Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pensée critique : Le blocus du ciel, un autre chapitre des sanctions

7 Mars 2023, 17:30pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Geraldina Colotti

 

Cette histoire, qui concerne celle qui écrit, sert à illustrer un aspect insidieux des mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis dans son rôle de gendarme du monde : la persécution et le blocus des internationalistes qui « soutiennent des pays sanctionnés. » En effet, ceci est la motivation politique qui m'a amenée à être bloquée à l’aéroport, en novembre 2009, quand je cherchais à partir à Cuba sur un vol d'Air Europa en provenance de Rome avec escale à Madrid qui ne « survolait », même pas l'espace aérien nord-américain.

 

Impossible, alors, de procéder au check-in d'Espagne à La Havane. Le câble reçu par les fonctionnaires de la compagnie à l'aéroport de Rome.–Fiumicino disait : « Washington empêche le check-in du passager. » Une semaine plus tard, second voyage à Caracas et second blocage: en introduisant le passeport, il apparaissait « alerte rouge. »

 

Il s'en est suivi une dispute légale contre le monde pervers des « listes noires » sur lesquelles j'avais été introduite à partir d'une troisième ronde décidée par Trump dans la dernière partie de son mandat où il a commencé à « sanctionner ceux qui soutiennent des pays sanctionnés » parce qu’ils violent soi-disant les « droits de l’homme. »  Dans ce cas, en réalité, de nombreux droits étaient violés : le droit à l'information et à la culture, le droit à la libre circulation, au libre commerce, etc.

 

Et surtout il a été impossible de connaître officiellement l'origine du blocage. Aux actions légales, Washington réponds seulement aux milliers de ses citoyens qui ont été inclus dans les « listes noires » et ne peuvent même pas voyager dans leur propre pays. Aux autres, rien. Jusqu'à présent, l'avocat qui a osé prendre ma défense n'a obtenu aucune réponse.

 

Et maintenant, un nouveau blocage sur l'aéroport d'Istanbul sur un vol à destination de Caracas. La « carte d'embarquement transitoire » émise par Turkish Airlines à Rome, et montrée à l’aéroport d'Istanbul ne servait à rien. Un haut fonctionnaire turc a eu une longue conversation téléphonique avec son homologue à Washington, obsédé par l'idée que la voyageuse voulait aller à Cuba.

 

Au bout d'une heure, le jeune officier turc, s'est relâché, gêné et impuissant, m’a regardé avec une certaine sympathie et m'a proposé de revenir la nuit suivante quand il y aurait un vol direct et il m'a dit que la compagnie aérienne pourrait peut-être décider de façon indépendante. Mais avec quelle garantie ? Je serai seul le lendemain.

 

En regardant ce jeune, visiblement gêné par ce qui se passait, j'ai pensé aux mesures coercitives unilatérales. Un mélange opaque, et puant qui laisse une large marge discrétionnaire aux banques, aux entreprises, à la police, pour détourner la mesure dans un sens encore plus restrictif mais n’offre aucune possibilité de s'échapper, parce que il limite même la « compassion » humaine. Dans un monde informatisé, marqué par la mondialisation capitaliste, les possibilités de contrôle sont en temps réel. Et le « stigmates » une fois imprimé sera difficilement annulé grâce au même automatisme par lequel il a été appliqué.

 

Si l’être humain désigné pour appliquer ces mesures, que ce soit un policier ou un fonctionnaire, décide de ne pas le faire, impressionné par l'injustice commise, il réalisera un acte illégal et pourrait subir des conséquences de la même ampleur. Paradoxalement, l'oppression d'origine, l'imposition de mesures coercitives unilatérales illégales provoque une chaîne d'autres opérations illégales imposées en tant que lois et règlements. C'est l'exception qui devient la norme. C'est le far ouest déguisé en « démocratie ».

 

Une tendance soutenue par l'ensemble des règles économiques internationales, stipulée en 1944 dans les accords de Bretton Woods entre les principaux pays industrialisés du monde occidental et qui a évolué dans le cours des passages qui ont conduit à la mondialisation capitaliste. Aujourd'hui, il y a très peu de compagnies aériennes qui n'ont aucune participation économique des États-Unis.

 

Une tendance qui, en Europe, s'est accélérée pendant les années 1970 et la vague révolutionnaire qui a mis au centre la question du communisme et la prise du pouvoir dans plusieurs pays européens en commençant par l'Italie. Ainsi, la guerre sale livrée par la CIA et ses ramifications internationales pour lutter contre « l'ennemi intérieur » (le communisme) s'est confondue de plus en plus avec les intérêts du grand capital international et du complexe industriel et militaire d'une certaine manière « en institutionnalisant », la législation de « l’urgence ».

 

Nous ne pensions pas être des victimes, nous savions que nous étions dans une guerre sans caserne. Mais nous faisions partie d'un projet collectif, personne ne se sentait seul face à l'oppression. Après la chute de l'Union soviétique, l'expansion de l'économie de guerre et le chaos provoqué par les politiques impérialistes au niveau planétaire (et surtout dans le sud mondial), les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles aux États-Unis ont fourni le prétexte à un nouveau durcissement, à une nouvelle accélération de la société de contrôle comme corréla nécessaire à la protection des intérêts impérialistes.

 

À l'époque, Washington  empêchait les « intéressés » de mettre un pied sur le sol des États-Unis. Ensuite, il a empêché le survol de « son », espace aérien. Et Trump a décidé de « sanctionner ceux qui soutiennent les pays sanctionnés. » Il y a eu, par exemple, le cas d’un patron italien qui a vu ses comptes bloqués par le ministère du trésor des États-Unis parce qu'il portait le même nom qu'un patron qui vivait en Suisse et avait des relations commerciales avec le Venezuela. Et ensuite, une accélération supplémentaire et sans précédent : l'enlèvement et la déportation d'un diplomate, Alex Saab.

 

… et ensuite, pour moi, le prix du changement des billets, les difficultés linguistiques, le problème de trois ; la longue attente à l'aéroport, surtout l'incertitude sur la possibilité de pouvoir partir la nuit suivante. Colère, impuissance, impossibilité de décider et d'agir. Retourner ? Tout abandonner ? D'aucune manière. Essayer jusqu'au bout, chercher une étincelle, et si il n'y en a pas, l’inventer. Pendant ce temps, le rapprochement des camarades au Venezuela et à l'étranger a lieu. Et le message de Chávez, 10 ans après sa mort, repris par la Révolution Bolivarienne : si il nous n’entrons pas par la porte, nous entrons par la fenêtre.

 

Et donc, de retour à la porte d'embarquement, la nuit suivante. Les jeunes employés de la compagnie aérienne m'embrassent : « Tout va bien, le disent-ils, tu peux passer. », Une compassion qui unit les peuples face à l'injustice, semence de rébellion.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/03/06/pensamiento-critico-el-bloqueo-de-los-cielos-otro-capitulo-de-las-sanciones/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/03/pensee-critique-le-blocus-du-ciel-un-autre-chapitre-des-sanctions.html