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Équateur: A quelques jours des élections une campagne tachée de sang

17 Août 2023, 17:36pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Lundi, le dirigeant corréiste Pedro Briones a été assassiné par balles. Les candidats à la présidence qui promettent une main dure seraient favorisés par ce scénario.

 

Le meurtre de Fernando Villavicencio par des tueurs à gages colombiens présumés est devenu le visage le plus reconnaissable de la vague d'assassinats qui, ces derniers mois, a emporté la vie de politiciens et de dirigeants sans distinction des idéologies.

 

Le dernier cas a été celui de Pedro Briones, un dirigeant du corréisme assassiné lundi à Esmeraldas par une blessure par balle. Certains des candidats à la présidence ont repris leurs activités de prosélytisme mardi sans actes de masse. À l'occasion des élections du 20 août, les analystes estiment que ce scénario favorise ceux qui promettent une main dure contre le crime organisé.

 

Vague de crimes sans fin

 

Les meurtres de dirigeants politiques sont concentrés sur la côte et en particulier dans les villes d'Esmeraldas, Manta et Guayaquil. Ces zones sont essentielles pour les gangs criminels qui contrôlent la route du trafic de drogue et utilisent les ports équatoriens comme grands transporteurs de la cocaïne qui arrive aux États-Unis et en Europe, en provenance principalement de Colombie et du Pérou.

 

Lors de ces élections extraordinaires, la première victime a été Rider Sánchez, candidat à l'Assemblée de l'alliance Actuemos dirigée par l'ancien vice-président Otto Sonnenholzner pour Esmeraldas qui a été abattu alors qu'il se déplaçait dans son véhicule. Seulement cinq jours plus tard, Agustín Intriago, le maire de Manta, la troisième ville la plus peuplée d'Équateur, qui avait été réélue avec 61,25% des voix lors des élections de février a été assassiné.

 

L'attentat contre Intriago a secoué le pays au milieu d'une campagne électorale où la crise d'insécurité et de violence du crime organisé a été pratiquement le seul sujet de discussion sur la table. Dans cette spirale de violence s'est produit le meurtre de Fernando Villavicencio, dont parmi les suspects se trouve, en tant qu'auteur présumé, « Fito »,  le patron de la bande criminelle Los Choneros que le journaliste et ancien membre de l'Assemblée lui-même avait désigné comme l'auteur potentiel des menaces de mort qu'il avait reçues quelques jours auparavant.

 

Cependant, sa famille et son collègue Christian Zurita qui a assumé sa candidature encore en attente d’approbation, désignent également cinq anciens membres de l'Assemblée que Villavicencio a accusé en avril de planifier un éventuel attentat contre sa vie avec des tueurs à gages.

 

Jamais auparavant le crime organisé n'avait osé mener une attaque contre un politicien de cette importance, encore moins dans la capitale qui est présumée loin de la violence de la côte du Pacifique, centre d'opérations de cartels qui exportent de la cocaïne.

 

Sans que le meurtre, pour lequel six Colombiens ont été arrêtés, ne soit résolu, l'événement a généré un tremblement de terre politique : c’est pratique pour les candidats qui promettent de mettre fin à la violence par la force de l'État, comme c'est le cas du candidat de droite Jan Topic.

 

Sans présenter de preuves, des partisans et une partie du cercle proche de Villavicencio ont déclaré que Correa, un rival acharné du défunt lorsqu'il était au pouvoir, était à l'origine de sa mort, bien que la justice ne relie pas le corréisme au crime.

 

Correa lui-même a reconnu l'impact négatif de cette « campagne mesquine » en vue des élections du 20 août pour l'associer à l’assassinat: « Normalement, nous allions gagner au premier tour, (mais) l'assassinat de Fernando Villavicencio a déplacé le tableau électoral », a déclaré l'ancien président équatorien. « Nous ne sommes pas si stupides (pour ordonner le meurtre). À qui profite la mort de Fernando Villavicencio ? À la droite », a-t-il averti dans une interview accordée à Noticias Caracol.

 

La loi interdit de publier des sondages aux portes des élections. Avant sa mort, Villavicencio était deuxième dans les intentions de vote selon l’institut de sondage CEDATOS, l'un des multiples instituts du pays. La candidate de la Révolution Citoyenne, Luisa González, qui conserverait la première place sans problème est loin.

 

Un jour seulement après l'assassinat de Villavicencio, Estefany Puente, candidate au poste de membre de l'assemblée pour l'alliance dirigée par le président Yaku Pérez, a déclaré avoir été victime d'un attentat et s’être fait tirer dessus alors qu'elle se déplaçait dans sa voiture, et Pedro Briones a été assassiné lundi. Deux personnes qui se déplaçaient sur une moto et ont tiré au moins deux fois sur le dirigeant d’Esmeraldas.

 

Qui en profite ?

 

Paolo Moncagatta, doyen des sciences sociales de l'Université San Francisco de Quito, a déclaré : « Le problème de l'insécurité et du crime organisé que traverse l'Équateur était déjà la principale préoccupation de la majorité de la population équatorienne, selon les sondages ». À ce sujet, Moncagatta a soutenu que « évidemment, lorsque le candidat qui avait un discours plus direct contre (la criminalité) est assassiné, cela va renforcer les candidats qui ont le discours de main dure. »

 

L’ancien vice-président Otto Sonnenholzner en fait partie, mais surtout le candidat de droite Jan Topic, un homme d'affaires prospère, ancien parachutiste et ancien franc-tireur de la Légion étrangère de l'armée française qui veut arriver au pouvoir pour raser les bandes criminelles. Surnommé « Rambo », le candidat de ce qu’on appelle l’Alliance pour un pays sans peur propose de construire plus de prisons dans le style du président salvadorien Nayib Bukele.

 

L'Équateur a terminé 2022 avec le taux le plus élevé de morts violentes de son histoire, en enregistrant 25,32 morts pour 100 000 habitants mais la tendance pour cette année peut atteindre les 40 homicides pour 100 000 habitants et même les dépasser.

 

L'un des plus importants foyers de violence du pays est les prisons où plus de 400 détenus depuis 2020 ont été impliqués dans une série de massacres entre gangs rivaux qui ont déplacé leurs combats des rues vers les prisons.

 

La violence politique avait déjà pris le dessus sur le pays lors des élections locales qui ont eu lieu en février dernier lorsqu'un jour avant le vote, Omar Menéndez, candidat à la mairie de la municipalité côtière de Puerto López pour la révolution citoyenne, a été assassiné.

 

Dans le cadre de cette même campagne électorale, l'avocat Julio César Farachio, candidat au poste de maire de la ville de Salinas, a également été abattu alors qu'il effectuait un acte de prosélytisme lors duquel il a été étendu au milieu d'une flaque de sang.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/08/16/ecuador-la-violencia-tine-la-campana-a-dias-de-las-elecciones/

URL de cet article:

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