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Venezuela : Un nouveau conflit ?

8 Juillet 2023, 17:09pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Avec le début de 2023 est également arrivé l'avertissement qu'une escalade de manifestations qui pourraient évoluer vers un scénario de pression et de conflit sur le gouvernement bolivarien grâce à des ordres du jour syndicaux pourrait avoir lieu dans le pays.

 

Ce scénario a été annoncé par le rapport du Wilson Center analysé en profondeur par cette tribune, lorsqu'en janvier, des points de protestation ont commencé à être formés par des secteurs de l'enseignement national sur la question des salaires et les conditions économiques du pays en général, aux côtés d'autres groupes et d’autres acteurs de la « société civile » dont des ONG, des syndicats et des organisations connexes.

 

Ce qu'il décrit comme une feuille de route pour réactiver la stratégie américaine sur le Venezuela, le Wilson Center admet qu'il doit y avoir une combinaison de « pression et de concessions », dans le sens où que ce dernier terme implique de s'asseoir avec le Gouvernement vénézuélien pour négocier les conditions d’une « transition », l’adage politique préféré d'un certain secteur de l'opposition qui soutient les actions et la rhétorique d'un « changement de régime. » La pression, dans ce cas, et selon le manuel des années récentes, est associée à la mobilisation de rue organisée et violente (comme en 2014 et 2017) accompagnée de mesures étrangères dans le domaine économique, financier et commercial. C'est déjà un jeu classique dans le manuel de stratégie de guerre hybride nord-américaine.

 

Bien que les événements de janvier et d'une partie du mois de février n'aient pas dégénéré vers une situation de déstabilisation du pays , des mécanismes de pression ont été mis en place qui, avec des objectifs et des fins non manifestes, et bien que de manière naissante et encore quelque peu désagrégée dans la rue, ne peuvent être écartés comme des éléments en matière de conflits.

 

Un scénario similaire a été annoncé par le président Nicolás Maduro les jours suivants    dans son programme Avec Maduro+ le lundi 3 juillet, où il a mis en garde contre « un nouveau plan destiné à nous conduire à la violence, au temps de l'intolérance, de l'affrontement, du conflit inutile, de la division entre les Vénézuéliens et nous ne le permettrons pas, » a-t-il déclaré lors d'une cérémonie de promotion des généraux, amiraux et militaires des Forces armées nationales bolivariennes (FANB), le mardi 4.

 

S'il est vrai que les trois principaux think tanks (Atlantic Council, Center for Strategic and International Studies et Wilson Center) qui se consacrent au Venezuela et ont des ancêtres dans la prise de décision de la Maison Blanche admettent l'échec de la campagne de « pression maximale » lancée sous le gouvernement de Donald Trump, ils sont tous d'accord pour dire qu'on doit maintenir une lignes de pression sur le gouvernement vénézuélien, peut-être dans le but de renflouer les intérêts les États-Unis, chaque fois que ceux-ci se  voient atteints quand la situation politique arrive à un point mort. Comme c'est le cas en ce moment, et depuis des mois.

 

Compte tenu des recommandations de ces cercles de pensée, le scénario dénoncé par le président pourrait être dirigé - encore une fois - par les États-Unis.

La « société civile » comme opportunité

 

En septembre 2022, l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID) a présenté un rapport détaillant son plan de « soutien à la transition démocratique » au Venezuela.

 

Elle fait référence à « trois domaines destinés à promouvoir l'unité de l'opposition et à faire pression pour améliorer les conditions électorales », en assurant de son soutien le « Gouvernement par intérim » (qui s'est effondré en janvier dernier), mais aussi en affirmant qu'elle soutiendrait l'initiative d'une élection primaire pour la participation ultérieure de l'opposition aux élections présidentielles de 2024.

 

De cette façon, l'USAID a ouvertement admis qu'elle soutiendrait la formation d'un candidat anti-chaviste pour qu'il se présente à une élection qu'elle qualifie de « non libre » et a exprimé l'intention de financer des médias et des ONG au nom de la « société civile. »

 

Mais les organisations non gouvernementales servent également de véhicules pour la fabrication et l'organisation d'une masse critique, peut-être pour les scénarios conflictuels qui apparaissent depuis janvier dernier. Tout cela dans l'hypothèse où les partis politiques classiques ont perdu leur ascendant sur la population et ne fonctionnent pas comme des actifs de convocation et de choc face aux institutions de l’État.

 

Depuis l'année dernière, le mouvement des ONG a pris de l'ampleur en termes d'attractivité et de diffusion. Le Gouvernement étasunien et l'Union européenne ont été directement impliqués dans des actions de rue, des festivités et des manifestations culturelles organisés par des ONG dans une sorte de connivence et de coexistence d'intérêts croisés avec des agendas syndicaux.

 

Avec les ONG, tout programme de conflit a un support qui se traduit par le soutien des acteurs sur le terrain, l'accompagnement médiatique des victimes et l'alimentation constante du dossier de criminalisation de l'État. Leur caractère de « non gouvernemental » les met en opposition envers les institutions officielles, mais est également un signe distinctif en tant que récepteur  de financement étranger.

 

En fait, au début de cette année, Mission Vérité a rapporté et analysé le fait que les États-Unis ont approuvé une plus grande quantité de fonds financiers pour les ONG au Venezuela en utilisant ces entités comme écran derrière lequel opère leur interventionnisme.

 

En bref, la « société civile » est opportunité politique et d’investissement.

