Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Venezuela: L'opposition ne veut pas se souvenir des précédents des accords de la Barbade

21 Octobre 2023, 17:38pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Le mardi 17 octobre, le Gouvernement vénézuélien et la Plate-forme Unitaire Démocratique se sont réunis dans la ville de Bridgetown, en Barbade, pour poursuivre le processus de dialogue qui a été en pause pendant plus d'un an, après être arrivés à  une concertation partielle sur différentes questions économiques, financières et sociales.

 

Les accords conclus sur l'île des Caraïbes ouvrent une nouvelle voie par laquelle les parties poursuivront leur tentative de conciliation en relation avec  avec d'autres mesures qui recherchent « une démocratie inclusive et une culture de tolérance et de coexistence politique » ainsi que le respect des droits de l'homme, sous la nécessité que soient levées les sanctions étasuniennes contre le Venezuela.

 

Les différences entre la table réunie en 2022 à Mexico et l'événement le plus récent ne concernent pas seulement le lieu de rencontre mais aussi les contextes et les résultats.

 

Le contexte : stabilité interne au milieu d'une convulsion mondiale

 

Par rapport à 2022, l'accord conclu à la Barbade se déroule dans différentes conditions nationales et internationales :

 

  1. Reprise économique. L'économie vénézuélienne connaît une recomposition soutenue qui a suscité des attentes positives chez les analystes, les industriels et les entrepreneurs. Ceux-ci, d'ailleurs, se sont exprimés contre les sanctions demandées par l'opposition. À son tour, le rôle de l'État dans cette reprise est devenu important en raison de certaines politiques de stimulation commerciale et de la reprise de l'activité pétrolière.

 

2. Stabilité institutionnelle. La politique nationale connaît une certaine stabilité mise en évidence dans l'activité de l'Assemblée nationale. L'approbation de lois et d'accords et la nomination de nouveaux recteurs du Conseil national électoral ont influencé le débat politique et la conformation permanente du tissu social et institutionnel.

 

3. Fracture de l'opposition. En ce qui concerne la « route électorale », les dirigeants des oppositions vénézuéliennes ont accentué leurs profonds désaccords, même dans leur relation envers le Gouvernement, un fait qui est devenu plus évident aussi bien par le retrait de la pré-candidature de Henrique Capriles Radonski que par les déclarations et les démissions des assemblées électorales et des membres de la Commission nationale de primaire. Un facteur perturbateur a été la position de María Corina Machado qui présente les primaires comme l'acte d'onction ou de couronnement de son autorité unique sur les oppositions au milieu du spectre politique évidemment divers et large qui les composent, du moins depuis 2019.

 

4. La crise énergétique étasunienne. Les États-Unis connaissent une crise systémique qui s'exprime par des indicateurs tels que l'inflation croissante, l'augmentation des prix du pétrole, la baisse des réserves stratégiques de pétrole brut et l'augmentation des intérêts sur l'argent imprimé de la Réserve fédérale. Ce qui relie Washington et ses alliés à Caracas, c'est la nécessité d'assurer une production de pétrole proche et accessible, étant donné qu'ils vont devoir atténuer les conséquences générées par les restrictions d'importation de l'énergie russe et les assauts du marché international sur ce secteur.

 

Accords : élections et souveraineté

 

À la lumière des résultats partiels matérialisés dans les accords conclus, on souligne que le consensus en 2022 concernait davantage les aspects liés au social alors que maintenant, c’est principalement la matière politique est abordée. Les accords de la Barbade comprennent, entre autres garanties électorales, « l'autorisation de tous les candidats à la présidence, à condition qu'ils répondent aux exigences établies par la loi ».

 

D'autres aspects signés dans le pays des Caraïbes visent à garantir l'observation internationale des élections, la définition d'un calendrier électoral, la réalisation d'audits sur le processus et la mise à jour du registre électoral pour y d'inclure les Vénézuéliens résidant à l’étranger.

