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Pérou : Tentative de censure d’un rapport sur les violation des droits de l’homme

4 Avril 2023, 16:06pm

Publié par Bolivar Infos

Carlos Noriega

 

Le gouvernement de Boluarte a voulu empêcher la diffusion d'un rapport d’Amnesty international. La municipalité de Miraflores a fermé le centre de mémoire, de tolérance et d’inclusion sociale où le rapport allait être présenté, mais cela s'est fait dans un hôtel.

 

Depuis Lima

 

La droite a essayé d'empêcher la présentation du rapport annuel d’Amnesty international. Elle n'y est pas arrivé. Un rapport au niveau mondial qui, dans le cas du Pérou, dénonce de graves violationsdes droits de l'homme–la mort de manifestant par arme à feu de la part des forces de sécurité et des arrestations arbitraires–dans la répression des protestations sociales contre le Gouvernement de Dina Boluarte. La municipalité de Miraflores, dans le district de Lima, administrée par l’extrême-droite qui gouverne avec Boluarte a ordonné la fermeture du lieu de la mémoire, de la tolérance et de l'inclusion sociale (LUM), un lieu de mémoire et de réflexion sur le conflit armé interne des années 80 et 90 et sur les violations des droits de l'homme où, mardi, devait être présenté le rapport d’Amnesty. La fermeture du LUM a eu lieu quelques heures avant la présentation du rapport. Après une rapide gestion de dernière heure d’Amnesty, le rapport a pu être présenté mardi soir dans un hôtel de Lima.

 

Le rapport

 

Le rapport d'Amnesty dont on a voulu empêcher la présentation dénonce « l'utilisation illégitime de la force » qui comprend des tirs avec des fusils de guerre contre les protestations qui réclament la démission de Boluarte et l'avancée des élections. Depuis que les protestation ont éclaté, après que le 7 décembre, Pedro Castillo ait été destitué, emprisonné et remplacé par Boluarte, 49 manifestants sont morts sous les balles des policiers et des militaires. Le total des morts dans le cadre des protestations est de 67. Il y a plus de 1000 blessés dont beaucoup par arme à feu. Les plus hautes autorités du Gouvernement ont soutenu les forces de sécurité, accusées d'avoir tiré sur les manifestants. Amnesty a défini la répression du Gouvernement comme « des crimes contre le droit international » et a dénoncé « une tendance raciste. » La plupart des victimes sont des habitants des Andes, quechuas et aymaras.

 

« La situation des droits de l'homme au Pérou est très inquiétante. La tendance raciste dans la répression a été décisive. L'impunité est l'une des principales préoccupations. Il y a beaucoup de morts lors des protestations et personne n'a été arrêté pour cela. Nous demandons une enquête sur toute la chaîne de commandement. Si la justice ne se fait pas au Pérou, il faudra aller devant les instances internationales, » a signalé Marina Navarro, directrice exécutive d’Amnesty International Pérou.

 

La gauche a proposé au Congrès la destitution de Boluarte pour la répression des protestations. Jeudi, on débattra pour savoir si on accepte d'engager le processus de destitution de la présidente, ce pourquoi il faut 52 voix sur les 130 membres du Congrès, un objectif difficile à atteindre dans un Congrès dominé par la droite. Si ce nombre de voix est atteint, Boluarte devra aller au Congrès répondre des morts lors de la répression. Mais le soutien de la droite et de l'extrême droite qu'elle a la blinde face à une éventuelle destitution, pour laquelle il faut 87 voix.

 

La tentative de censure

 

La fermeture intempestive du LUM était destinée à empêcher la présentation du rapport d’Amnesty mais cette décision va bien au-delà. La droite veut en finir avec cette important espace de mémoire ouvert en 2015 qui rappelle la violence de l'État et des groupes armés Sentier lumineux et MRTA entre 1980 et 2000. Une violence qui a fait presque 70 000 morts dont 75 % d'habitants des Andes parlant quechua. La droite cherche à réécrire l'histoire en occultant, en faisant oublier les massacres de communautés paysannes, les enlèvements, les tortures, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions produits par la violence d'Etat. La fermeture du LUM qui présente une forme équilibré de l'histoire complète  s’inscrit dans ce cadre.

 

C’est Carlos Canalès, le maire de Miraflores, le district dans lequel se situe le musée dans une construction financée par le Gouvernement allemand, qui se trouve dans les escarpements face a la mer, qui a pris la décision de fermer l’LUM. Canalès, du parti d'extrême droite Rénovation Populaire, a voulu retirer de l'importance à cette fermeture, en disant qu'elle était temporaire à cause de l'absence d'actualisation d'un certificat de sécurité des installations qui était en cours.

 

Cette décision du maire de Miraflores est dans la ligne de ce qui a été annoncé par son chef politique, le maire de la province de Lima, le fasciste, Raphaël Lopez, Aliaga, président de Rénovation Populaire est ancien candidat à la présidence. En prenant ses fonctions de maire en janvier, Lopez Aliaga connu comme « Porky », a menacé de fermer le l’LUM ou de le remettre aux forces armées pour qu'elles racontent « leur histoire » du conflit armé interne. « Assez de ces musées de mémoire et de réconciliation », a dit Lopez Aliaga. Une affirmation reçue comme un ordre pour le maire de Miraflores, membre de son parti.

 

Abusif et illégal

 

Manuel Burga, directeur de l’LUM, a qualifié sa fermeture « d’abusive illégale. » Il a signalé qu'il respectent les normes de sécurité et que le renouvellement du certificat qu’exige la municipalité est en cours. Il a dénoncé le fait que pour justifier la fermeture, la municipalité remet en question « des choses comme le fait que le détecteur de fumée est placé verticalement et doit l’être horizontalement ou qu'un escalier a beaucoup de marches. » Le ministère de la culture dont dépend l'LUM a émis un communiqué soutenant la décision municipale de le fermer.

 

Gloria Cano, directrice de l'Association pour les Droits de l'Homme a déclaré à pagina 12, que l'absence d'un certificat municipal « a été un prétexte pour la fermeture de l’LUM quand on allait présenter le rapport d'Amnesty qui est ferme sur les violation des droits de l'homme dans le pays. » Elle a averti que l'objectif est que l'LUM disparaisse. «La droite qui gouvernent avec Boluarte se sent plus puissante et à cause de cela, s’en prend à l’LUM. Ils ont dans l'esprit de faire obstruction à la mission du musée qui est de maintenir la mémoire. L'intention est de fermer définitivement ce musée. »

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/03/30/peru-como-fracaso-un-intento-de-censura-a-un-informe-sobre-violaciones-de-dd-hh/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/04/perou-tentative-de-censure-d-un-rapport-sur-les-violation-des-droits-de-l-homme.html