 

Bouillon de culture

 

L'économie vénézuélienne manifeste à nouveau des hauts et des bas au premier semestre 2023, un scénario qui pourrait être exploité politiquement pour gérer le mécontentement social. Les bases matérielles d'un nouveau scénario de conflit seraient posées.

 

Le blocus reste l'axe qui conditionne l'état actuel de l'économie, avec des difficultés pour recevoir des financements de capitaux étrangers et pour réaliser des importations essentielles pour le parc industriel national. Les États-Unis continuent à mener la danse dans ce secteur, c'est pourquoi la table de dialogue et de négociation au Mexique était de la plus haute importance pour  d'augmenter le volume de trésorerie à des fins sociales et purement économiques.

 

La Maison Blanche renforce ainsi le malaise et le mécontentement concernant sa décision de ne pas respect-er le deuxième accord partiel signé fin 2022 entre le Gouvernement et la Plateforme unitaire démocratique et s’en sert pour faire empirer les conditions difficiles dans le domaine de l’ économie.

 

Les problèmes d'infrastructure dans les services publics, la question des salaires et de l'approvisionnement en essence et en diesel dans tout le pays sont intimement associés à la rupture des accords négociés à la fin de l'année dernière, qui est lié, après tout, à la mise en œuvre (et au sur-respect) des mesures coercitives émanant de la capitale des Etats-Unis.

 

Ce 3 milliards 200 millions qu'il était prévu de dépenser dans différents domaines de la vie nationale, alors que la priorité est de s'occuper des impacts sociaux et économiques les plus déterminants sur la population vénézuélienne en raison de l'utilisation expansive et généralisée des « sanctions » illégales : contraintes économiques et salariales, difficultés d'accès à la nourriture, réduction de la

Les problèmes d'infrastructure dans les services publics, dans la question des salaires et autour de l'approvisionnement en essence et en diesel dans tout le pays sont intimement associés à la rupture des accords négociés à la fin de l'année dernière, qui est après tout lié à la mise en œuvre (et au surexécution) des mesures coercitives émanant de la capitale américaine.

 

Ce sont 3 200 000  000 qu'il était prévu de dépenser dans différents domaines de la vie nationale alors que la priorité est de s'occuper des impacts sociaux et économiques qui ont le plus d’impact sur la population vénézuélienne en raison de l'utilisation expansive et généralisée des « sanctions » illégales : contraintes économiques et salariales, difficultés d'accès à la nourriture, réduction de la disponibilité des vaccins et d'autres fournitures dans le centre public de santé, panne dans les infrastructures aussi bien éducatives qu'hospitalières et électriques.

 

Le domaine  international

 

La réalisation de tournées, de voyages et les accords signés par le président Nicolás Maduro et les principaux responsables vénézuéliens en Eurasie, en Afrique et en Amérique latine confirment que ce nouveau moment a une importance particulière pour notre pays dans le concert international.

 

Le rôle du Venezuela dans la dynamique mondiale est soutenu par son rôle crucial au sein de l'équation énergétique en tant que membre de l'OPEP et acteur majeur dans l'hémisphère occidental. Le fait que le du département du Trésor  ait accordé des licences  à l'industrie pétrolière vénézuélienne a un impact direct sur la position vénézuélienne dans destinée à stabiliser le marché pétrolier de ce côté du monde.

 

Mais, en même temps, les mesures de l'axe euro-atlantique pour limiter la portée de l'énergie russe sur les marchés occidentaux en réaction à la guerre en Ukraine ont donné provoqué un regain du rôle international du Venezuela dont le président Maduro a su tirer profit en faisant monter les enchères et en contribuant ainsi à la stabilisation du marché sans qu'il y ait besoin de dialogue et de négociation entre les parties et en gonflant les caisses de l'Etat, en l'absence de respect des accords signés au Mexique. Que l’image du président Maduro et du Venezuela en général se développe sur la scène internationale ne doit pas être un élément qui plaît particulièrement aux décideurs politiques de la Maison Blanche, de sorte qu'un nouveau programme de conflit serait idéal pour que le pays entre dans une dynamique de déstabilisation qui freinerait l'ascendance vénézuélienne à l’étranger.

 

Une escalade des pressions et des conflits sur le terrain mettrait sans aucun doute l'accent sur la situation interne à un moment agréable pour le Gouvernement à cause de son exposition lors de forums, de rencontres, de sommets et de réunions de haut niveau dans différentes latitudes du monde.

 

Alors que les actions du président Maduro sur la scène mondiale ont été déterminées par le fait de surmonter les difficultés du blocus, un secteur de l'establishment étasunien cherche des moyens pour renforcer le mandat des « sanctions » et relancer la campagne de « pression maximale » menée par le Gouvernement de Donald Trump.

 

Un groupe de sénateurs du parti républicain a présenté en mars dernier un projet de loi dirigé par le représentant de l'Idaho, Jim Risch, appelé Venezuelan Democracy Act, par lequel on cherche à déplacer les paramètres destinés à gérer l'architecture des « sanctions » vers un contexte de pression accrue et d'imposition d'une situation défavorable au pays, à contre courant de la politique actuelle de la Maison-Blanche, concernant l'accord de licences dans le domaine de l’énergie.

 

Une escalade vers un conflit dans les rues du Venezuela pourrait s'expliquer par toutes ces variables qui restreignent la possibilité d'un scénario national de stabilité et de développement. Le jeu avec les États-Unis et les oppositions reste bloqué, ce qui ouvre la voie à un autre tableau possible de violence politique dénoncé par le Président.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/07/07/pensamiento-critico-se-viene-un-nuevo-conflicto-en-venezuela/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/07/venezuela-un-nouveau-conflit.html