Brésil : Le Brésil et le putschisme contre la gauche.
L'ancien ministre de la justice du Gouvernement de Jair Bolsonaro et secrétaire à la sécurité du district fédéral, Anderson Torres, a été arrêté samedi, accusé d'avoir facilité l'invasion des siège des très trois pouvoir et les actes de vandalisme qui se sont produits au Brésil le 8 janvier.
La police fédérale a informé dans un communiqué que Torres a été arrêté à l'aéroport international de Brasilia, où il descendait d'un avion en provenance de Floride, États-Unis, et qu'il a été conduit dans un centre de détention où il restera à la disposition de la justice.
Mardi, le bureau du procureur général et la police fédérale ont condamné Torres à une peine de prison. Auparavant, il avait été démis de ses fonctions. Quelques jours avant les violentes attaques à Brasilia, Torres s'est rendu aux États-Unis (comme Bolsonaro), non sans avoir auparavant destitué les hauts commandants de la corporation, laissant ainsi la capitale sans protection.
Jusqu'à ce que Bolsonaro, en face, son ministre de la justice, Torres était un obscure commissaire de la police fédérale, rappelle le journaliste brésilien, Eric Nepomuceno.
« Connu pour sa médiocrité et pour sa participation, supposé à des détournements présumés de ressources et d'autres petits actes de corruption, il avait de bonnes relations avec les politiciens. Grâce à ces relations, il a été nommé conseiller dans plusieurs organismes d'Etat, ce qui lui offrait de grosses rémunérations supplémentaires. Le 30 mars 2021, il a été nommé ministre de la justice par Bolsonaro. »
Comment on le sait, la tentative de coup d'Etat du dimanche 8 janvier fait l'objet d'une enquête sévère.
Les autorités connaissent déjà le nom de plusieurs de ceux qui ont financé cet acte et de nombreuses peines de prison ont été décrétées mais il manque une preuve concrète de la participation présumée de Jair Bolsonaro à la tentative de coup d'Etat contre Lula. Anderson Torres, son fidèle collaborateur, sera peut-être la voie la plus rapide pour obtenir cette preuve.
Bolsonaro : le cercle judiciaire se rétrécit
Jair Bolsonaro a perdu son immunité le 1er janvier et le 8 de ce mois s'est produite la pire attaque contre la démocratie au Brésil depuis la dictature.
L'ancien président ne se trouve pas dans le pays puisque quelques jours avant l'investiture de Lula, il s'était rendu en Floride, aux États-Unis, mais la longue distance n'a pas empêché que le cercle judiciaire contre lui se rétrécissent et rapidement.
Le Tribunal Electoral Supérieur (TSE) a donné cette semaine « trois jours », à Bolsonaro, et à celui qui était candidat à la vice-présidence, le général Braga Netto, pour expliquer le contenu d'un projet de décret trouvé dans la résidence d' Anderson Torres.
La police a trouvé dans une armoire du logement d’Anderson Torres le brouillon d'un décret destiné à intervenir au Tribunal Supérieur Electoral et à changer les résultats des élections gagnées légitimement par Lula en octobre dernier.
Le magistrat Benito Gonçalvès du Tribunal Supérieur Electoral accepté lundi une demande du Parti Démocratique des Travailleurs (PDT) de centre-gauche pour que ce document soit intégré à l'enquête sur une réunion que Bolsonaro a eue en juillet 2022 avec une dizaine d'ambassadeurs à qui il a expliqué sa théorie infondée concernant la fiabilité des urnes électorales.
Gonçalvès a considéré que cette rencontre ne visait pas seulement les ambassadeurs mais était également destinée à « mobiliser ses bases, à travers des faits, des connaissances fausses sur le système électoral. »
Pour le juge, il existe « une corrélation sans équivoque entre ces faits et les nouveaux documents, », dit la presse locale.
À partir de février, quand le TSE terminera ses vacances, Gonçalvès activera les 16 enquêtes impliquant Bolsonaro, pour abus de pouvoir économique, utilisation indue des médias de communication sociale et propagande illégale anticipée.
Pour certaines membres du Parti Libéral (PL), la formation de l'ancien président, il sera très difficile que celui-ci sorte sain et sauf de ces enquêtes.
