Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Amérique latine : Le rôle des forces armées en Amérique latine et dans les Caraïbes

12 Août 2023, 17:39pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Avec la rhétorique du combat contre les « ennemis intérieurs », la militarisation de la région continue à être de stratégie des États-Unis.

 

Les attaques des édifices des trois pouvoirs à Brasilia, perpétrées par les partisans de Bolsonaro le 8 janvier dernier, ont allumé un signal d’alarme. Si, d'un côté, il a été possible de comparer cette attaque avec l'invasion du Capitole par ceux qui soutenaient Donald Trump en 2021, aux États-Unis, une différence essentielle, dans le cas du Brésil, a alerté les experts : l’empreinte des forces armées.

 

Les avertissements reposent sur d'autres exemples en Amérique latine. La militarisation des territoires, des communautés  Mapuche, au Chili, l'état d'urgence qui a ouvert la voie à la répression militaire de protestations au Pérou, le coup d'Etat de 2019, en Bolivie.

 

« Nous voyons comment les Gouvernements de gauche, de centre gauche ou de tendance progressiste qui arrivent doivent cohabiter avec les militaires des classes dominantes passées, », observe le sociologue mexicain, Raúl Romero, coauteur du livre « Résistances locales, utopies globales. »

 

« On voit l'histoire du coup d'Etat au Chili et du coup d'Etat de 2019 en Bolivie, et on peut établir un parallèle. Des présidents qui ont confiance en leur ministre de la sécurité, en leurs militaires et ce sont ces mêmes militaires qui mettent en place des coups d'Etat. Nous voyons aussi la nécessité de réfléchir sur la relation entre le commandement civil et les commandements militaires dans nos pays, » a-t-il dit à Brasil de Fato.

 

Comme lors d'autres moments historiques, les forces armées jouent un rôle décisif dans les périodes de déstabilisation politique et dans les périodes de déstabilisation de la démocratie dans les pays d'Amérique latine et des Caraïbes.

 

L'un des diagnostics que font les chercheurs sur les problèmes de défense et de géopolitique est que les forces armées se sont éloignées de leurs fonctions d'origine–la défense du territoire national contre une attaque militaire et une attaque des frontières–pour se consacrer à des tâches de sécurité intérieure qui ont une incidence sur la vie civile.

 

C'est ce qui s'est passé avec l'entrée de plus de 6000 membres de la Garde Nationale dans des stations de métro de Mexico pour identifier de soi-disant sabotages dans le fonctionnement des machines. La décision de la maire Claudia Sheinbaum, défendue par le président Andrés Manuel López Obrador, a été largement discutée dans la société mexicaine et dénoncé par des organismes de droits de l’homme.

 

Pour l'historienne, Argentine, Elsa Bruges jaune, le spécialiste de géopolitique, de stratégie et de Défense nationale, car les forces armées joue un rôle de tutelle sur la société civile, il peut y avoir de graves fautes de conduite ça agissant de force entraîner pour des situations de guerre : ils arrivent à avoir leur plus grande incidence quand ils jouissent de l'impunité, c'est-à-dire quand ils n’ont pas été jugés et ne sont pas jugés pour les délits aberrants qu'ils ont commis et commettent, » dit l’historienne.

 

« S’il n’y a ni jugement, ni châtiment pour ceux qui commettent des violations des droits de l'homme, l'histoire se répète et se répétera. En Argentine, les procès en crimes contre l'humanité qui se poursuivent aujourd'hui ont évité que les forces armées se prêtent à des aventures putschistes. Le problème est que les pouvoirs politiques, économiques et judiciaires complices n'ont pas été jugés, à l'exception de quelques-uns de leurs membres, ils restent intacts et se cachent dans l'ombre", déclare-t-elle.

 

Pour Bruzzone, on peut aussi établir un parallèle entre le coup d'Etat civique et militaire qui, en 2009, a renversé le président Manuel Zelaya au Honduras, l'action des forces armées colombiennes dans la lutte contre le trafic de drogue et des forces armées mexicaines contre le terrorisme.

 

Nouvelles menaces

 

Il y a des explications historiques et géopolitiques à ce déploiement de forces armées à l'intérieur du territoire dans des opérations contre le délit. Pendant la guerre froide entre la Russie et les États-Unis, les États-Unis ont réussi à instaurer l'idée du communisme comme l'ennemi mondial à détruire. Ainsi opérait la doctrine de la sécurité nationale dans laquelle les armées agissaient sur leur territoire à la recherche de cette ennemi commun.

 

Depuis la chute de l'Union soviétique, l’érosion du récit de la guerre contre le communisme a ouvert la voie à la doctrine des « nouvelles menaces »élaborée et diffusée par les agences étasuniennes parmi lesquels le Commandement Sud des Forces Armées, comme le signale l'étude « La guerre intérieure » (CELS, 2018). Sous cette doctrine encore en vigueur aujourd'hui, les États-Unis agissent dans une logique de tutelle dans la région soi-disant contre les nouveaux ennemis communs que tous doivent identifier et combattre : le trafic de drogue et le terrorisme. De là, on monte vers une nouvelle catégorie, celle du narco-terrorisme.

 

C'est pourquoi le terme « terrorisme » doit être employé avec prudence, comme l'explique le directeur du secteur sécurité et justice du Centre d'Etudes Légales et Sociales, le docteur en sciences sociales, Manuel Trufo. « C'est une catégorie qui, une fois installée, se reflète dans certaines pratiques qui commencent à être étiquetées, et, d'une certaine manière, cela peut rapidement se retourner contre le camp populaire. »

 

« Il y a de multiples intérêts à maintenir cette alerte en vigueur, », dit Trufo. « Ce sont les intérêts politiques de maintenir la primauté des États-Unis dans la géopolitique de la région et l'ordre du jour du terrorisme, du crime organisé de la sécurité transnationales ont soutenu cette hégémonie des États-Unis pour en faire la plus important armée du monde et la principale présence militaire dans la région. »

 

Ce n'est pas par hasard si cet intérêt se situe dans des pays et des zones qui possèdent d'importantes ressources naturelles, et si la militarisation est une partie essentielle de la stratégie de domination et de présence sur ces territoires.

