Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Brésil : Les réactions dans le pays face au terrorisme bolsonariste

11 Janvier 2023, 18:59pm

Publié par Bolivar Infos

Par Gabriela Moncau et Flávia Chacon

 

Le dimanche8, les yeux du monde se sont tournés une fois deux plus vers Brasilia quand les bolsonaristes ont envahi le Congrès national, le palais du Planalto (siège de la présidence de la république) et le tribunal suprême (STF). Les images des salles de réunion, des bureaux et des œuvres d'art détruits ont illustré la terreur qui a déferlé sur la capitale fédérale une semaine après que Luiz Ignatio Lula da Silva (Parti des Travailleurs) ait prêté serment pour son troisième mandat.

 

Bien que les institutions de sécurité publique du district fédéral n'aient pas joué le rôle qu'on attendait d'elles et, au contraire, aient été complices de la barbarie, la réponse du Brésil, du sommet du pouvoir à la rue, a été unanime pour défendre la démocratie.

 

24 heures après les faits, le président Lula da Silva, a rencontré les 27 gouverneurs, les présidents de la Chambre et du Sénat, des membres du Tribunal Suprême et du bureau, du procureur général de la République au palais du Planalto et il a affirmé que les institutions brésiliennes enquêteraient et localiseraient tous ceux qui ont financé les invasions bolsonaristes.

 

« Au nom de la défense de la démocratie, nous ne serons autoritaires avec personne mais nous ne serons pas non plus tièdes avec personne. Nous enquêterons et nous arriverons jusqu'à ceux qui les ont financés, » a-t-il affirmé dans un discours ferme. Le président a aussi renforcé la défense du système démocratique dans le pays : « Nous n'allons pas permettre que la démocratie nous échappe des mains parce que c'est la seule possibilité que nous avons de garantir que ces gens humbles puissent manger trois fois par jour ou aient le droit de travailler. »

 

Dans son discours, le président a été dur en ce qui concerne la complicité des militaires : « Tout le monde sait ici combien de gens ont été torturés parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec le Gouvernement militaire et maintenant ils demandent librement un coup d'Etat devant les casernes et aucune caserne n'a rien fait, aucun général n'a bougé pour dire « cela ne peut pas se passer », « il est interdit de demander cela, » « nous n'allons pas faire cela. » Cela donnait l'impression qu'il y avait des gens qui aimaient le fait que le peuple demande un coup d'Etat. »

 

En évoquant ceux qui continuent à se mobiliser contre la démocratie, Lula a rappelé qu'ils n'ont pas d'ordre du jour constructif : « Les gens qui étaient dans la rue, devant les portes des casernes, n'avaient pas un ordre du jour de revendications, », a-t-il dit. « Ils étaient dans tous les états aux portes des casernes et réclamaient quoi ? Prétendaient-ils améliorer la qualité de vie des gens ? Exigeaient-ils plus de liberté ? Des revendications d'augmentation de salaire ? Exigeaient-ils la construction de logements ? Prétendaient-ils améliorer la production agricole de ce pays ? Non, ils exigeaient  un coup d'Etat. C'est la seule chose dont on entendait parler, » a-t-il déclaré.

 

Lula a également reçu la solidarité de différents partis pour les attentats extrémistes qui on troublé le pays le dimanche. La rencontre a eu pour objectif de montrer l'unité de tous les pouvoirs autour de la défense de la démocratie et de contrecarrer les invasions organisées par les partisans de l'ancien président Jair Bolsonaro (Parti Libéral) qui ont vandalisé les immeubles du Congrès, du Planalto et du Tribunal Suprême.

 

Il a reçu des manifestations de soutien de personnalités alignées sur Bolsonaro comme les gouverneurs de Sao PauloTarcísio de Freitas (Républicains) et du district fédéral  Celina Leão (Parti Progressiste) qui remplace de façon intérimaire Ibaneis Rocha (Mouvement Démocratique Brésilien).

