Pérou : Le facteur États-Unis
par Andrés Figueroa Cornejo
Ce 31 janvier, a eu lieu une nouvelle journée de mobilisation du peuple convoquée par la Confédération Générale des Travailleurs du Pérou, la CGTP, la Coordination Unitaire de Lima Nord, le Syndicat Unitaire des Travailleurs de l'Education et l'Assemblée Nationale des Peuples, l’ANP, lors de laquelle on a exigé la démission immédiate de Dina Boluarte, des élections générales en 2023, la réalisation d'une consultation pour mettre en place une Assemblée Constituante et que les responsables matériels et politiques des plus de 60 morts occasionnés par la police, soient jugés et punis.
La coordination de la plus importante région du sud du pays constituée par Puno, Cajamarca, Ica, Arequipa, Ayacucho, Apúrimac. Áncash et Cusco, a fait partie des protestations nationales.
Le régime putschiste, face aux protestations populaires croissantes, a transformé rapidement le pays en Etat policier et a augmenté la militarisation du cœur de la capitale péruvienne.
À propos de la zone de Puno, en particulier, où la participation des peuples aymara et quechua aux manifestations contre la dictature a été massive, le régime Boluarte a déployé des milliers de policiers et des troupes de l'armée et de la marine pour faire reculer la population qui, cependant, continue à revendiquer la démocratie, les demandes qui sont faites dans tout le pays, la décentralisation du pays et l'anti racisme. En fait, les pouvoirs concentrés à Lima ont stigmatiser dans les médias, les peuples indigènes comme s'ils étaient liés au trafic de drogue, au crime organisé ou au « terrorisme », alors qu'il s'agit d'une population éveillée, désarmée et simple qui lutte pour ses droits sociaux et contre un régime qui leur a imposé sévèrement le traitement qu’on réserve à un ennemi intérieur.
Ace sujet, le sociologue Ricardo Jimenez a signalé que les contradictions entre la capitale du pays et les régions « font partie du lourd héritage colonial et raciste qui fait du Pérou une république qui a échoué dans le sens d'un projet non réalisé de la modernité occidentale. »
Le facteur États-Unis
Le journaliste membre de l’Observatoire pour la Fermeture de l'Ecole des Amériques Pablo Ruiz évoque l'ingérence traditionnelle des États-Unis au Pérou.
" En 2015, par exemple, les forces spéciales de l'armée des États-Unis ont entraîné dans les techniques de sauvetage des officiers et des sous-officiers de la direction tactique urbaine de la police nationale du Pérou, » déclare-t-il, et il ajoute : « en 2017, l'armée péruvienne a participé aux manœuvres militaires AmazonLog 17 avec les États-Unis, la Colombie et le Brésil entre autres. Ces manœuvres ont eu lieu au mois de novembre de cette année-là, à Tabatinga, sur la triple frontière. »
Y a-t-il des exemples plus récent ?
En 2021, dans la résolution législative numéro 31 102, le Congrès a autorisé l'entrée des troupes étasuniennes en territoire péruvien du 1er janvier au 31 décembre 2021. Dans l'annexe de la résolution, il est indiqué que l'objectif est de recevoir « un entraînement », à Lima, Callao, Ayacucho, Iquitos, pour le commandement du renseignement et des opérations spéciales conjointe (CIOEC), la force spéciale conjointe (FEC) et la direction antidrogue (DIRANDRO) de la police nationale du Pérou.
La même année, une délégation d'officiers péruviens à réalisé une visite des installations de la brigade tactique de l'armée des États-Unis sur la base militaire conjointe de San Antonio dans l'état du Texas et au centre d'entraînement de l'armée des États-Unis dans l'État de Californie, selon des informations d’infodefensa.
En 2022, le Congrès a approuvé, dans la résolution législative 2732, deux manœuvres combinées conjointes des États-Unis avec le personnel des forces d’opérations spéciales de la marine de guerre du Pérou pour août et octobre 2022, pour une durée de 45 jours chacune.
Pendant ces dernières années, le Pérou a aussi été parmi les premiers pays qui continuent à recevoir un entraînement dans ce qui a succédé à l'école des Amériques rebaptisée en 2001 institut de coopération pour la sécurité de l'hémisphère occidental.
Entre 1946 et 2004, 4 1559 militaires péruviens se sont entraînés à l'école des Amériques. En 2019, 84 militaires péruviens, en 2020, 236 et en 2021, 10 militaires de plus y ont été entraînée. Les données de 2022 n'ont pas encore été révélées.
Les contradictions de Washington.
D'autre part, le lundi 30 janvier, un groupe de parlementaires du parti démocrate des États-Unis et diverses aux organisations, deux droits de l'homme ont demandé au président Joe Biden, d'interrompre « immédiatement », l'assistance en sécurité qu'il fournit au régime péruvien jusqu'à ce que la répression violente contre les protestations s’arrête.
Dans la lettre adressée à Biden, au secrétaire d'État Antony Blinken, au secrétaire à la défense Lloyd Austin et à l'ambassadrice des États-Unis au Pérou. Lisa Kenna, les membres du Congrès se disent alarmés par les violation des droits de l’homme commises par les policiers et les militaires sur la population désarmée.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/02/02/peru-el-factor-eeuu/
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/02/perou-le-facteur-etats-unis.html