 

« Dans chaque ambassade des États-Unis dans nos pays, il y a des représentants de la CIA, de la DEA, du FBI et, évidemment, du Commandement Sud, », souligne l'historienne Elsa Bruzzone. « À cela s'ajoutent les bases militaires, déguisées la plupart du temps en bases « humanitaires ». Le problème est que le pouvoir civil se montre d’accord et quand cela n'arrive pas, préparons-nous au pire. »

 

En plus des dictature mise en place dans plusieurs pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Pendant le siècle dernier, l'influence Yankee continua être direct encore aujourd'hui : des milliers, 2 millions de dollars sont destinés à la région pour la formation, l'entraînement et l'équipement des forces armées et des forces de sécurité dans des pays si-eu que ce soit alliés avec les États-Unis grâce à des programmes de financement.

 

Selon le Centre d'Etudes Juridiques et Sociales, plus de 255 000 agents civils et militaires ont été formés avec un financement des États-Unis entre 2000 et 2017. Les principaux pays qui ont reçu ces ressources ont été le Mexique, la Colombie et le Pérou.

 

À travers des organisations internationales, on met en danger la souveraineté sur les forces armées, explique Bruzzone. «En appartenant à l’OEA (Organisation des Etats Américains) et au SIAD (Système Inter-américain de Défense), on met en danger la souveraineté nationale. Les forces armées sont formatées par les institution militaires du Commandement Sud (des États-Unis). Il se passe la même chose avec les juges et les procureurs qui sont endoctrinés à l'école créée pour cela à Lima, au Pérou, et avec les forces de sécurité, à l'école qui fonctionne au Salvador. »

 

Pour être indépendant et souverain, avertit Bruzzone, il faut abandonner ce système. Les seuls qui l’ont fait dans la région et où on encourage une union civique et militaire sont Cuba, le Venezuela et le Nicaragua.

 

Coup d'état de nouveaux modèles

 

Face à l'absence de soutien international au président Jair Bolsonaro, une hypothèse remet en question l'intention réelle de provoquer un coup d'Etat avec l’argument que l’objectif de l’action des Bolsonaristes était d'agir comme un pouvoir modérateur et de marquer son territoire. Mais, à quelques semaines de l'attentat, la version d'une véritable tentative de coup d'Etat qui n'a pas atteint son objectif est de plus en plus acceptée.

 

Pour l'analyste international vénézuélien Sergio Rodríguez Gelfenstein, aujourd'hui le financement des États-Unis et l'aval de Washington ne sont plus nécessaires pour un coup d'Etat. Selon le chercheur, dans un monde multipolaire, les mouvements politiques qu'ils soient civils ou militaires ne répondent déjà plus à une logique purement idéologique mais à des intérêts économiques nationaux.

 

« L'une des erreurs qu'on commune commune Neymar et de utiliser des catégories, de la guerre froide, du monde bipolaire, pour analyser le monde actuel. Il faut analyser les coup d'état à partir d'une perspective différente, », dit le chercheur en relations internationales dans un dialogue avec Brasil   de Fato.

 

« Que s'est-il passé avec les coup d'Etat ? Les coup d'Etat passent, les militaires vont en prison mais les civils, les organisateurs, les financiers, il ne leur arrive rien. » « Il y a une série de nouvelles variables à considérer au moment de définir un coup d'Etat. On ne peut déjà plus parler d'un coup d'Etat militaire comme dans le passé ou il faut parler de coup d'Etat civique et militaire et ce qu'il faut changer dans les analyses, c'est qu'il faut considérer quelles sont les forces qui y ont participé. »

 

Gelfenstein souligne l'hétérogénéité des forces armées malgré la logique de soumission avec laquelle elles opèrent.

 

« En général, les processus politiques avancent ou reculent en Amérique latine selon que les forces armées décident ou non d'agir. Combien de gens sont prêts à tuer au Pérou pour soutenir le Gouvernement actuel ? » dit-il. « Les forces armées continuent à être le grand électeur. Quand on regarde ce qui était en train de se passer au Pérou, on se demande ce que vont faire les forces armées. »

 

C'est pourquoi le chercheur note également un facteur apparemment nouveau dans la coordination entre les militaires et la police fédérale lors de l'attentat à Brasilia. En général, le début de l'action des forces armées ne part pas du débat, de la démocratie, mais du respect d'ordres. Quand nous voyons la coordination de différentes forces qui ne partent pas d'une idée unique nous percevons un phénomène nouveau qu'il faut étudier puisqu’il n'existe plus de forces homogènes. »

 

Gelfenstein raconte qu'il était récemment en Colombie et qu'il a été surpris par ce qu'il a vu. « J'ai connu des militaires à la retraite qui soutenaient le Gouvernement de gauche de Gustavo Pétro. Il est compréhensible qu'ils soient fatigués de 60 ans de guerre et qu'ils veuillent se consacrer à ce à quoi doivent se consacrer des forces armées qui est la défense et la souveraineté. »

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/01/28/nuestramerica-cual-es-el-papel-de-las-fuerzas-armadas-en-america-latina-y-el-caribe/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/08/amerique-latine-le-role-des-forces-armees-en-amerique-latine-et-dans-les-caraibes.html