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Pérou: Nouveau cas de blanchiment d'argent impliquant Keiko Fujimori

15 Avril 2023, 17:37pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Carlos Noriega

 

Le Parquet a saisi près de 300 immeubles et véhicules de Joaquín Ramírez, ancien membre du Congrès du parti fujimoriste Force Populaire. La relation de Ramirez avec Keiko est étroite et remonte à des années : il a été son chef de campagne en 2016.

 

De Lima

 

Un nouveau cas de blanchiment d'argent implique la chef du Fujimorisme, Keiko Fujimori. La candidate présidentielle trois fois vaincue, fille et héritière politique du dictateur emprisonné Alberto Fujimori, est incluse dans une enquête fiscale sur une organisation criminelle dirigée par l'ancien secrétaire général et ancien membre du Congrès du parti fujimoriste Force Populaire, Joaquín Ramírez.

 

Cette semaine, le bureau du procureur a saisi près de 300 immeubles et véhicules de Ramirez, qui ont également fait l'objet d'une enquête pour trafic de drogue. Keiko est accusé d'être la branche politique de cette organisation criminelle, de lui donner une protection et de bénéficier financièrement du blanchiment d'argent.

 

Une partie des 183 000 000 de dollars qui, selon les premiers calculs du parquet, auraient été obtenus illégalement et lavés par le clan Ramirez, a été destinée, selon cette enquête, à financer les campagnes électorales de Keiko.

 

L'affaire Odebrecht

 

La chef du fujimorisme est accusée dans une autre affaire de blanchiment d’argent pour avoir reçu et n'avoir pas déclaré plus de 10 000 000 de dollars de puissants entrepreneurs péruviens et de l'entreprise de construction brésilienne Odebrecht impliquée dans un super scandale de corruption régionale, pour ses campagnes électorales de 2011 et 2016.

 

Pour cette affaire, le Parquet a demandé qu’elle soit condamnée à 30 ans de prison. Le procès oral devrait commencer dans les prochains mois.

 

Ramirez, qui a travaillé comme contrôleur de bus, a réussi à accumuler une fortune d'origine inconnue. En 2016, alors qu'il était membre du Congrès, chef de campagne et financier de Keiko, il a été révélé que l'agence américaine de lutte contre la drogue, la DEA, enquêtait sur lui pour trafic de drogue.

 

Quelque temps auparavant, en 2014, au Pérou, le bureau du procureur pour le blanchiment d'argent l'avait dénoncé pour blanchiment. Lorsqu'on lui a demandé ses livres de comptes pour vérifier ses revenus, il a dit qu'il les avait perdus en les oubliant dans un taxi. Protégé par le fujimorisme, l'immunité qu'il avait en tant que membre du Congrès a bloqué cette enquête.

 

En 2017, cette enquête pour blanchiment a été archivée, mais ensuite rouverte. Cette semaine, l'affaire a repris de l'importance lorsque le bureau du procureur spécialisé dans    le blanchiment d’argent a saisi 295 propriétés de Ramirez, dont des résidences de luxe, des bâtiments, des bureaux, des véhicules et des avions. Le montant de ces biens est estimé à environ 1 000 000 000 de dollars. L'enquête fiscale concerne 14 personnes, dont Keiko et un frère de Joaquín Ramírez, Osías, qui a également été membre du Congrès pour le fujimorisme.

 

Selon l'enquête fiscale, l'organisation dirigée par Joaquín Ramírez a utilisé l'Université Alas Peruanas, dont l'administration a été contrôlée par un oncle de Ramírez pendant20 ans, pour s'enrichir grâce à des opérations illicites, qui comprenaient des contrats frauduleux pour des services non réalisés ou surévalués.

 

Approfondir l'enquête sur le trafic de drogue en tant que source des revenus illicites de plusieurs millions de Ramirez reste à l’ordre du jour. On soupçonne sérieusement que son immense fortune n'est pas seulement liée aux affaires sales de l'université. L'ancien membre du Congrès fujimoriste a utilisé une chaîne de stations-service, diverses entreprises et l'achat de biens immobiliers pour blanchir ses revenus illicites. Le Parquet note que Keiko, en plus de bénéficier financièrement des ressources illicites de cette organisation, a participé directement au moins à une triangulation dans l'achat et la revente d'un terrain dans le cadre d'une opération de blanchiment.

