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Colombie : Le commandant Pablo Beltrán parle des dialogues de Paix

21 Février 2023, 17:39pm

Publié par Bolivar Infos

par Cira Pascual Marquin

 

Le chef de la délégation de l’ELN parle de la paix en Colombie.

 

La Colombie et le Venezuela avec l'Équateur et le Panama font partie de ce que Simon Bolivar appelait « la grande Colombie ». Ces pays frères partagent une histoire, une culture et un horizon d'émancipation. C'est pourquoi une paix importante en Colombie et d'une importance énorme, maintenant seulement pour le peuple colombien, mais aussi pour le Venezuela et pour toute la région.

 

Dans cette interview, Pablo Beltrán, membre du commandement central de l'ELN (armée de libération nationale) et chef de la délégation aux dialogues parle des dialogues de paix qui ont débuté à Caracas en novembre 2022 et qui se poursuivent actuellement au Mexique.

 

70 ans de guerre en Colombie et au moins 157 dirigeants sociaux assassinés en 2022 dans la guerre contre le peuple, est-ce que ce sont les conditions politiques et sociales adéquates pour signer un accord entre l’ELN et le Gouvernement de Colombie ?

 

Il y a beaucoup de conditions et d’exigences politiques et sociales pour faire avancer un processus de paix en Colombie parce que c’est la seule chose qui fera de nous une nation viable. En plus, maintenant, il y a un gouvernement progressiste dont l'un des objectifs principaux est d'obtenir une paix intégrale et définitive. Les victimes, qui sont des dizaines de millions, exigent à nouveau la vérité, la justice, la réparation et des garanties de non répétition. Les acteurs de la droite qui auparavant se sont opposés au processus de paix maintenant  ont une attitude sceptique mais attendent d'être également pris en compte dans la formulation d'une vision commune de la paix.

 

Le 21 novembre a débuté un nouvel exercice de dialogues de paix entre le Gouvernement colombien et l’ELN. Ces dialogues débutent dans une nouvelle situation politique et géographique. Pourriez-vous nous parler brièvement du rôle du Venezuela dans ces dialogues en tant que pays observateur ?

 

Dès le premier jour de gouvernement du président Hugo Chavez en 1999, la République Bolivarienne du Venezuela a hébergé des tables de dialogue entre le Gouvernement de Bogotá et l’ELN. Dès lors, il remplit le double rôle de pays garant de cette table, ce qui implique qu'il soit témoin et dépositaire des accords qui sont signés, et d'e pays de transit pour notre délégation aux dialogues de paix.

 

Dans une interview, vous avez déclaré qu'il est important pour L’ELN que le dialogue opère dans deux registres larges : premièrement, vers la désactivation des facteurs internes qui génèrent le conflit social, politique et armé et deuxièmement vers l'activation d'un projet souverain sans l'intervention des États-Unis qui attisent la guerre en Colombie. Commençons par le premier point. Quelles conditions minimales envisagez-vous à l’ELN, pour que les facteurs internes qui créent le conflit en Colombie soient désactivés?

 

Nous insistons sur le fait que nous devons agir sur les causes du conflit armé en Colombie, et pas seulement essayer de traiter ses conséquences. Nous avons dit aussi que ces tables de conversation, de même qu’elles ne peuvent pas faire « une révolution par contrat » ne peuvent pas démobiliser non plus les rebelles par contrat. C'est pourquoi désactiver les causes, nous le comprenons comme un processus qui éradique l'appauvrissement et l'exclusion sociale, qui freine le pillage des biens nationaux et leur déprédations sauvage, qui éradique la persécution et le génocide politique qu’ordonne la doctrine de sécurité du vieux régime, qui attaque de front  la corruption systématique et que les politiques pour le pays cessent d'être dictées par Washington.

 

Ce programme de transformations doit être soutenu par une large alliance de forces politiques engagées envers le changement et la solution politique du conflit, un programme qui puisse être développé à court, moyen et long terme, au-delà du seul Gouvernement actuel.

