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Bolivie : La rhétorique des « prisonniers politiques »

2 Mars 2023, 17:46pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Gabriel Villalba

 

En Bolivie, il n'y a pas de prisonniers politiques, il y a des politiciens en prison pour avoir commis des délits de droit commun en 2019. La situation du système judiciaire bolivien, un système imprégné par la corruption, le classisme et le racisme depuis les temps des « petits docteurs de Charcas» (des jurisconsulte  de la Royale audience de  Charcas signataires de l'acte d'indépendance en 1925 », dont les valeurs coloniales ont perduré jusqu'à nos jours, n'est pas nouvelle.

 

Un peu plus de trois ans après la rupture de l'ordre constitutionnel en novembre 2019, il y a peu de personnes en prison et en processus d’investigation: les plus importantes sont Jeanine Áñez et Luis Fernando Camacho.

 

Alors que l'argent court dans les tribunaux de justice comme monnaie d'échange officielle de plaideurs et de plaignants, les familles des victimes de Sacaba et Senkata continuent d’aller à la recherche de la justice et de l'éclaircissement des faits. La version officielle du régime de terreur d’ Áñez et d’Arturo, Murillo mentionne dans ses thèses ridicules que «ils voulaient faire exploser l’usine de gaz » (à Senkata), et « ils se sont tiré dessus entre eux » (à Sacaba). Les médias de désinformation de masse alliés de ce régime n'ont même pas eu la délicatesse de faire une rectification malgré le rapport final du GIEI (groupe interdisciplinaire d'experts indépendants), qui apporte des lumières sur les deux massacres, lumières qui évidemment, n'ont rien à voir avec les mensonges diffusés par le régime qui a attaqué le pouvoir en 2019.

 

Aujourd'hui, le pouvoir médiatique proche des acteurs et des intérêts de ceux qui ont rompu l'ordre constitutionnel en 2019, ont mis en place le discours des « prisonniers politiques. », Dans n'importe quelle partie du monde, s’autoproclamer présidente alors que la ligne de succession constitutionnelle est claire et contraignante, pas soumise à interprétation, dans notre Constitution, est, sans aucun doute, un délit de droit commun. Prendre le Palais du Gouvernement avec un gilet pare-balles comme l’a fait Luis Fernando Camacho, aux États-Unis (attaque du Capitole en 2021), au Brésil (attaque des édifices du Gouvernement en 2023) ou dans n'importe quelle partie du monde est un délit de droit commun qui doit être puni, pas un fait dont les acteurs seraient « des prisonniers politiques ». Ce sont, au contraire des délinquants de droit commun.

 

Avouer que ton propre père, « a fermé avec des policiers et des militaires pour qu'ils ne sortent pas », comme l’a fait Camacho lui-même, est sans aucun doute l'apologie la plus évidente d'un délit. Attaquer des institutions publiques, enlever des membres des familles de serviteurs publics pour les forcer à démissionner est aussi un délit de droit commun passible d'un traitement pénal ordinaire.

 

Ce sont les auteurs de ces faits, aujourd'hui en prison, et ceux qu'il reste encore à arrêter, le sur lesquels il reste encore à enquêter, et qu'il reste encore à emprisonner qui, aujourd'hui, craignant les conséquences de leurs actes de 2019, ont construit et modelé à leur convenance le récit des « prisonniers politiques » sublimé par les chaînes de leurs alliés, les médias de désinformation qui agissent comme un véritable parti politique d’opposition.

 

En Bolivie, il n'y a pas d'opposition plus importante au Gouvernement du MAS que les médias hégémoniques écrits, de radio et de télévision et d'autres part, l'église catholique. Deux pouvoirs factuels gênés par leur perte de privilèges dans la pyramide pigmentocratique, classiste et raciste qu'ils ont construite pendant la période de la république, et qui a été affectée à partir de 2005 par la première élection gagnée par le MAS et les changements structurels ultérieurs dans la société bolivienne.

 

L'État Pluri-national, avec son nouveau paradigme civilisateur, a une tâche difficile dans le domaine super-structurel de construction de sens, de récits, de réalités reconnues et transmises. Sons pouvoir d'irradiation dans la communication est insignifiant. Le récit des « prisonniers politiques en Bolivie », bien coordonné et géré, continuera à se répandre, à se mettre en place, et à se renforcer pour provoquer un sentiment négatif agglutinant comme en 2019, le slogan de « méga fraude ». Ce discours, très bien travaillé au niveau de la communication et géré par étapes jusqu'à ce qu'il chauffe les rues, se répète avec des tentatives plus modestes depuis 2020, 2021, 2022 et cette année 2023 ne sera pas une exception.

 

Le prétexte pour les troubles est toujours en construction mais on est en train d'essayer différents points d’action, les acteurs et les opérateurs de ce plan sont en train de se recomposer et de se renforcer face à l'inaction du Gouvernement. Alors que les comités civiques de Santa Cruz proposent un référendum révocatoire au président Luis Arce Catacora, les stratèges du Gouvernement, de véritables bureaucrates, n'ont pas su répondre avec, par exemple, un référendum révocatoire pour le maire, Ivan Arias, l'ancien ministre de Jeanine Áñez ou par une procédure de révocation du maire de Cochabamba,   Manfred Reyes Villa, coordinateur des militaires du service passif contre le Gouvernement.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/02/18/bolivia-la-retorica-presos-politicos/URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/03/bolivie-la-rhetorique-des-prisonniers-politiques.html