Amérique latine : Le Pérou et le Brésil, deux cas qui préviennent des risques pour le cycle progressiste
Par Ociel Ali López
Le second cycle progressiste latino-américains qui s'est installé définitivement avec l'investiture du président Luiz Inacio Lula da Silva le 1er janvier après plusieurs victoires de formules de gauche sur tout le continent a commencé très tôt à recevoir de forts coups et des menaces des secteurs de droite les plus rétrograde de la région.
Ce qui s'est passé pendant les premiers jours de l'année au Brésil et au Pérou montre le niveau de risque latent pour les démocraties latino-américaines quand celles-ci, en respectant le mandat que le peuple leur a donné, cherchent à approfondir les transformations sociales ou simplement à paralyser la régression induite pendant le cycle deux droit qui a dominé la région pendant les cinq dernières années.
Cela met également, en évidence la façon dont les forces de la droite radicale sont capables de se manifester quand elles perdent le pouvoir grâce à des élections légitimes et décident de briser le fil constitutionnel.
En particulier au Brésil, le pouvoir de la droite modérée et du centre pourraient permettre au Gouvernement de Lula d’être plus stable mais cela l'obligerait à céder sur l'application de politiques et de mesures profondes concernant les problèmes d'égalité et d'équilibre des pouvoirs.
« Au Brésil, malgré les événements alarmants, l'insurrection n'a pas réussi sa première tentative. En revanche, au Pérou, elle a réussi à abattre le Gouvernement, et maintenant, essaye de se stabiliser en utilisant, face au monde et sans complexes, tous les moyens arbitraires et hors de la légalité, avec lesquels opère la droite radicale. »
Mais le cas du Pérou est plus inquiétant. D'abord parce que le coup d'Etat a déjà eu lieu, et que maintenant ses exécuteurs utilisent des mécanismes féroces pour rester au pouvoir. L'assassinat de dizaines de manifestants en quelques jours, le couvre-feu, les arrestations, etc.… rendent compte de la férocité avec laquelle la droite cherche à s’installer au pouvoir.
Deuxièmement, et c'est peut-être le plus important à long terme, parce que l'extrême droite, le fille du fujimorisme mais surtout de l'oligarchie de Lima, a pris le contrôle des structures de l'État et des médias, ce qui signifie que le retour à la normalité institutionnelle semble beaucoup plus complexe et difficile.
Dans les deux pays, mais surtout au Pérou, une brèche s'est créer, et ainsi le danger d'une rupture sociétale définitive, difficilement insurmontable.
Aujourd'hui, ce sont des nations dont l'existence este en danger à cause de la réponse qu'est prêt à donner le pouvoir établi en terme d'institutions, de forces armées et de médias.
Les failles qui s'exacerbent
Dans le cas du Pérou, la répression la plus dure ainsi que les plus grandes manifestations se déroulent dans tout le sud du pays.
La zone de la forêt sud où se situent les départements Apurímac, Puno, Cusco, Ayacucho et Arequipa, peuplés d'indigènes et de paysans a été les plus mise à l’écart et appauvrie et maintenant est la pire victime de la répression policière. Ce sont des provinces qui ont voté de façon écrasante pour le président renversé, Pedro Castillo parfois à plus de 80 %.
En novembre 2020, quand il y a eu de morts à cause de la répression policière après des manifestations à Lima, le président de l'époque, Manuel Merino avait dû démissionner à cause du scandale que cela avait provoqué.
En 2023, la répression au sud a frôlé les 50 morts mais les pouvoirs de fait ne sont pas considérés comme visés et sont restés unis pour affronter les réclamations du peuple en réalisant chaque jour des actions plus violentes contre leurs adversaires pour se maintenir au pouvoir.
Cela pourrait signifier que les assassinat de manifestants n'ont pas la même importance que quand ils auront lieu dans la capitale. Le sud a été l'objet du «terruqueo».
Le «terruqueo», comment on dit au Pérou, et le fait de faire passer pour terroristes les opposants politiques. C'est la façon qu'utilise le spectre politique et médiatique de la droite non seulement pour criminaliser les forces progressistes mais pour justifier la plus dure répression contre elles.
Il a débuté pour s'opposer dans les années 80 à l'organisation terroriste Sentier Lumineux, mais à présent est utilisé pour criminaliser des groupes sociaux, surtout ruraux, et convaincre ainsi de la nécessité de réprimer les peuples originaires du Pérou.
Indépendance des pouvoirs
Même avec le niveau de cooptation qu'on trouve dans la démocratie péruvienne, un ressort institutionnel pourrait maintenir un certain degré d’indépendance.
La procureur général de la république a ouvert une enquête pour génocide contre la la présidente de fait, Dina Boluarte. C'est le signe d'un rétablissement logique des institutions dû à l'ampleur des faits et à l'impunité qu'on observe.
Mais on ne sait pas encore si l'enquête annoncée a pour but de blanchir le coup d'Etat contre Pedro Castillo grâce a une hypothétique substitution de président ou si, au contraire, c'est une action qui pourrait déchaîner des réponses réelles aux revendications des manifestants : de nouvelles élections, une assemblée constituante, la démission de Boluarte, le retour de Castillo.
Pour leur part, les institutions brésiliennes se sont montrées beaucoup plus compétentes pour affronter l'épidémie suprémaciste mais la brèche continuer à exister étant donné le pouvoir accumulé du bolsonarisme au Congrès et dans les régions.
La polarisation politique, mais surtout sociale et ethnique s'est accentuée dans les deux pays et il est possible que ces conflits ne puissent être surmontés à court terme.
La démocratie a été la principale touchée et les façons d'agir des droites rappellent la possibilité latente du retour des dictatures militaires en Amérique latine, mais aussi la lutte historique des groupes subalternes qui se sont battus pendant 500 ans.
Pour les peuples du sud du Pérou, l'oligarchie de Lima non seulement s'impose par des décisions antidémocratiques dans la sphère politique mais peut aussi le faire grâce aux pires crimes. Ce n'est pas de nouveau au Pérou, un pays qui a affronté des périodes très violentes dans les années 80 et 90 mais c'est quelque chose qui depuis lors n'était plus arrivé avec ce niveau de férocité.
Pour leur part, les classes moyennes et les élites se sont vues approvisionnées surtout par les médias pour criminaliser les protestation qui sont déjà en train d'arriver jusqu'à Lima.
Au Brésil, les partisans de Bolsonaro ont continué à convoquer des mobilisations malgré le scandales événement lors duquel ils ont vandalisé le siège des pouvoirs publics, ce qui a été condamné par d'innombrables dirigeants politiques du monde, indépendamment de leurs opinions politiques.
La droite radicale commence à peine à défier la démocratie. Le nouveau cycle progressiste affronte les menaces les plus dangereuses et nous ne savons même pas comment il pourra en sortir, étant donné l'immense pouvoir accumulé par les secteurs réactionnaires.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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