 

La relation de Ramirez avec Keiko est étroite et remonte à des années. Ramirez finançait le fujimorisme et Keiko utilisait son pouvoir au Congrès et son influence sur le système de justice pour le protéger. Cette relation basée sur le pouvoir de sa fortune a permis à Ramirez de monter rapidement dans la direction du fujimorisme.

 

En 2011, il a été élu membre du Congrès, puis porte-parole du groupe fujimoriste. Il a été parlementaire et secrétaire général de Force Populaire jusqu'en 2016. Bien que Ramirez ait été dénoncé en 2014 par le bureau du procureur pour le blanchiment d'argent, Keiko l'a nommé chef de sa campagne électorale pour les élections de 2016.

 

Pour cette campagne, Keiko a installé son quartier général dans une maison d’un quartier résidentiel sélect de Lima appartenant à Ramirez.Celui qui est l’objet d’une enquête pour blanchiment d’argent a donné une autre de ses propriétés dans la capitale pour qu'elle serve de bureau à Force Populaire. Il a également donné des véhicules. Ramirez est devenu le bras droit de Keiko dans cette campagne. Ils sont allés ensemble partout.

 

Une enquête de la DEA

 

Lors de la dernière partie de la campagne de 2016, la déclaration d'un pilote d'avion péruvien et informateur de la DEA basé aux États-Unis, Jesús Vásquez, affirmant que Ramírez faisait l'objet d'une enquête de cette agence et que lors d'une réunion, il lui avait dit qu'il avait blanchi 15 000 000 de dollars, a été diffusée. Il a été confirmé que la DEA enquêtait sur le haut dirigeant fujimoriste. A cause du scandale, Ramirez a démissionné du secrétariat général de Force Populaire et s'est éloigné du parti, au moins officiellement, dans une opération de contrôle des dégâts qui n'a pas empêché la défaite de Keiko aux élections. En janvier de cette année, Ramírez a été élu maire de la province de Cajamarca, poste auquel il a postulé pour un mouvement indépendant régional qu’il a formé.

 

Le fujimorisme a voulu prendre ses distances par rapport à Ramirez en disant qu'il ne fait plus partie du parti mais une bonne partie des faits dénoncés ont eu lieu lorsqu'il était un haut dirigeant fujimoriste et impliquent Keiko. Et bien qu'ils essaient maintenant de le nier, la protection qu'ils lui ont donnée et le fait qu'ils ont bénéficié de l'argent sale de Ramirez ne peuvent être cachés. Après les premières déclarations des ministres de l'Intérieur et de la Justice soutenant l'enquête fiscale, Force Populaire a publié une déclaration exigeant de la présidente Dina Boluarte qu’elle « donne des instructions à ses ministres » pour qu’ils ne s’expriment pas sur les accusations contre Keiko et Ramirez.

 

Peu après la diffusion de ce communiqué, écrit sur un ton menaçant, le chef du cabinet ministériel, Alberto Otárola, est venu déclarer qu’aucun membre  du Gouvernement ne parlerait de la question. "Nous n'allons pas nous référer à un cas faisant l'objet d'une enquête", s’est-il empressé de déclarer pour rassurer le fujimorisme. Un changement radical dans la position d’Otárola, des autres ministres et de la présidente elle-même qui, dans le cas de Pedro Castillo, ont fait des déclarations énergiques dans les enquêtes fiscales concernant l'ancien président.

 

Maintenant que le fujimorisme fait l'objet d'une enquête, le Gouvernement opte pour le silence. Keiko l'exige et le Gouvernement s'y conforme. L'affaire Ramirez avec de l'argent sale, des opérations illicites et des personnages obscurs liés au trafic de drogue implique à nouveau Keiko et le fujimorisme.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/04/14/peru-un-nuevo-caso-de-lavado-de-dinero-involucra-a-keiko-fujimori-investigan-si-la-excandidata-peruana-es-el-brazo-politico-de-una-organizacion-criminal/

URL de cet article:

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/04/perou-nouveau-cas-de-blanchiment-d-argent-impliquant-keiko-fujimori.html