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Venezuela : Les transnationales pétrolières et les pays des Caraïbes demandent aux États-Unis d’assouplir les sanctions

28 Février 2023, 16:47pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Lucas Estanislao

 

La possibilité de tensions dans la relations des États-Unis avec le Venezuela a réveillé les intérêts économiques des transnationales pétrolière et des pays des Caraïbes. Depuis que la guerre en Ukraine a affecté la demande de combustible et que l'opposition vénézuélienne a décidé de mettre fin au « Gouvernement intérimaire » de Juan Guaidó, Washington et Caracas ont tenté quelques signes de rapprochement qui, bien que modestes, pourraient aplanir le chemin pour replacer les réserves énergétiques du Venezuela sur le marché international.

 

Mais les opportunités peuvent se heurter à divers obstacles politiques et économiques, en commençant par le principal : le blocus du Venezuela. Appliquées depuis 2014 et durcies à partir de 2019, les sanctions des États-Unis interdisent pratiquement aux entreprises et aux pays de réaliser toute transaction avec la compagnie pétrolière d'État vénézuélienne, PDVSA. En conséquence, pendant ces dernières années, la productivité de l'entreprise et les revenus générés par le pétrole, la principale source de revenus du pays, se sont considérablement réduits.

 

Maintenant, certaines entreprises françaises et des pays des Caraïbes demandent à Washington un allégement des sanctions pour pouvoir faire des affaires avec Caracas. Dans le cas des transnationales pétrolières, il existe un précédent qui a eu lieu en novembre quand le département du trésor des États-Unis a accordé une licence qui permet au géant du secteur énergétique, Chevron de revenir opérer en territoire vénézuélien.

 

En quelques jours, Chevron et le Gouvernement du Venezuela ont signé des accords et réactivé la production des quatre usines mixte que l'entreprise exploite avec PDVSA. Actuellement, la production des usines et de 90 000 barils par jour mais on ne connaît pas encore les modèles de collecte et de contrôle des opérations principalement parce que la licence de l’OFAC interdit à la transnationale de payer directement à PDVSA.

 

Ces accords ont réveillé l'intérêt de la compagnie italienne Eni et de la compagnie espagnole Repsol. Toutes deux avait déjà reçu une licence de l’OFAC qui leur permettait d'envoyer du pétrole vénézuélien en Europe, mais seulement en paiement de la dette que PDVSA avait envers ces entreprises. Ces opérations ont été rapidement rejetées par le Gouvernement vénézuélien qui ne considérait pas cette affaire comme avantageuse.

 

Le chercheur et analyste politique Ricardo Vaz qualifie ce mouvement. « d'espèce de monde à l’envers dans lequel les entreprises elles-mêmes font du lobby envers le Gouvernement de la Maison-Blanche. »

 

« Les États-Unis avaient exigé que les entreprises états-uniennes qui font des opérations  au Venezuela acceptent des pertes à court terme en leur promettant qu'éventuellement viendrait ce qu'ils appellent le changement de régime. Cela démontre que la politique étrangère des États-Unis est menée à bien sans qu'on en planifie très bien les conséquences, puisque maintenant nous avons cette situation dans laquelle les mêmes agents qui, en général, bénéficient le plus de cette politique étrangère sont en train de demander des changements, parce qu'ils pensent qu'ils peuvent gagner plus dans d'autres conditions. »

 

Pour l'ancien ministre du commerce du Venezuela, Gustavo Marquez, le défi de Caracas à présent est de résister à des accords qui pourraient naître de futures licences qui ne bénéficient pas économiquement au pays ou qui obligent le Venezuela céder le contrôle des actions et des opérations de la production pétrolière à des entreprises étrangères privées.

 

" Il semble que les États-Unis soient en train d'essayer de suspendre les sanctions comme mécanisme de pression supplémentaire puisqu'il n'y a pas tellement de souplesse parce que les sanctions sont maintenues et les licences sont utilisées pour arriver à leurs fins et satisfaire leurs intérêts particuliers. »

 

Marquez affirme aussi que la fin du blocus est nécessaire pour réactiver toute l’ économie vénézuélienne mais critique les accords signés avec Chevron et dit que Washington agit pour le compte des compagnies pétrolières privées.

