Pérou: Boluarte ment devant l’ONU
Devant l'ONU, Boluarte a déclaré que le Pérou respecte la démocratie et les droits de l'homme. La réalité dans le pays, cependant, la contredit de façon abyssale.
S'exprimant devant la 78e session de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, Dina Boluarte a déclaré que « le Pérou est un pays respectueux de la démocratie et des droits de l’homme. »
Sa déclaration, cependant, contraste avec la réalité : au Pérou, plus de 60 citoyens sont morts lors des protestations contre Boluarte et il y a un coup d'État en marche contre la démocratie approuvé par ce Gouvernement.
Le respect des droits de l'homme peut-il exister lorsque des citoyens qui exercent leur droit à la protestation sont tués ? Ou le respect de la démocratie quand on est complice d'un coup d'État antidémocratique ?
Violations des droits de l’homme
Comme on s’en souvient, après la prise de pouvoir de Dina Boluarte, le 7 décembre 2022, plusieurs manifestations ont été déclenchées au niveau national pour exiger sa démission et de nouvelles élections générales.
Boluarte, cependant, s'est accroché au poste et a répondu par la répression aux mobilisations. Celles-ci ont fait plus de 60 morts, dont 49 par des impacts de projectiles et de bombes lacrymogènes.
La grave violation des droits de l'homme due à l'utilisation excessive de la force policière et militaire contre les citoyens dans les manifestations a été consignée par plusieurs organisations nationales et internationales.
Dans cette documentation, le plus dur et la plus précis figure dans le rapport de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) qui a qualifié certains faits de «massacres » et d'« exécutions extrajudiciaires ».
En raison de ces faits, Boluarte affronte à ce jour une enquête préliminaire du parquet, une institution qui a pris des décisions douteuses visant à retarder les enquêtes.
Coup d’Etat contre la démocratie en cours
Mais Boluarte et son Gouvernement sont non seulement accusés d’être responsables des morts lors des manifestations, mais aussi d'être complice d'un coup d'État contre la démocratie encouragé par le Congrès.
Le Parlement a lancé des actions destinées à capturer le système judiciaire afin de freiner les grandes enquêtes sur la corruption et d'avoir un meilleur contrôle sur les prochaines élections générales.
Ce coup d'État est stimulé par une mafia de corrompus qui tient encore les rênes du Congrès péruvien, majoritairement discrédité et composé de personnes ayant un dossier diversifié et des antécédents douteux.
Pour atteindre son objectif, le Congrès a entrepris de renverser le Conseil national de justice (JNJ), de lancer une enquête pour faire partir ses membres actuels - gênants pour le pouvoir corrompu - et de nommer des personnes à leur goût.
Ils le font sans arguments qui le justifie, de sorte que diverses organisations de la société civile ont déjà lancé des actions de protestation pour alerter les institutions démocratiques sur ce coup d’Etat.
Cependant, alors que les citoyens ont déjà commencé à réagir, le Gouvernement de Boluarte a maintenu un silence commode et, pire encore, a placé parmi ses ministres deux personnes liées à cette mafia.
Ce n'est que le 20 septembre que Boluarte s'est prononcée sur l'affaire - et comme ce n'était pas pour rien - elle a déclaré qu'il est normal qu'une enquête ait été ouverte contre la JNJ.
« Je pense que personne n'est exempté d'une enquête si la présidente et les ministres enquêtent sur nous (...) Quelqu'un doit-il empêcher cela ? Non, personne n'a de couronne », a-t-elle déclaré à New York.
Boluarte a ajouté qu'ils respecteront la décision du Congrès. « Que l'on fasse l'objet d'une enquête, que la procédure régulière soit respectée, que la vérité soit atteinte, et tout ce qui doit en résulter, nous le respecterons », a-t-elle déclaré.
Ce n'est pas un soutien gratuit. Boluarte sait que le pouvoir néfaste qui encourage ce coup d’Etat depuis le Congrès est le même que celui qui l’a soutenue jusqu'à aujourd'hui pour qu’elle reste en fonction. S'y heurter, c'est avancer sa fin.
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos
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