Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bolivie: Le MAS et les plans de l’empire

5 Novembre 2023, 19:19pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Camilo Katari,

 

« L'O.E.A., est en crise presque depuis ses débuts. Aucune réforme réelle et sérieuse n'a été faite, et sa Charte ne sera pas en vigueur si les conditions préalables politico-économiques-sociales des relations Amérique latine-États-Unis ne sont pas transformées en premier lieu. Malheureusement, ce n'est pas prévisible pour un avenir très proche. Ce texte dont l'auteur est Alberto Ciria et se trouve dans la revue Aportes No. 8 date de 1968.

 

La note de référence vue en perspective est aujourd'hui pleinement en vigueur car  l'OEA est devenue l'administratrice de cette relation de pouvoir entre l'Amérique latine et les États-Unis. Alors, confirmer cette affirmation nous intéresse.

 

Chacun sait que les États-Unis ont été menacés dans leur qualité d’empire lorsque le monde réclame une multipolarité dans toutes les relations ; cette demande, liée à l'avancée de la Chine et de la Fédération de Russie sur des continents comme l'Afrique et l'Asie et une partie de l'Europe, est ce qui a finalement forcé les États-Unis à organiser  la guerre de l'Ukraine et à tourner les yeux vers leur « arrière-cour ».

 

Or, la perte de territoires avec hégémonie nord-américaine a rétabli le vieil axiome de « l'Amérique aux Américains » et l'Amérique latine est le centre, encore une fois, de l'intérêt des États-Unis, mais dans cette région beaucoup de choses se sont passées, la première étant le rôle croissant des peuples autochtones sur le terrain politique et une analyse d'un autre point de vue théorique de la relation centre-périphérie.

 

Cette relation rétablit l'histoire comme source principale de la formation économico-sociale de ce que nous connaissons aujourd'hui comme l'Amérique latine. Une première étape de cette reconnaissance est le nom du continent : Abya Yala, qui s'impose peu à peu en brisant le schéma symbolique de « l'Amérique aux Américains » . Cette véritable bataille culturelle se mène sur tous les terrains et sur un en particulier : le terrain politique.

 

Innocents qui sont sûrs que la querelle à l'intérieur du MAS en Bolivie est une bagarre d’autorité… C'est peut-être la façon dont elle se présente mais la vérité est qu'elle répond à une stratégie de pouvoir hégémonique travaillée sur les bureaux du Département d'État dans le nord et appliquée par les mécanismes juridiques et serviables (comme l'OEA et son rôle dans le coup d'État de 2019) et des agents internes, qui dans le casse la Bolivie, sont liés à l'oligarchie régionale agro-industrielle de l'est du pays.

 

Ainsi, la lutte interne en Bolivie, qui a déjà atteint les mêmes cellules organisationnelles qui ont construit le pouvoir constituant depuis 2000, est la réussite la plus importante des politiques impériales des États-Unis.

 

Ce n'est pas pour rien que d'immenses études anthropologiques, sociologiques, psychologiques et économiques ont été accumulées sur les peuples indigènes et la société bolivienne, pour les attaquer dans leurs points faibles, comme c'est le cas de l'arribisme de la classe moyenne bolivienne, du factionnalisme andin, de l'imaginaire patronal des peuples indigènes des basses terres, etc. etc… Avec cette connaissance et leurs mécanismes, les États-Unis ont mis en œuvre une stratégie pour détruire non pas Evo Morales, non pas le MAS-IPSP, mais la force et le sujet historique (peuples originaires), qui a non seulement remplacé le prolétariat minier mais a tracé un horizon clair et définitif : un État plurinational et une société inter-culturelle en imprimant  un tournant aux contenus révolutionnaires du siècle dernier.

 

Aujourd'hui, les demandes des États plurinationaux parcourent toute l'Abya Yala, cette proposition est un point de non-retour. Mais pour en revenir au cas de la Bolivie, il tombe dans la tricheuse guerre ch'ampa, intestine, qui n'a rien à voir avec la défense de l'État Plurinational mais  au contraire avec son démantèlement total.

 

Comme nous l'avons souligné précédemment, ils viennent pas pour Evo Morales ou pour le MAS-IPSP. Comme le disent nos frères argentins: « ils viennent pour tout » et ce tout est la destruction des organisations communautaires ancestrales des peuples originaires, en mettant en œuvre la vieille politique coloniale de Pizarro et d’Almagro. Le vrai danger est celui-ci : mettre fin à ce bastion de résistance de plus de 500 ans. De plus, nous sommes chaque jour en train de collaborer, certains à partir de leur position coloniale raciste, d'autres  à partir de leur logique partisane libérale, en pensant que la politique est un champ interne délimité, car non, dans cette lutte intestine, l'enjeu n'est rien moins que l'avenir des peuples originels du continent en tant que sujets historiques du pouvoir et le retour du pouvoir hégémonique impérial avec tous ses maux.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/11/04/bolivia-el-mas-y-los-planes-imperiales/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2023/11/bolivie-le-mas-et-les-plans-de-l-empire.html