancien chancelier du Paraguay Eladio Loizaga. Le chancelier argentin, Santiago Cafiero faisait partie de ce groupe mais c'est le ministre des relations extérieures Pablo Tettamanti qui est venu à sa place. Les autres membres de la mission de l’OEA sont les chanceliers de l'Équateur, du Guatemala, du Paraguay et de Belize et les vice-chanceliers de la Colombie et du Costa Rica.
Dans les rues de Lima, il y a eu des mobilisations pour et contre le Gouvernement mais en aucun des cas, il n'y a eu une influence importante. Ni le Gouvernement ni l'opposition n’ont montré jusqu'à présent de capacité à convoquer un soutien important en sa faveur. Selon un récent sondage, Castillo a un soutien de 28 % et un rejet de 62 % et la désapprobations du Congrès qui veut le destitué est majoritaire : elle arrive à 81 % avec seulement 13 % d’approbation.
« J'ai reçu le groupe de haut niveau de l’OEA pour qu'il sache ce qui se passe au Pérou et comment certains secteurs veulent mettre en danger la démocratie et la stabilité du pays avec des mensonges pour frapper un Gouvernement qui vise à travailler pour le progrès et l'égalité de tous, » a écrit Castillo sur Twitter.
L'instituteur de campagne syndicaliste Pedro Castillo qui, en 2021, a gagné les élections avec le soutien de la gauche en vainquant la droite représentée par Keiko Fujimori, a dénoncé « un coup d'Etat parlementaire en marche » organisé par l'opposition de droite qui bouge au rythme que lui imposent les groupes d'extrême droite dont le principal est celui du fujimorisme.
Le Congrès a accepté de débattre d'une accusation de la procureur contre Castillo pour corruption. On l'accuse d'avoir dirigé une soi-disant organisation criminelle pour profiter d'adjudications publiques. Les charges sont basées essentiellement sur des témoignages d'anciens collaborateurs de Castillo jugés pour corruption. Le président nie les accusations contre lui mais les indices lui compliquent la vie. Cette accusation a été présentée par la procureur de la nation contestée Patricia Benavides, dénoncée pour avoir utilisé sa charge pour destituer le procureur qui enquêtait sur sa sœur qui est juge et est accusée d'avoir libéré des trafiquants de drogue en échange de pots-de-vin. L'enquête sur l'affaire continue. L'opposition parlementaire cherche à faire avancer la procédure destinée à destituer Castillo grâce à cette affaire bien que la Constitution ne permette pas de juger un président en fonction pour les charges que la procureur lui impute.
Étonnante accusation contre Castillo
À cette affaire s’ajoute une étonnante accusation contre Castillo au Congrès pour « trahison de la Patrie » pour une déclaration faite à un journaliste dans laquelle il s'était exprimé en faveur d’une sortie sur la mer pour la Bolivie, mais sans parler de céder la souveraineté territoriale. Bien que ce soit une accusation absurde qui n'est pas soutenable, l'opposition a réussi à la faire approuver à la sous commission des accusations constitutionnelles et l'affaire continue d’avancer.
Ces procédures ne sont pas les seules tentatives destinées à chasser l'instituteur de campagne de la présidence. L'opposition a essayé 2 fois de destituer Castillo en l'accusant de la charge ambiguë « d'incapacité morale » ces tentatives ont débouché sur une procédure sommaire mais n'ont pas atteint les deux tiers des voix nécessaires pour être approuvées. Maintenant, l’opposition fait une troisième tentative.
Castillo à indiqué devant la délégation de l’OEA que ces actions pour le chasser de la présidence représentent un coup d'Etat parlementaire en marche. En même temps que les actions destinées à destituer Castillo, l'opposition parlementaire cherche à rendre inéligible la vice-présidente Dina Boluarte pour que la présidence du pays soit assumée par le président du Congrès, le général à la retraite José Williams, qui a été accusé de violations des droits de l'homme quand il était en activité. Cela concrétiserait le coup d'Etat parlementaire de l'extrême droite.
Après avoir rencontré la mission de l’OEA, le général Williams a déclaré qu'ils avaient dit à la mission de l'organisme américain qu’ils n'avaient pas l'intention de faire un coup d'Etat parlementaire et qu’ils défendaient la démocratie. Les faits ne lui donnent pas raison. La délégation de l’OEAa rencontré aussi la procureur Benavides qui accuse Castillo de corruption et la présidente de la cour suprême Elvia Barrios. Mardi, elle rencontrera les députés des groupes d'opposition et du parti au Gouvernement et des représentants de la société civile. Ensuite, elle fera un rapport sur la situation politique tendue au Pérou.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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