 

Concernant le second point, le Gouvernement de Gustavo Pétro ne semble pas avoir l'intention d'engager un processus de démantèlement des bases étasuniennes. Comment sortir de cette situation qui, deux plus, affecte toute la région ?

 

La domination de l'impérialisme nord-américain a été basée sur le « diviser pour régner », mais aujourd'hui commence une nouvelle phase du processus d'intégration de l'Amérique latine et des Caraïbes, qui va rendre possible d'avoir une seule voix face aux puissances mondiales. Ainsi, des problèmes aigus de nos peuples vont être traités à partir d'une force souveraine conjointe qui réclame des solutions dignes pour ses nations et pour ses peuples. Par exemple, faire de cette région une zone de paix, trouver des alternatives à la « guerre contre les drogues » qui a échoué, nous défaire de l’esclavage de la dette extérieure, entre autres problèmes.

 

L'un des problèmes les plus aiguë dans le dialogue entre le gouvernement colombien, et les FARC a peut-être été la participation limitée du peuple à ce processus. Étant entendu que le premier point que l’ELN met sur la table de dialogues est « la participation de la société civile à la construction de la paix », comment peut-on atteindre cette objectif ?

 

Les trois premiers point de l'ordre du jour des négociations concernent la participation contraignante de la société à ce processus de résolution politique du conflit, destinée à construire une vision commune de la paix. Cela implique de concevoir une méthodologie précise de participation qui permette de diagnostiquer les problèmes structurels du pays et de formuler un plan de transformation à court, moyen et long terme, c'est-à-dire que les gens disent quels sont les changements indispensables et prennent l'engagement de les réaliser, ce qui passe par le fait de matérialiser un accord national avec de nombreuses forces politiques et sociales qui sont intéressées par le fait de tourner la page de la guerre du vieux régime et de trouver des alternatives au-delà du capitalisme sauvage.

 

Concrètement, quel serait l'impact d'un éventuel accord sur le peuple colombien mais aussi sur le peuple vénézuélien et sur les gens de la région en général ?

 

Lundi 6 février, le ministère des relations extérieures du Brésil, a accepté d'être de nouveaux pays garant de cette table de dialogue de paix et a ajouté que ce dialogue est « un processus essentiel pour renforcer la paix de la Colombie et en conséquence de grande importance pour la région et pour le monde. »

 

Comment pensez-vous que pourrait fonctionner un éventuel cessez-le feu bilatéral s'il avait été décidé lors des dialogues ?

 

Nous avons l'expérience d'un cessez, le feu bilatéral, le temporaire est national décidé avec le gouvernement de Juan Manuel Santos en 2017, je sais que la visite du pape François, qui a fonctionné malgré quelques incidents et a démontré pour la première fois dans l'histoire de la Colombie que cette sorte de désescalade du conflit armé était possible. Pour obtenir ce résultat, il a fallu se mettre d'accord sur des protocoles très spécifiques qui indiquaient ce que couvrait ce cessez-le-feu  et ce qu’il ne couvrait pas.  

 

Dans le processus de paix avec l’ELN, quels seraient les éléments de justice que vous souhaiteriez atteindre et envers lesquels vous vous engageriez ?

 

Le point quatre de l'ordre du jour des négociations dit : «Dans la construction d'une Paix stable et durable, la reconnaissance de toutes les victimes et de leurs droits, ainsi que le traitement et la résolution de leur situation sur la base, de la vérité, de la justice, de la réparation, des engagements de non répétition et de non oubli est essentielle. L'ensemble de ces éléments sont la base du pardon et annoncent le processus de réconciliation. »

 

Pour nous, la première chose est d'écouter les victimes, et qu'elle soient effectivement liées à ce processus de paix. Deuxièmement, nous traiterions ce qui est pertinent dans la situation juridique des membres de l’ELN, un sujet qui est la matière du point cinq de l'ordre du jour qui concerne le fait de mettre fin au conflit armé et de chasser la violence de la politique.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/02/20/colombia-el-comandante-pablo-beltran-habla-sobre-los-dialogos-de-paz/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/02/colombie-le-commandant-pablo-beltran-parle-des-dialogues-de-paix.html