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Pérou : Le retour des vice-rois

27 Mars 2023, 17:05pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Gustavo Espinoza M.

 

Franchement, alarmer par la faible qualité personnelle des présidents de la République, un mercenaire de l'Empire bien connu a réclamé récemment dans les pages d'un journal du matin « le retour des vice-rois. » Oui, il demandait clairement le retour de la colonie avec toutes ses expressions de flagornerie, de soumission et de vassalité.

 

Et que le Pérou soit un Etat indépendant et souverain, même avec toutes ses précarités et ses limites, lui fend le coeur. C'est pourquoi il réside en Espagne–« la Mère Patrie »–où il se sent mieux, beaucoup mieux que « dans cette terre douce et apprivoisée », comme la considérait José Carlos Mariátegui dans les années du civiliste José Pardo.

 

Cette façon de voir les choses ne devrait pas surprendre. C'est l'optique d'une petite couche de parasites qui parlent au nom de la classe dominante et qui déteste tout ce qui ressemble à la démocratie réelle, à l'indépendance ou à la liberté. Pour elle, la société parfaite est différente : c’est  celle qui s'élève à partir de l'exploitation humaine et qui institue la servilité et la domination comme pain quotidien.

 

C'est pourquoi elle regarde les choses de cette façon, hait tout processus émancipateur et tout souffle de progrès. Le monde des vice-rois qui construisent des ponts et des tribunaux comme celui de la Sainte Inquisition est pour elle plus prodigue, frais et doux que cette scène troublée sur laquelle les travailleurs exigent leurs droits et les peuples originaires haussent la voix.

 

C'est sur cette ligne qu'un autre personnage d'opérette, l'éphémère chancelier Miguel Ángel Rodríguez Mackay a affirmé il y a quelques jours dans une certaine presse de cloaque que « les protestation radicales à Puno jouiraient des conseils du renseignement cubain. » Apporte-t-il une preuve, ce monsieur ? Son affirmation aventureuse, a-t-elle trouvé une base ? Soutient-il d'une certaine façon l’étrange thèse ainsi, exposée ? Évidemment, non. C'est pourquoi il la met au conditionnel. Et il se limite, comme un perroquet emplumé, à répéter des formules communes que construisent les « services » d’un autre pays.

 

Le diplomate est parti d'une idée ingénieuse : « il n'est un secret pour personne, dit-il, que le renseignement cubain opère sur tout le continent américain. » Et il affirme ensuite que « c'est la logique maîtresse de toute la politique extérieure du pays des Caraïbes. » Il semblerait que ce vénérable citoyen ce soit trompé de pays parce que celui qui opère –à travers son renseignement– sur le continent et dans le monde, ce sont les États-Unis d'Amérique du Nord. Ne le sait-il pas ? Où était-il distrait quand il a dû traiter ce sujet ? Parce que ce n'est pas un, imbécile et  il ne doit pas être si mal informée ça.  Pour le reste, l'expression convient parfaitement : USA.

 

Il est bon, en tout cas, qu'il rappelle que dans les années 70 du siècle dernier, la représentation de l'Agence Centrale de Renseignements qui opérait depuis un bureau situé dans l'immeuble Grau sous le commandement d'un certain Shaper a été expulsée du Pérou et que des années plus tard –dans les années 80– elle a été rétablie, tous ses biens restitués et ses fonctions acceptées.

 

De cette façon, elle a continué « à opérer », au Pérou, et en Amérique, sans aucun problème, et cette fois, sous la direction d'un diplomate bien connu, l'ambassadeur Sergio Siracusa. Comme il n'avait aucun argument, l'interviewé est remonté aux années 60 du siècle dernier, -selon lui- « le renseignement cubain soutenait les guérilla dans différents pays. » L'ambiguïté est simplement ridicule.

 

Dans ces années là, les Gouvernements de tous les pays d’Amérique –excepté le Mexique– étaient contre Cuba. N'est-il peut-être pas vrai que le président Prado avait ordonné au chancelier Porras d'aller à l’OEA et d'en expulser Cuba et qu’il a désobéi ? Évidemment, si on avait chargé de la commission Rodríguez Mackay, l'ordre aurait été accompli avec bienveillance. Vrai ? À l'époque (presque), tous les Gouvernements ont agi de la même façon et tous ils ont soutenu le terrorisme, le blocus, Playa Girón, l'attentat des Barbades, tout. Que pouvaient-ils attendre de « du renseignement cubain » ? Des sourires et des applaudissements ?

 

Le diplomate n'a pas ménagé ses éloges au renseignement cubain qu'il déteste et lui a même attribué des pouvoirs magiques. En effet, il a dit qu'il était capable de tout: depuis déstabiliser des Gouvernements jusqu'à « en finir avec la démocratie » dans toutes ses parties. Et cela, simplement pour appliquer les « recettes » du forum de Sao Paulo et forger « le socialisme du XXIe siècle. »

 

Bien sûr, il ne manque pas une pointe. Il dit que « ses instruments » sont les organismes de solidarité envers Cuba, et que son exécutant n'est rien moins que l’ambassadeur Zamora, un diplomate qui a presque 50 ans d'activité dans ce domaine.

 

Ainsi, comme quelqu'un qui ne le veut pas, il a joué une partie à deux bandes. Il a ouvert la porte pour qualifier « d'agents du renseignement cubain » ceux qui organisent, encouragent, promeuvent la solidarité avec Cuba et a mis dans son objectif un fonctionnaire avec qui –on suppose– il a eu des relations normales pendant la période pendant laquelle il était titulaire de Torres Tagle sous le gouvernement de Pedro Castillo, une époque pendant laquelle, sans doute, il lui a tendu la main. Dans le fond, il cherche à rompre avec Cuba une autre fois, mais maintenant il n'a aucune excuse.

 

Aujourd'hui, il parle de Zamora et le présente comme l'expression de l'agent 007, un super espion auquel il invente toute une série d'histoires truculentes. Il dira qu'il était « l'éminence grise » qui se déplaçait dans l'ombre de l'espagnol Hernandez.

 

Aussi bien le journaliste que le diplomate rêvent éveillés du retour des vice-rois. Si le sujet les passionne tant, ils feraient bien de se souvenir des’n d’eux, dont José Fernando d’Abascal y Sousa qui, en 1816, a fui Lima, quand lors d'une cérémonie publique, on lui a lancé trois petites bourses qui contenaient des fèves, de la chaux et du sel. L’homme, perspicace, les a mises ordre et a lu le message : sel, chaux et fève et alors, il est parti en vitesse et ne s'est pas arrêté tant qu'il n'a pas atteint la capitale ibérique.

 

S’ils sont aussi intelligent éveillés, pourquoi n'envoient-t-il pas trois petites bourses à Dina et ne réussissent-t-il pas à ce qu'elle s’en aille ? Ainsi, personne n'aura besoin que les vice-rois reviennent. Il suffira que les sujets décident de résider à Madrid. Là, ils auront des rois.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/03/26/peru-el-retorno-de-los-virreyes/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/03/perou-le-retour-des-vice-rois.html