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Colombie : L'ambassadeur José Noé Rios parle des relations avec Cuba

10 Mai 2023, 16:29pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Dans la maison de l'ambassadeur de Colombie à Cuba, il y a un drapeau de ce pays et une photo de Gustavo Pétro.

 

« Bienvenue dans la maison de la Colombie, » dit José, Noé Rios quand nous arrivons sur la terrasse pour parler de la XXXIème foire internationale du livre de La Havane dont la Colombie a été l'invité d’honneur et de l'intérêt de renforcer les relations diplomatiques entre les deux Etats.

 

Dès que Gustavo Pétro est devenu président, le 7 août 2022, il a défendu la thèse disant que les liens de fraternité entre Cuba et la Colombie sont plus forts que les décisions malencontreuses prises par le Gouvernement antérieur de la Colombie.

 

–Que signifie pour la Colombie le fait d'être l'invité d’honneur de la foire internationale du livre de La Havane?

 

–Cela nous a donné la possibilité d'avoir à nouveau une présence massive à Cuba. Ça a été le lieu d’où nous avons montré au monde entier, parce que la foire a une incidence international extrêmement forte, qui nous sommes, ce que nous écrivons, comment nous pensons, comment sont nos relations avec Cuba, comment est notre fraternité, comment a été notre solidarité historique et qui sont nos artistes.

 

« Nous confirmons l'immense valeur de Gabriel Garcia Márquez et de la relation de cet écrivain et d'autres écrivains colombiens avec Cuba. Nous avons pu remercier la maison des Amériques qui a été une référence littéraire pour la Colombie depuis 1963.

 

Comme, à Cuba, les livres sont vendus à un prix très accessible au public, et qu’en Colombie, ils sont plus chers, le Gouvernement a pris la décision d'acheter ces titres pour les vendre à la foire à un prix accessible avec l'engagement que ceux qui resteraient seraient donnés à des bibliothèque ou à des communautés. Quand la foire s'est terminée, on a donné 246 livres sur la Colombie à la Bibliothèque Nationale.

 

Lors de cet événement, le 18 causeries ont été réalisées, 20 écrivains colombiens ont montré leurs livres, leurs œuvres, leurs écrits, ont lu la poésie qu'ils ont apportée, présenté de nouveaux titres deux ou trois fois par jour, rétablissant ainsi les relations de dialogue littéraire qui ont toujours existé entre la Colombie et Cuba.

 

De plus, on a renouvelé les accords qui étaient suspendus depuis 4 ans avec la Bibliothèque Nationale, la Maison des Amériques et le Bureau de l'Historien de la Havane.

 

À la fin de la fête, une délégation du ministère de la culture, des arts et des savoirs de Colombie, présidée par Angela Beltran, directrice des Arts et par Béatrice Mejía, chef des affaires internationales et de la coopération est venue pour concrétiser l'ordre du jour du programme culturel Colombie–Cuba 2023 parce que nous avons pris la décision d'avoir une présence dans ce pays du point de vue culturel pendant toute l’année.

 

En décembre, nous avons inauguré une exposition de l'artiste Alvaro Barrios au palais de Lombillo, une exposition qui a été le point d'union avec la foire du livre. Ces 38 œuvres ont été données la semaine dernière à la Maison des Amériques.

 

Le président Pétro a pensé qu'il était prudent d'envoyer un message plus large et a envoyé à l'inauguration de la Foire Internationale du Livre de La Havane deux personnes d’une immense importance en Colombie : la vice-présidentes Francia Márquez et la ministre de la culture, des arts et des savoirs, Patricia Arisa. La vice-présidente a confirmé l'engagement du Gouvernement colombien envers la paix, la cohabitation, le respect des peuples et le fait que Cuba et la Colombie ont beaucoup de points communs.

 

J'apporte un message très fort qui confirme que nous demandons au Gouvernement des États-Unis de retirer Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. Nous disons également à Washington que le blocus est injuste et cause d'immenses dégâts non à un Gouvernement mais à l’humanité.

 

J'apporte le message d'une nouvelle politique d’intégration de la Colombie avec les Caraïbes et avec l'Afrique. La vice-présidente a eu 2 réunions, l'une avec tous les pays des Antilles qui ont une ambassade à Cuba, l'autre avec les pays africains qui ont un siège ici et nous sommes en train d’établir une feuille de route pour promouvoir cette intégration. Nous voulons que Cuba soit le centre de tous ces développements.

 

José Noé Ríos, ambassadeur de Colombie à Cuba, réaffirme que son Gouvernement cherche des voies de coopération avec l’Ile toujours « dans le respect de l'identité de chaque nation. »

 

« Nous, les peuples, pouvons être ensemble, progresser et cohabiter, », assure-t-il.

 

« Pour cela, la culture est un pont entre deux nations. La musique, par exemple. Vous aimez notre musique autant que nous aimons la vôtre. Dans le monde, nos rythmes se confondent. La façon d'être. La Havane est très semblable à Carthagène, » déclare-t-il.

 

Le 7 août 2022, quand le président Gustavo Pétro est arrivé au pouvoir, il a réalisé un changement dans l'histoire de la Colombie et dans les relations avec la République de Cuba, affirme Noé Rios.

 

« Nous avions eu un Gouvernement (2018–2022) à tendance politique absolument conservatrice et retardataire qui a pris beaucoup de décision erronées mais la plus malencontreuse de toutes fut d'oublier l'accord de Paix qu’avait signé l'ancien président Manuel Santos avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie–Armée du Peuple (FARC–EP) et une négociation ouverte avec l'Armée de Libération Nationale (ELN), un processus qui avait été mené à bien à Cuba.

