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Venezuela : Où en sont les négociations avec les États-Unis ?

7 Novembre 2022, 18:41pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Les négociations discrètes entre le Gouvernement de Washington et le Gouvernement de Caracas se sont développées face à une grande attente et plusieurs points qui demandent une analyse sur les possibilités pour les deux pays attirent l’attention.

 

Sur la plate-forme Twitter, nos analystes Franco Wielma et William Serafino ont réfléchi sur ce sujet et ont enquêté sur les cartes mises sur la table selon des sources ouvertes, des déclarations publiques et des décisions qui ont été prises depuis la libération de citoyens emprisonnés dans les deux pays à la possibilité que des entreprises étasuniennes reprennent l'exploitation du brut au Venezuela.

 

Nous présentons un résumé de ces réflexions :

 

1. Échec et contexte

 

Vielma et Serafino sont d'accord sur le fait que le point de départ des négociations actuelles est la capitulation (au moins partielle) de la politique du Gouvernement Biden concernant le Venezuela : la plus forte pression a évidemment échoué.

 

La stratégie de blocus qui a été durcie depuis 2017 n'a pas réussi en 5 ans à démanteler le Gouvernement du Venezuela. Pour les analystes, « la résilience de Maduro et des institutions vénézuéliennes l’a fait échouer. »

 

De plus, la guerre de l'OTAN contre la Russie et l'Ukraine ainsi que les mesures coercitives économiques contre Moscou ont provoqué une crise énergétique impossible  à arrêter qui a obligé les Étasuniens à devoir considérer la République Bolivarienne comme un exportateur de pétrole.

 

Le Gouvernement étasunien qui vide ses réserves stratégiques de brut pour pallier les prix élevés sur le marché international ne pourra soutenir longtemps cette politique et par conséquent « est dans une situation d'urgence pour créer un accord qui permette aux Venezuela de revenir sur le marché international. »

 

2. Le « Gouvernement par intérim » va cesser d'exister

 

Dans cette analyse, on considère que la libération récente de citoyens vénézuéliens et  étasuniens qui étaient retenus dans les deux pays démontre clairement que, suite à la négociation Washington–Caracas, le « Gouvernement par intérim » de Juan Guaido « n'existe plus, est sans importance, n'est pas un acteur de la table de négociation. »

 

Par conséquent, les anti-chavistes vénézuéliens n'ont plus aucune importance. Biden négocie avec Maduro concrètement et cela implique que Washington se place dans la réalité politique, reconnaît de fait celui qui tient les rênes de notre pays.

 

Les informations données par des médias comme CNN et The Financial Times concernant un éventuel retrait de soutien et, par conséquent, un démantèlement officiel de l'intérim en janvier 2023, pourrait être le résultat d'une « filtration » vers l'opinion publique pour calibrer et donner le ton du récit sur cette décision qui a été suspendue parce que maintenant, c'est la campagne des élections de mi-mandat aux États-Unis.

 

La fin de l'intérim est justifiée par son échec évident en tant que stratégie politique mais Washington n'a pas besoin de façon urgente de réaliser cette démolition étant donné que Juan Guaidó a perdu énormément d'importance aux États-Unis et dans d'autres pays. Il le ferait à la demande du Gouvernement chaviste dans le cadre des négociations.

 

L'existence de « l'intérim » est un facteur qui fait obstacle à tous les processus de négociation sur les actifs vénézuéliens retenus à l'étranger comme cela a été prouvé par le Gouvernement de Colombie qui a rendu Monómeros Colombo-Venezolanos au Gouvernement chaviste.

 

« L'intérim » passe par un processus de « démolition contrôlée ». On doit réaliser un minimum de formalités pour que cela semble une décision des Vénézuéliens. Le Gouvernement Biden se libèrerait de la stratégie ratée héritée de l'ère Trump mais ouvrirait un front pour créer un nouveau dirigeant, que  ce soit par la voie des primaires de l’opposition ou par la fabrication d'un outsider.

 

Les analystes concluent que l'opposition vénézuélienne se bat pour avoir la préférence du Gouvernement étasunien.

 

Ils estiment qu'il y a un mouvement important d'acteurs et un changement de situation dans le jeu interne entre les opposants. Les élections primaires de l'opposition, un plan politique patronné par l'Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) est en train de fabriquer le programme des opposants directement. Leopoldo López ne serait plus le favori des États-Unis.

 

3.  Chevron et la politique de blocus

 

Nos chercheurs ont conclu que le blocus du Venezuela continuera à être le principal pied de force du Gouvernement étasunien pour faire pression sur le chavisme. Mais ils sont d'accord sur le fait que les révélations du Wall Street Journal sur l'éventuelle reprise des activités de la compagnie transnationales Chevron au Venezuela sont hautement probables.

 

Vielma et Serafino expliquent que sur ce point, l'important, ce sont les termes de la licence qui autorisera Chevron à pomper du brut dans le pays qui dépendra de conditions clés.

 

Par exemple, si le pays pompe du brut en échange de combustibles, de technologies ou de diluants ou s’il le fait en échange de revenus en argent liquide. La seconde possibilité serait la plus difficile étant entendu que Washington maintient l'idée que la remise de ressources financières implique un « financement du régime dictatorial de Maduro. »

 

Il existe aussi la possibilité que les Étasuniens proposent un traité très défavorable au Venezuela au point d'être inapplicable ou qu'il implique que le Venezuela assume les coûts des opérations de pompage sans pratiquement rien en échange ou pour payer une dette, comme c'est arrivé récemment avec « l'assouplissement raté » favorable aux entreprises européennes Repsol et ENI , un traité que le Venezuela a quitté.

