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Cuba : Bases chinoises, grillons, vaccins et sous-marins nucléaires

26 Juillet 2023, 16:52pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Pascual Serrano

 

En juin dernier, le secrétaire d’Etat des États-Unis, Antony Blinken a affirmé que, selon, une information du renseignement dont il dispose, la Chine était en train de renforcer son infrastructure pour collecter des données dans les pays étrangers, et il ajouter plus concrètement : « La république populaire de Chine avait mené à bien une actualisation de ses installations de recueil de renseignements à Cuba, en 2019. »

 

C'est le Wall Street Journal qui a diffusé cette nouvelle, et il ajoute que pendant que le secrétaire d'État Antony Blinken se rencontrait le président Xi Jinping, la Chine négociait pour établir un centre d'entraînement militaire à Cuba, ce qui mettrait des milliers de soldats à 90 miles des côtes de Floride.

 

Selon cette information, complétée par un rapport de l'agence d’information Reuters, la base à laquelle la Maison-Blanche faisait allusion était à Bejucal, un village situé à 33 km de La Havane, une zone rurale pleine de palmiers et de cannes à sucre. Les communications par Internet y sont très limitées et ceux qui vivent là se consacrent à l’agriculture.

 

Arriver jusqu'à la soi-disant base est très difficile, la route est pleine de nids-de-poules car elle se trouve au milieu des plantations.

 

Comme preuve de l'affirmation de Blinken, l'agence ajoutait de soi-disant déclarations de voisins seulement identifiés par leur prénom. Elle évoque aussi des photos de Reuters avec « plusieurs antennes paraboliques en haut d'une crête, au-dessus du village et une grande coupole de métal blanc et oxydé fermée. »

 

Pour sa part, le secrétaire d'État a affirmé qu'on pense que cette base de Bejucal, à quelques 187 km de Key West, en Floride, est utilisée pour intercepter les communications électroniques de Washington et que c'est un problème qui a été abordé par le président des États-Unis, Joe Biden, qui a demandé de « freiner », les objectifs de la Chine.

 

Tout cela a été largement diffusé par les médias d'État financés par le Gouvernement des États-Unis, comme la Voix de l’Amérique.

 

Aussi bien la Chine que Cuba ont démenti cette information des États-Unis. Le vice- ministre cubain des relations extérieures, Carlos Fernandez de Cossio, a déclaré : « Le journal étasunien The Wall Street Journal a publié le 8 juin une information totalement fausse et infondée, selon laquelle il existerait soi-disant un accord entre Cuba et la Chine dans le domaine militaire pour l'installation d'une soi-disant base d'espionnage. »

 

Pour sa part, le porte-parole de la chancellerie chinoise,Wang Webin, a déclaré : « Comme c'est bien connu, diffuser des rumeurs et des calomnies est une tactique commune des États-Unis et l'ingérence arbitraire dans les affaires intérieures des autres est aussi une pratique commune des États-Unis » et il a souligné que « les États-Unis sont le plus important empire de hackers et une puissance de surveillance du monde. »

 

Peu après, la journaliste cubaine, Rosa Miriam Elizalde a publié dans la Jornada, sous le titre « Le conte des espions chinois à Cuba », un article disant  que les villageois de cette municipalité « sont restés sans voix quand cette localité est apparue dans les informations comme l’enclave dans laquelle Pékin avait installé des bases ultra-secrètes pour espionner Washington depuis Cuba, une information qui a tourné en boucle dans le monde, » parce qu’eux « il n’ont pas vu de Chinois depuis des décennies. »

 

Elizalde signale que les photos de Reuters ne montrent « qu'une antenne parabolique au milieu de nulle part, aussi rouillée et incongrue que le panneau tordu à l'entrée d'un soi-disant établissement militaire qui, selon les villageois a toujours été là. Dans les panoramiques, on ne voit pas de surveillance policière, peut-être à cause de cela cherchera-t-on à nous convaincre que les espions chinois sont invisibles. »

 

Déjà en 2005, le sous-secrétaire pour le contrôle des armes et la sécurité internationale de l'époque, Richard Bolton, avait accusé Cuba d'être un Etat producteur d'armes biologiques et une menace terroriste pour les États-Unis. L'un de ces centres de production d'armes biologiques de destruction massive dans lesquels on préparait les produits grâce auxquels, partagés avec d'autres pays terroristes, le peuple nord-américain serait attaqué à n'importe quel moment était le centre d'immunologie moléculaire de  La Havane.

 

À ce moment-là, je me trouvais à La Havane, et comme je n'avais jamais vu de centre d'armes biologiques avec une telle capacité de destruction, j'ai voulu visiter cet endroit. Contrairement à ce que j'imaginais, je n'ai pas vu à l’entrée de présence massive de militaires surveillant une activité si dangereuse, seulement une photo de Marti et un tableau d'annonce avec des poésies de lui dans le couloir. Les scientifiques dangereux avaient à peine 30 ans et le sourire innocent de ceux qui n'ont pas l'air de tramer d’attaques surprises des États-Unis.

