Cuba: Intervention de Miguel Diaz-Canel à la réunion ministérielle du Groupe des 77+ la Chine
New York, le 22 septembre 2023, « Année 65 de la Révolution »
Auteur: Granma | internet@granma.cu27 septembre 2023 09:09:07
Traduction de la version sténographiée de la Présidence de la République)
Votre Excellence Mr Dennis Francis, Président de l'Assemblée générale des Nations Unies,
Votre Excellence Mme Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations Unies,
Vos Excellences,
Mesdames et Messieurs les délégués,
C'est un honneur de partager avec vous cette réunion ministérielle annuelle de notre Groupe.
Neuf mois se sont écoulés depuis que Cuba a assumé la présidence de ce Groupe emblématique et représentatif des nations du Sud.
Un travail intense nous a précédés, des processus de négociation difficiles et des journées ardues sans relâche. Au milieu de cette effervescence, une conviction nous soutient : nous sommes restés unis et, tout au long du chemin, nous avons fait entendre notre voix comme une seule.
Depuis les négociations en vue de l'Accord final sur la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales, l'examen à mi-parcours du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, le Sommet sur les Objectifs de développement durable ou les préparatifs du Sommet du futur, parmi bien d'autres processus, nous avons été en mesure d’articuler, de manière stratégique, nos positions et nos revendications légitimes dans l'intérêt de nos peuples.
Dans les mois à venir, les travaux de la 78e Période ordinaire de sessions de l'Assemblée générale qui vient de commencer, la 28e Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le 3e Sommet du Sud à Kampala marqueront des tournants dans la projection du Groupe dans l'arène multilatérale et exigeront notre action concertée et déterminée.
Je voudrais profiter de cette occasion pour insister sur le Sommet des leaders du Groupe des 77 plus la Chine, qui aura lieu le 2 décembre dans le cadre de la COP28 à Dubaï. Cette initiative, sans précédent dans le cadre d'une Conférence des Parties, nous permettra de discuter au plus haut niveau et d'articuler des positions en vue des négociations sur le climat.
Excellences,
La bataille pour changer l'ordre international actuel, injuste et insoutenable, s’apprête à célébrer son 50e anniversaire, à la suite à l'adoption en 1974 de la Déclaration et du Programme d'action pour l'instauration d'un nouvel ordre économique international.
Pour Cuba, cette revendication permanente de notre Groupe n'a pas seulement été guidée par la défense des droits économiques légitimes du Sud. Elle s'inscrit également dans la lutte pour la dignité de nos peuples et le droit d'être traités sur un pied d’égalité.
Nos nations ne peuvent plus continuer à être des laboratoires de recettes coloniales et de formes de domination renouvelées qui utilisent les dettes, l'architecture financière actuelle et les mesures coercitives unilatérales visant à perpétuer le sous-développement et remplir les caisses de quelques-uns au détriment du Sud. Un nouveau contrat mondial plus juste s'impose de toute urgence.
L'instabilité, la spéculation et les échanges inégaux se sont multipliés au cours des cinq dernières décennies, aggravés aujourd'hui par la crise multi-systémique exacerbée par la pandémie.
Les progrès pour mettre fin à l'extrême pauvreté dans le monde ont été retardés de trois à quatre ans. Les pays les plus pauvres ont dû allouer quatre fois plus pour le service de la dette que pour la santé publique. Pendant ce temps, le 1 % le plus riche a accaparé près des deux tiers des nouvelles richesses générées depuis 2020 à l'échelle mondiale.
Ce sont nos pays qui ont dû dépenser 379 milliards de dollars de leurs réserves pour défendre leur monnaie en 2022. Cela représente presque le double du montant des nouveaux Droits de tirage spéciaux qui leur ont été alloués par le Fonds monétaire international.
Les conséquences les plus désastreuses de l'ordre économique et financier international actuel, profondément injuste, antidémocratique, spéculatif et excluant, pèsent de plus en plus lourdement sur nos nations.
Il n'y a pas eu de réponse internationale coordonnée pour faire face aux problèmes susmentionnés. Il appartient au Groupe des 77 de jouer un rôle important dans ce scénario, en tant que porteur légitime des positions du Sud.
Face aux défis monumentaux auxquels nos peuples sont confrontés aujourd'hui, il est plus urgent que jamais de parvenir à un consensus, à une réflexion constructive, à l'unité des idéaux, à l'alignement de la pensée au service de la conception et de la promotion d'un nouvel ordre économique international.
À la veille de notre 60e anniversaire, faisons nôtres les principes fondateurs qui ont donné vie à ce groupement hétérogène et représentatif de nations ! Travaillons ensemble pour qu'à la fin de cette année, nous soyons plus forts et plus unis !
Pour Cuba, ce sera l'expression du devoir accompli. Pour le Groupe, cela signifiera un pas inestimable sur la voie de la réalisation de nos aspirations en tant que nations en développement.
Je vous souhaite une réunion productive, à la hauteur des exigences de l’époque actuelle.
Je vous remercie de votre attention.