 

Mais les analystes sont d'accord sur le fait que les conditions d'un accord satisfaisant pour le Venezuela continuent à lui être favorables et que le Gouvernement à la tête de l'État négocie avec un avantage circonstanciel que lui offre la situation. La perte de pouvoir des États-Unis qui n'ont pas réussi à falsifier la politique pétrolière de l'Arabie Saoudite et la prolongation de la guerre en Ukraine sont des situations à long terme qui continuent à créer des conditions pour que le Venezuela obtienne une détente en matière de blocus avec son brut.

 

4.  CITGO

 

Vielma et Serafino ont analysé le destin de la compagnie vénézuélienne en terres étasunienne CITGO Petroleum Corporation. Ce problème est clairement lié au destin du « Gouvernement par intérim » et à la soi-disant « protection » de cet actif grâce au gel qu’a imposé le département du Trésor.

 

Les Étasuniens pourraient supprimer ce « gel » et laisser CITGO à la merci du tribunal de      Delaware qui a déjà planifié la vente de l'entreprise par morceaux pour payer des réclamations d'entreprise comme Crystallex et ConocoPhillips. Le Gouvernement étasunien qui, selon nos analystes, « fait de la politique pour faire des affaires », serait en train d’envisager de démanteler CITGO pour favoriser des entreprises sur son territoire.

 

Ils n’ont pas de véritables bonnes raisons pour empêcher le Venezuela de continuer à posséder ses biens dans ce pays. Ce n’est pas la même chose qu'une entreprise étasunienne réalise des opérations au Venezuela et qu’une entreprise du Gouvernement vénézuélien contrôlé par le chavisme ait des activités sur le sol étasunien. Ce sont deux lectures très différentes qui impliquent des coûts politiques différents.

 

Vielma voit de façon particulièrement pessimiste le destin de CITGO en alléguant que les raffineries étasuniennes pendant ces dernières années ont assumé des coûts d'opérations supplémentaires et ont dû importer du brut identique au brut vénézuélien de loin. Il est possible que ces entreprises soient indemnisées grâce au démantèlement de CITGO.

 

5. Les élections de mi-mandat aux États-Unis.

 

À seulement quelques jours des élections des deux chambres du Parlement étasunien, il faut considérer que ces élections ont été un élément de poids qui a conditionné les décisions et les étapes des négociations entre les Gouvernements des deux pays. Ce facteur doit être reconnu comme transversal dans la ligne de négociations et dans les événements.

 

Les Étasuniens ont accepté de divulguer les rapprochements et les premiers pas qui ont été faits de manière très calibrée en utilisant dans beaucoup de cas la ressource des « révélations » de « sources » à certains médias dans un processus « à feu lent » qui serait clairement conditionné par les élections.

 

Comme toujours, l'état de Floride est important dans les élections étasuniennes et les républicains ont critiqué la « politique molle » de Biden envers le Venezuela comme un point de discrédit pour les démocrates.

 

Mais la vision d'ensemble est plus importante. Il est possible que les républicains obtiennent la majorité absolue dans les deux chambres, ce qui changerait le rapport de forces et les décisions du Gouvernement Biden.  Vielma et Serafino  sont d'accord sur le fait que les républicains ont plus de possibilités de gagner et que cela impliquerait une refonte.

 

Que ce qui est aujourd'hui sur la table soit rejeté ou qu’il  y ait de nouvelles conditions est une possibilité si les républicains décident de fausser la politique des démocrates concernant le Venezuela dans le cadre de la pression et du complot Interne.

 

Les républicain pourraient favoriser une désescalade du rôle de Washington dans la guerre en Ukraine et cela impliquerait aussi un changement des conditions générales. Bien que les analystes pensent que la guerre continuera très probablement pendant tout l'hiver, le changement de scénario sur le marché de l'énergie est autre chose.

 

La majorité républicaine dans les deux chambres ouvre de nouvelles incertitudes. Au centre se trouve précisément la compagnie Chevron qui représente les intérêts de la famille Bush qui sont de grands gendarmes du parti républicain mais cela n'est pas concluant.

 

Ce qui peut inciter les républicains à ne pas arrêter la politique de Biden envers le Venezuela, ce sont les nouvelles inerties du marché de l'énergie. Le Venezuela est le seul pays qui a de grandes réserves dans l'hémisphère occidental et reste une carte forte dans un monde dans lequel les énergies russes et du Moyen-Orient se sont retranchées dans les chaînes de fournitures de l’Eurasie et de l’Asie.

 

A la longue, si les républicains appliquent une politiqsue « dans leur style » grâce au « sens commun » et au « pragmatisme », cela permettra à Biden d'abandonner sa stratégie ratée et générera un coût politique pour les démocrates.

 

Dans ces situations, les conditions pour une détente politique dans des conditions restreintes continuent à être viables. Il y a des conditions.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/10/31/venezuela-hacia-donde-van-las-negociaciones-con-eeuu/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/11/venezuela-ou-en-sont-les-negociations-avec-les-etats-unis.html