Les partisans du Parti Libéral considèrent comme improbable que Bolsonaro puisse se présenter à de nouvelles élections dans 4 ans. S'il venait à être considéré comme responsable dans certaines de ces procédures, il pourrait être condamné à une période d’inéligibilité. Le Tribunal Suprême Fédéral (STF), a aussi ouvert une enquête la semaine dernière pour son implication présumée dans les faits du 8 janvier qui se base sur une vidéo qu'il a lui-même placée sur les réseaux sociaux 2 jours après l'attaque. Cet enregistrement remet en question les résultats électoraux.
La vidéo a été éliminée peu après mais le temps pendant lequel elle a été publiée a été suffisant pour qu'elle soit diffusée à des milliers de ses partisans et les encourage à continuer à protester, ce qui a obligé les autorités à renforcer la sécurité de la capitale, face à de nouvelles menaces.
Devant la même cour, Bolsonaro a déjà au moins 4 autres procédures ouvertes parmi lesquelles une pour avoir diffusé de fausses informations sur le coronavirus qui maintenant qu'il a perdu son immunité, pourrait passer en première instance.
L'ancien président, qui n'a jamais reconnu la victoire de Lula, a parlé lundi depuis la Floride avec ses sympathisants et en a profité pour tenter de prendre ses distances avec ce qui s'est passé à Brasilia : « Je regrette ce qui s'est passé le 8, une chose impensable. Mais sous mon gouvernement, les gens ont appris ce que c'est que la politique, ils ont connu les pouvoirs, ils ont commencé à apprécier la liberté, », a-t-il dit.
Les coups d'Etat contre la gauche
Quel rapport à cette tentative de coup d'état au Brésil, avec d'autres tentatives de la droite pour boycotter les gouvernements progressiste « de gauche » dans la région ? Quel est le rôle de Bolsonaro dans ces événements ? À ce sujet, Cuba, débat à parler avec le chercheur du centre de recherche de la politique internationale (CIP I) et mettre en histoire contemporaine est en relations internationales, Elio Emilio Perera Pena.
« Ce qui s'est passé au Brésil, est un épisode de très récent sur lequel il y aura une enquête et qui pourrait avoir beaucoup de conséquences, », a affirmé Perera Pena.
« Ce peut être catalogué comme une tentative de coup d'Etat, comme une des manifestations modernes des coup d'Etat dans lesquelles les secteurs de l'extrême droite, de la droite réactionnaire, se coordonnent avec les médias, des dirigeants d'opinions, des influenceurs, entre autres, et essayent de créer un consensus social pour tenter de renverser les pouvoirs de l'État, et par conséquent le président élu.
Pour y arriver, les secteurs de la droite réactionnaire recourent à deux soi-disant preuves en donnant aux citoyens l'idée qu'elles sont vraies dans le récit qu’ils sont en train de construire.
De sorte que nous pourrions dire que presque généralement, dans le cas de coups d'Etat ou de tentatives de coups d’Etat récent en Amérique latine, fomenter chez le citoyen un sens commun anti-politique en l'alimentant par des préjugés tels que « Tous les politiques sont corrompus, ceux de gauche aussi, » « Il ne faut pas te mêler de politiqsue ou tu auras des problèmes » ou « Il n'y a aucun changement de possible, les Gouvernements progressistes n'ont rien fait de plus que voler de la même façon que les précédents, il n'existe pas d'alternative réel au système, », entre autres maximes qui vont se transformer souvent avec succès en sens commun du citoyen moyen est une constante.
Sinon, comment comprendre que Jair Bolsonaro, qui a fait une forte campagne sur les réseaux sociaux en incitant à la haine, avec des messages xénophobes et anti-féministes, avec une attitude hors de contrôle et d'irrespect total des mesures sanitaires pendant la pandémie, jouisse d'un pourcentage relativement élevé d'acceptation parmi les citoyens brésiliens ? Comment expliquer que nous ayons vu un dirigeant indigène défendant devant les caméras de la télévision, les putschiste enragés qui criaient : « intervention militaire et à bas le communisme » ? a déclaré le chercheur.
Il a ajouté que « ces tentatives de coup d'Etat ont commencé ou ont été alimentées très souvent par la présence de juges chargés de stigmatiser le processus politique du pays, ainsi que le Président et certains de ses dirigeants.