 

« Ce doit être une élimination de sanctions qui donne l'autonomie au pays. Nous ne pouvons pas rester avec les mains liées et que seules les sanctions qui sont éliminés soient celles qui conviennent aux États-Unis et aux entreprises transnationales. Ce n'est pas cela, en finir avec les sanctions, c'est donner le pouvoir à leur décision, et cela est inacceptable. »

 

Les Caraïbes, le gaz et Trinité et Tobago.

 

D'autres entreprises qui profiteraient de la fin des sanctions sont la compagnie britannique, Shell et British Petroleum (BP). Toutes deux sont actionnaires majoritaires d'Atlantic, l'un des plus importants producteurs de gaz naturel liquide de Trinité-et-Tobago.

 

En janvier, ce pays  a reçu une licence des États-Unis pour reprendre l'importation de gaz de la plate-forme offshore Dragão dirigée par PDVSA et située sur la frontière maritime entre Trinité et Tobago et le Venezuela qui possède une réserve de plus de 4 000 000 000 de pieds cubiques de gaz naturel.

 

Cette mesure a été célébrée par le Gouvernement de Trinité, qui voyait son accès à la matière première élargi et allait pouvoir augmenter sa production. Mais la licence ne permet pas le paiement de transaction en liquide au Venezuela, ce qui a déplu à Caracas et devrait être un obstacle à de futures négociations.

 

« Ils disent à un pays qu’il a l'autorisation de faire du commerce avec le Venezuela, mais il ne peut pas payer en dollars ni en aucune forme d'argent. Il doit payer avec des aliments ou des produits. C'est du colonialisme, c'est se moquer des pays souverains, » a dit le président vénézuélien Nicolas Maduro, début février.

 

Également au début du mois, la vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodriguez, a reçu à Caracas le ministre de l'énergie et des industries énergétiques de Trinité-et-Tobago, Stuart Richard Young. A cette rencontre participaient aussi le ministre du pétrole du Venezuela Tarek El Aissami, et le président de PDVSA Pedro Tellechea.

 

« Ce que veut Trinité-et-Tobago, c'est mettre en marche un gazoduc qui existe déjà entre le champ Dragão et le pays pour importer du gaz vénézuélien, le traiter et l'exporter dans d'autres pays, »,explique Ricardo Vaz.

 

On dit que Shell est l'entreprise privée la mieux placée pour participer à ce processus mais qu'il faudrait créer une nouvelle entreprise mixte avec la participation de PDVSA et de Trinité et Tobago, ce qui pourrait rendre les négociations plus difficiles.

 

« Shell travaille avec Trinité et Tobago, sur d'autres projets du secteur énergétique, et d'une certaine manière, cette licence émises par les États-Unis l’a été à la demande de Shell dans le sens où Trinité a besoin de développer ses réserves d'urgence, étant donné la forte demande énergétique dans toutes les Caraïbes. »

 

La recherche d'autres sources de combustible par les pays des Caraïbes s'est intensifiée avec les effets de la guerre en Ukraine et la communauté des Caraïbes (CARICOM) augmente ses pression sur les États-Unis pour qu'ils éliminent les sanctions contre le Venezuela.

 

Sa proximité géographique et son histoire de bonnes relations avec ses voisins des Caraïbes font de Caracas un fournisseur naturel de pétrole et d'autres combustibles pour la région.

 

Le 17 février, les pays du CARRICOM ont signé une résolution demandant à Washington de suspendre les sanctions en faveur de « la sécurité énergétique de la région. » Les Caraïbes demandent l'allégement du blocus pour pouvoir remettre en oeuvre PétroCaribe, un accord créé par l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez qui permettait de vendre du pétrole aux voisins, à des prix et à des conditions souples.

 

Vaz affirme que PétroCaribe a été important non seulement à cause du problème énergétique mais aussi parce qu'il a réduit la dépendance des pays des Caraïbes envers les entreprises étasuniennes, mais il ajoute que la remise en œuvre du projet n'est pas simple. « Le programme a été plus ou moins paralysé vers 2018, et pour le réactiver, il faut éliminer les sanctions non seulement par des licences mais de manière plus large et d'autres part il faut augmenter la production pétrolière du Venezuela, », dit-il.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/02/26/venezuela-las-transnacionales-petroleras-y-los-paises-del-caribe-quieren-que-ee-uu-suavice-las-sanciones/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/02/venezuela-les-transnationales-petrolieres-et-les-pays-des-caraibes-demandent-aux-etats-unis-d-assouplir-les-sanctions.html