 

Après la réunion, Lula a invité tous les participants à se rendre à l'immeuble du Tribunal Suprême, sur la Place des Trois Pouvoirs pour que tout le monde voie de ses yeux les destructions causées par les putschistes, dimanche.

 

À la fin de la visite du Tribunal Suprême, Lula a dit que tout le monde est déçu à cause des événements de dimanche : « Cette place est un symbole de Brasilia, un symbole de notre système de gouvernement et nous sommes tous déçus, frustrés, pour ne pas dire très en colère à cause de ce qui s'est passé ici. Nous ne nous rendrons pas jusqu'à ce que nous ayons découvert qui a financé tout ce qui s'est passé dans ce pays. »

 

Pendant que les hauts responsables du pouvoir se réunissaient à Brasilia, les manifestants sont sortis dans les rues de tout le Brésil et à l'étranger pour défendre la démocratie contre l'attaque bolsonariste. Le slogan qu'on a le plus entendu était « non à l'amnistie. » Cette demande visait, en particulier, à rendre responsable l'ancien président Bolsonaro des crimes commis sous son mandat, ce mandat dont il a passé les deux derniers jours aux États-Unis où il se trouve depuis qu'il a cessé d'avoir un statut privilégié.

 

Cette revendication, déjà exprimée avec force par la foule qui a assisté à l'investiture du président Lula, prend à présent un nouveau sens car on exige que ceux qui ont participé à la tentative de coup d'Etat, et en particulier ceux qui les ont financés, ceux qui les ont patronné et les autorités de l'État qui ont été leurs complices portent la responsabilité des événements. Parmi ces autorités se trouvent le gouverneur du district fédéral, Ibaneis Rocha, destitué pour 90 jours par le Tribunal Suprême Fédéral et son secrétaire à la sécurité, Anderson Torres, relevé de ses fonctions.

 

Sur l’Avenida Paulista, l'une des principales artères de Sao Paulo, des milliers de personnes convoquées par les fronts Povo Sem Medo et Brasil Popular et par la Coalition Noire pour les Droits se sont rassemblées. Vers les 20 heures, près de 60 000 personnes ont commencé à marcher vers le centre de la ville, accompagné en projetant sur les immeubles des phrases comme « non à l'amnistie » et « arrière, les fascistes! »

 

« Nous avons déjà renversé Bolsonaro dans les urnes, nous renversons le bolsonarisme dans les rues, » a dit un membre d’Uneafro. Dans la voiture avec le haut-parleur, placée face au MASP, décorée, entre autres choses, par un grand drapeau du Docteur Sócrates Brasileiro, des parlementaires comme Eduardo Suplicy (PT), Guilherme Boulos (PSOL) et Carolina Iara (PSOL) et des activistes de mouvements comme le MST, le MTST (Mouvement des Travailleurs sans Toit), le Mouvement Noir Unifiée et l'Union du Peuple Noir pour l'Egalité, ce sont  succédés pour parler contre la tentative de coup d'Etat et réaffirmer la légitimité de la décision des urnes qui a élu le nouveau Gouvernement du PT.

 

En plus du Brésil, il y a eu des manifestations en Argentine, en Allemagne, au Royaume-Uni, en France, en Suisse, en Espagne, en Italie, en Irlande, au Canada, au Mexique et aux États-Unis.

 

« À partir de maintenant, nous entrons en mobilisation permanente. Demain soir, nous manifesterons pour défendre la démocratie contre les crimes, dans plusieurs endroits du Brésil. En plus de l'offensive judiciaire et policière, nous avons une offensive populaire, » a déclaré la présidente du Parti des Travailleurs,  Gleisi Hoffmann.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/01/10/brasil-como-reacciono-la-politica-local-ante-el-terrorismo-bolsonarista-en-brasilia/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/01/bresil-les-reactions-dans-le-pays-face-au-terrorisme-bolsonariste.html