Nous avons des exemples dans tous les pays qui ont subi des coup d'Etat ou des tentative de coup d'Etat depuis l'an 2000 mais il me vient à l’esprit 2 cas : un, la juge Luisa Ortega, au Venezuela, critiquant Maduro et sa famille pour corruption et critiquant, de la même manière d'autres dirigeants du Gouvernement et le juge, Sergio Moro, au Brésil. »
Selon lui, « ces juge sélectionnés par certains secteurs de l'extrême droite, après ces critiques, ont orchestré, alimenté et facilité des processus tels que la destitution de Dilma Rousseff, et ensuite l'emprisonnement de Lula, la persécution judiciaire de l'ancienne présidente Cristina Fernandez et de fonctionnaires de son Gouvernement, l'emprisonnement de l'ancien vice-président Jorge Glas et même l'affaire judiciaire ouverte contre l'ancien président Rafael Correa. »
Ces exemples sont parmi les plus évidemment d'ouverture et de justification d'un nouveau front de bataille qui utilise ou tente d'utiliser la force des pouvoirs publics nationaux à des fins de déstabilisation et pour des conduites de type néo-fasciste. »
Perera Pena soutient que lors de ces coup d'Etat ou de ces tentative de coup d'Etat, ce manifestent « l’asymétrie, le colonialisme et la dépendance comme ils sont inscrit dans les relations internationales » et que « les Etats puissants comme les États-Unis s'immiscent fortement dans ces processus. »
« À certaines occasions, nous sommes passés au-dessus du fait que Washington est le principal, conseiller dans les réformes juridiques et la soi-disant modernisation entre guillemets des appareils Lego. Latino américain. Comment ? À travers l’USAID, le réseau Atlas, l'Open Society. »
« Il est vrai que les États-Unis ont été l'un des premiers pays a condamner le coup d'Etat contre Lula, mais à partir de certains secteurs réactionnaires de la droite, depuis des décennies, grâce aux services de ces organisations qui ont des contrats légaux avec les services juridiques des pays latino-américains, depuis les secteurs réactionnaires dont nous avons parlé, s’exerce l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays et il s'agit même d’internationaliser cette ingérence sous un prétexte soi-disant solide, par exemple, pour n’en citer qu’un, l’affaire Lava Jato au Brésil. »
Il a expliqué que ce qui s'est passé avec Lava Jato, l'une des plus grosses affaires de corruption au Brésil, ces dernières années, a eu un impact négatif sur une économie qui est l'une des plus forte du continent et même du monde : « L’affaire Lava Jato a eu un impact sur le PIB brésilien, sur l'emploi, mais surtout sur l'industrie navale qui avait réussi à avoir une croissance importante ces dernières années. »
Un. autre exemple cité par Perera Pena est ce qu'on appelle le projet Ponts qui s'est développé en 2009 au Brésil, et lors duquel le département de la justice des États-Unis a conseillé des membres des appareils judiciaires d'Amérique latine en techniques et en mécanismes contre la corruption et sur la façon d'utiliser psychologiquement le phénomène de la corruption à des fins politiques de déstabilisation.
« Ce projet Ponts, orchestré par les services de renseignement étasuniens a eu parmi ses élèves les plus connus, le juge Sergio Moro. »
Selon le chercheur, «dans le projet Ponts, il y a eu des conférences destinées à ce que certains secteurs patronaux et des politiciens brésiliens intensifient leurs relations avec le personnel diplomatique étasunien accrédité au Brésil pour, selon ce qu’on sait grâce à des documents révélés par WikiLeaks, créer des informateurs, c'est-à-dire un personnel qui possède des informations brésiliennes sensibles prêt à les mettre au service des autorités étasuniennes.
« Ce n'est pas que nous voulions parler mal de quelqu'un mais nous pouvons citer un autre exemple d'ingérence et d’intromission des États-Unis dans ces tentative de coup d'Etat : le Dialogue Inter-américain, qui a fait un suivi détaillé l’affaire Lava Jato et a exposé au Congrès des États-Unis une série de recommandations selon ce qu'ils ont dit, avec des preuves recueillies dans les pays latino-américains.