 

« Le Gouvernement d'Ivan Duque n'a pas reconnu l'accord avec les FARC–EP, sous prétexte qu'il n'avait pas à respecter ce qui avait été décidé parce que il ne l'avait pas signé, alors que tout ce qu'il a fait l’a été dans le contexte d'une politique d’État.

 

« Duque a suspendu la négociation avec l’ELN et les représentants de cette organisation de guérilla sont restés à Cuba. Pendant ces quatre ans, le problème de la paix a été extrêmement mal géré. Le Gouvernement de Duque a demandé au Gouvernement de Cuba de capturer et d'envoyer en Colombie les membres de l'ELN pour qu'il soient extradés.

 

Ce pays est un pays sérieux est ami de la paix. Cuba n'a pas accepté cette demande et tout s'est terminé par une série de processus avec deux conséquences négatives : le processus de paix a été suspendu et la violence a continué et cette décision a eu une incidence sur le fait que Cuba soit incluse à nouveau dans la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. Une chose absolument injuste qui nous fait honte à nous, les colombiens amis de la paix et de ce peuple.

 

À partir du 7 août 2022, nous avons vécu une nouvelle ère de rétablissement de la confiance, des relations et du soutien dont nous avons besoin de la part de Cuba pour terminer ces processus de paix.»

 

Selon Noé Rios, sa mission d'ambassadeur, à la Havane a quatre objectifs fondamentaux:

 

–Rétablir la confiance avec le Gouvernement de Cuba après quatre années très difficiles.

–Reprendre les relations commerciales, culturelles, scientifiques et sportives.

–Renforcer les relations de la Colombie avec les Caraïbes et les Antilles.

–Promouvoir les aspects concernant la protection de l'environnement et la transition énergétique.

 

"Nous avons trouvé le Gouvernement cubain très réceptif car il a compris que la relation des peuples a été plus forte que celle des gouvernants, » affirme le diplomate.

 

« La tâche que nous avons a son origine dans des phrases du message du président Pétro : Nous avons toujours été amis et nous avons et nous allons continuer à l’être. Nous rétablirons tout ce qui concerne le processus de paix. Il est injuste que Cuba soit incorporée au groupe de pays qui soutiennent le terrorisme et nous demandons aux États-Unis de revenir immédiatement sur cette infâme décision et comme l'on fait 99 % des pays, nous appelons instamment à la levée du blocus économique et financier auquel est soumis le pays depuis plus de 60 ans. »

 

Qu’a fait le Gouvernement de Colombie pour rétablir cette confiance ?

 

–Les premiers pas, nous les avons fait dans une période très courte, parce que j'étais ici depuis le 9 novembre. Premièrement, nous sommes revenus dans l'Association des Etats des Caraïbes. Deuxièmement, nous avons participé à la Foire Internationale de la Havane. Le ministre du commerce extérieur de Colombie est venu. Il était dans des rondes d’affaires. Il a rencontré le président Diaz-Canel. Nous avons amené à la FIHAV 42 patrons pour étudier des options d’investissement.

 

«ensuite, nous avons réalisé une réunion de Bi nationale Colombie.–Cuba. Le vice ministre du commerce, des relations extérieures, le directeur du consulat, le directeur de la migration et d'autres entités qui ont à voir avec les accords que nous avions signés avec Cuba, paralysé depuis 4 ans et que nous souhaitions réactiver sont venus. Nous avons remis sur la bonne voie tous les accords qui étaient en attente.

 

On a décidé aussi qu’un groupe de techniciens des organismes de contrôle phytosanitaires de Cuba se rendrait en Colombie pour valider des certifications que l'institut colombien donne aux produits -surtout des produits carnés–qui sont produits là pour qu'ils puissent t être importés sans gros problème et ainsi approvisionner Cuba en produits dont elle a besoin.

 

Le ministre du commerce extérieur et de l'investissement étranger de Cuba, Rodrigo Malmierca est venu récemment en Colombie pour étudier des possibilités commerciales entre les deux pays. Nous voulons rétablir les relations dans le domaine médical et scientifique et maintenir un fil conducteur permanent grâce au domaine culturel. »

 

Que signifie Cuba pour vous ?

 

–Je perds un peu mon objectivité quand je parle de Cuba, parce que je suis lié sentimentalement à ce pays depuis très longtemps.Quand je suis allé à la Maison des Amériques pour la première fois en tant qu’ambassadeur, j’ai été frappé par une émotion impressionnante parce que c’était comme apporter à ma vie tout ce que cette institution a représenté pour nous, la génération des années 60, des années soixante-dix.

 

Cuba est l’exemple clair de ce qu’est la dignité, le respect et la capacité d’un peuple qui lutte, sans distinction, indépendant des puissances supérieures. C’est un peuple qui s’est fait respecter et cela signifie beaucoup pour nous. J’apprécie la capacité d’utiliser la parole  et cette résistance profonde.

 

Si les États-Unis agissent avec sagesse–une décision que nous espérons- retirent Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme et lèvent le blocus injuste et inefficace pour leurs objectifs, nous verrons une Cuba dynamique et en plein développement. »

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/03/06/colombia-embajador-jose-noe-rios-habla-sobre-las-relaciones-con-cuba/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/05/colombie-l-ambassadeur-jose-noe-rios-parle-des-relations-avec-cuba.html