 

Les documents font référence à la promotion des droits politiques et des garanties électorales et à la protection des intérêts vitaux de la nation. Il est évident qu'il y a des secteurs des oppositions qui ne sont pas représentés dans ces efforts : l'un est celui dirigé par Machado qui a insisté sur le vote manuel comme fondement du système électoral. Le reste des accords est une confirmation du fonctionnement ordinaire du système électoral vénézuélien.

 

L'implication directe des États-Unis dans les mécanismes de dialogue a peut-être été une nouveauté à la Barbade ainsi que la centralité plus ouverte et plus exprimée de ses intérêts énergétiques - après l'émission de licences pour la production et la commercialisation du pétrole et du gaz vénézuéliens -, ce qui a été signé par la Plateforme Unitaire Démocratique, la voix d'un secteur des oppositions.

 

Lors de sa comparution devant les médias, le chef de la délégation du Gouvernement, le député Jorge Rodríguez, a lu le deuxième accord partiel relatif aux intérêts nationaux qui, par erreur, n'a pas été lu lors de l'acte central.

 

Les représentants des deux secteurs politiques ont ratifié « les droits historiques et inaliénables » du Venezuela sur l'Esequibo et ont défendu la validité de l'accord de Genève de 1966, en tant que seul instrument valable « pour parvenir à un accord pratique et mutuellement satisfaisant » concernant le différend territorial qui oppose Caracas et Georgetown. Ils rejettent les actions unilatérales du Guyana concernant l'octroi de licences d'exploitation pétrolière dans des eaux non délimitées, et même dans certains segments, on affirme qu'elles appartiennent clairement au Venezuela car elles sont l'extension naturelle du territoire continental, ainsi délimité historiquement.

 

Les secteurs politiques s'engagent à défendre à la fois la compagnie de raffinage CITGO Petroleum, une filiale de Petróleos de Venezuela, S.A. aux États-Unis, et le reste des actifs vénézuéliens confisqués à l’étranger.

 

2003-2023 : L’opposition revient au même point

 

Au cours des différents processus de dialogue, traversés par différentes facettes, consensus et divergences, la direction de l'opposition de service s'est toujours retirée et n’a respecté ses promesses et les accords signés. Elle a de plus en plus favorisé la violence au détriment de la dimension électorale pour finalement se rapprocher des lois. C'est son devenir continu depuis 20 ans.

 

En mai 2003, après le coup d'État et la grève du pétrole, le Gouvernement et l'opposition ont fixé les termes d'un accord (avec 19 points) pour organiser un référendum de révocation sur le mandat du président de l'époque, Hugo Chavez, après un affrontement qui a plongé le pays dans une violente crise politique.

 

L'accord a mis fin à la table de négociation qui, avant la grève pétrolière, a été dirigée par César Gaviria, alors secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA). Le Colombien a été soutenu par le Centre Carter, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Groupe des pays amis composé du Brésil, du Chili, de l'Espagne, des États-Unis, du Mexique et du Portugal.

 

Le document final précisait les étapes à suivre par l'opposition pour convoquer un référendum de révocation, prévu par la Constitution, sur le mandat de Chávez après le 19 août de cette année-là, à la moitié de son mandat présidentiel.

 

Il comprenait également l'engagement des deux camps à condamner la violence, le maintien du  climat de respect entre les parties et le désarmement de la population civile.

 

Finalement, après des tentatives de coup d'État, la violence politique dans les rues, le sabotage de l'économie et des services publics, l'opposition a échoué dans ses plans de destitution en 2003 et a fini par accepter qu'au Venezuela il y a une Constitution et des lois à respecter. La même chose qu'en 2023, dans des contextes différents.

 

Cela fait 20 ans qu'ils cherchent à imposer leur récit sur le manque de garanties électorales au Venezuela. Les mêmes années pendant lesquelles ils ont été divisées face à tout accord avec le Gouvernement et sans offre politique claire pour le pays. Cela ne semble pas être un point de départ ou d'arrivée, il s'agit plutôt d'un mécanisme de survie.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/10/19/venezuela-la-oposicion-no-quiere-recordar-antedecentes-de-los-acuerdos-de-barbados/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/10/venezuela-l-opposition-ne-veut-pas-se-souvenir-des-precedents-des-accords-de-la-barbade.html