« Parmi ces recommandations, prendre en compte les soi-disant relations corrompues de certains fonctionnaires avec le Parti des Travailleurs, que la Fondation Atlas continue à recueillir des preuves identiques dans d'autres pays de la région, où de soi-disant gauchistes commettent des illégalités et que tout cela soit dénoncé à travers, rien moins que ça, par la Société Inter-américaine de Presse dont nous connaissons tous la position par rapport aux Gouvernements progressistes ainsi que son immense tendresse pour tout ce qui concerne le néolibéral. »
" Maintenant, Bolsonaro peut dire ce qu'il veut mais il ne peut pas effacer le fait que dans le style de ce qui s'est passé dans les pays où il y a eu des coup d'Etat, il s'est donné la tâche d'habiliter ou de justifier le retour de secteurs des forces armées dans la sphère politique officielle, a doté ces secteurs d'une force presque constitutionnelle pour qu'ils assument un rôle primordial dans la formation de l'opinion publique non seulement pendant sa campagne mais aussi pour rendre possible l'emprisonnement de Lula grâce à la presse traditionnelle et surtout aux réseaux sociaux. »
« Ces secteurs obéissent essentiellement à l'armée, aux polices provinciales, qu'on appelle police militaire au Brésil, et en bonne partie aussi aux membres des forces spéciales. Ce sont des figures, des acteurs réactionnaires, les mêmes qui, comme Bolsonaro, considèrent comme une réussite la dictature militaire que le Brésil a subie pendant plus de 20 ans. »
On ne peut oublier, selon Perera, Pena, qu'une autre caractéristiques générale des coup d'Etat ou des tentatives de coup d'Etat dans la région a été « la tentative de démanteler la présence politique des partis qui soutiennent des dirigeants progressistes contre lesquels les tentatives de déstabilisation sont majoritairement dirigées, par exemple, au Brésil, comme on le sait, contre Lula, Dilma et le Parti des Travailleurs. »
Mais il y a d'autres exemples « comme ce qui se passe avec le Venezuela grâce aux critiques constante du PSUV, de la figure de Nicolas Maduro et de l'équipe du Gouvernement. »
Le chercheur a prévenu que, dans presque tous les pays qui ont subi une déstabilisation, « après une première, pour ainsi dire, une première vague de coup d'Etat, vient la répétition ou la seconde partie du coup d'Etat, presque toujours en attaquant l'économie. »
Et il a cité comme exemple le Venezuela. En avril 2002 s'est produit le coup d'état contre Chávez qui a échoué mais ensuite, en décembre de cette même année et jusqu'à en mars 2003, les secteurs réactionnaires ont réalisé ce qu'on appelle le coup d'Etat pétrolier.
« Et c'est arrivé dans d'autres pays, après une attaque peut en venir une autre, même beaucoup plus puissante. »
« Ce qui est dangereux dans tout cela au Brésil, c'est que le problème peut ne pas être réglé ici. Espérons que oui, mais peut-être que non. Sans être alarmiste, les dénonciation du syndicat pétrolier brésilien qui est le plus puissant ou l'un des syndicats les plus puissants, continuent. Des directeurs de ce syndicat dénoncent le fait que des groupes de déstabilisation ont été créés pour, é un moment donné, empêcher la vente de combustible dans les points de vente, et que ces groupes sont formés par des bolsonaristes et des membres ou des adeptes des églises évangéliques.
« L'extrême droite ou les secteurs les plus réactionnaires de la droite radicale utilisent pour leur déstabilisation trois éléments-clé : des membres mécontents et agressifs des forces armées et des forces spéciales, des figures représentatives du clergé, le soutien des églises évangéliques et le fait d'avoir en leur faveur les médias hégémoniques. »
Le chercheur insiste sur le fait que « la situation actuelle exige qu'on continue à enquêter », et en même temps que « l'alliance, le pacte large que Lula a créé puisse continuer à travailler malgré la pression que pourrait avoir le gouvernement de Lula pour réaliser des actions concrètes qui affrontent le déficit et la difficile situation économique et sociale dans laquelle se trouve le Brésil. »
L'enquête suit son cours. Quel rôle a joué Bolsonaro dans les événements du 8 janvier ? Qui les a soutenus ? Ce sont des questions auxquelles le temps donnera une réponse.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
Source en espagnol :
http://www.cubadebate.cu/especiales/2023/01/18/brasil-y-el-golpismo-contra-la-izquierda-podcast/
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/01/bresil-le-bresil-et-le-putschisme-contre-la-gauche.html