 

Quand j'ai commencé à enquêter sur ce qu'on produisait dans ce centre, j'ai découvert qu'il fabriquer de l'érythropoïétine, une substance conseillée pour les anémie et les immunothérapies pour traiter le cancer. Et il semblerait que je ne sois pas le seul qui soit arrivé à cette conclusion parce que ces produits ont été testés en Italie, en Allemagne, au Canada, en Angleterre et en Espagne, parmi beaucoup d'autres pays. 50 entreprises nord-américaines ont même exprimé leur intérêt pour ces traitements oncologiques. L'année précédente, l'entreprise pharmaceutique étasunienne CancerVax avait signé un accord de coopération pour fabriquer aux États-Unis 3 vaccins pour le cancer produits par ce centre de fabrication d'armes biologiques de destruction massive, dont un pour traiter le cancer du poumon. C'est-à-dire, d'armes biologique,  aucune.

 

En 2016, les États-Unis ont commencé à dénoncer le fait que leurs diplomates à La Havane souffraient de douleurs produites par « des attaques acoustiques » du Gouvernement cubain contre l'immeuble de la Section des Intérêts des États-Unis. À ce qu'il semblait, des dizaines de fonctionnaires avaient souffert d’étourdissements, de nausées, de maux de tête et de confusion mentale à cause d'un son persistant d'origine inconnue dans leur maison ou dans les chambres d'hôtel dans lesquelles ils logeaient. Ils ont qualifier cela de « syndrome de La Havane » et en ont rendu responsable le Gouvernement cubain. Le département d'État a réduit le personnel étasunien à La Havane de 60 % et a inclus sa délégation diplomatique dans le groupe des ambassades les plus dangereuses comme celle du Soudan du Sud ou de l’Irak.

 

Mais, selon une étude de l'université de Berkeley, en Californie, et de l'université de Lincoln, au Royaume-Uni, il s'agissait de grillons, concrètement du chant du grillon antillais de l’espèce nurogryllus celerinictus, un animal dont le chant est particulièrement fort et gênant.

 

Enfin, l'Agence Centrale de Renseignement nord-américaine (CIA) a conclu dans un rapport diffusé par veut New York Times, que les mystérieuses douleurs de tête, les vertiges et des nausées dont les diplomates étasuniens ont souffert, le phénomène connu sous le nom de syndrome de La Havane, n'a pas été le fruit d'une opération organisée par un agent étranger.

 

Pour l’agence étasunienne, la plupart des 1 000 cas rapportés et dont Washington rend compte peuvent se justifier par des causes environnementales, des conditions médicales qui n'ont pas été diagnostiquées ou simplement de la fatigue. L'agence rejette complètement le fait que la mystérieuse souffrance qui a attaqué depuis 2016 les espions et  les diplomates des États-Unis, soit due à une campagne globale menée à bien par une puissance étrangère.

 

La récente accusation de l'installation à Cuba d'une base d'espionnage chinoise n'est que la dernière tentative des États-Unis pour provoquer une ambiance d'hostilité contre l’île.

 

Mais ce qui est vrai, c'est que le 5 juillet dernier, est entré dans la baie de Guantanamo, un sous-marin à propulsion nucléaire, qui est resté jusqu'au 8 juillet sur la base militaire des États-Unis. Cela a provoqué la protestation du ministre des relations étrangères cubain pour ce qu’il considère comme une escalade provocatrice des États-Unis, dont les motifs politiques ou stratégiques sont inconnus.

 

Dans un communiqué de ce ministère, il est dit : « La présence là d'un sous-marin nucléaire à ce moment oblige à se poser la question de la raison militaire de ce fait dans cette région pacifique du monde, à se demander contre quel objectif il est dirigé et quel but stratégique il poursuit. » On y rappelle aussi que « les 33 nations de la région sont signataires de la Déclaration de l'Amérique latine et des Caraïbes, comme zone de Paix signée à La Havane en janvier 2014. »

 

Il est curieux, mais pas surprenant qu’une base militaire chinoise inexistante, des attaques acoustiques cubaines dont il a été confirmé qu'elles avaient été provoquées par des grillons, un centre d'armes biologique qui finalement était une fabrique de vaccins aient constitué une information dans le monde entier et que par contre, le silence ait été fait sur un sous-marin nucléaire des États-Unis, sur sa frontière avec Cuba.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/07/25/cuba-de-bases-chinas-grillos-vacunas-y-submarinos-nucleares-en-cuba/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/07/cuba-bases-chinoises-grillons-vaccins-et-sous-marins-nucleaires.html