Argentine : Les 3 incohérences du plan économique
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar infos
La gestion de Javier Milei est-elle pragmatique ou idéologique ? La question fait partie des débats qui circulent quand on analyse depuis différents domaines les mesures et les propositions législatives qui vont être modifiées au cours des jours.
Mais récemment, un rapport de l'institut de la pensée et des politiques publiques révèle qu'il s'agit d'un faux débat et que la méthode pour analyser et évaluer la gestion de gouvernement pendant cette période « consiste à identifier les principales mesures prises et leurs résultats. »
Embarqués dans cette analyse, les spécialistes Rubén Ciani, Jaime Farji, Horacio Fernández, Walter González, Agustina Haimovich, Alejando López Mieres, Claudio Lozano, Ariel Pennisi, Tomás Raffo, Javier Rameri, Ana Rameri, Mariana Rivolta et Martín Schorr trouve trois incohérences dans le plan économique Milei–Caputo.
- Incohérence entre les mesures fiscales et l'objectif d'obtenir l'équilibre du budget
2. Incohérence entre les mesures, mon et deux changes, et l'objectif objectif d'obtenir la stabilité du change.
3. Incohérence entre toutes les mesures et l'objectif d'obtenir la gouvernabilité dans les institutions et d'arrêter le conflit social.
L'incohérence fiscale
Pour le Gouvernement, faire baisser l'inflation est une condition nécessaire au succès de sa gestion, et il considère que la cause de l'inflation est le déficit fiscal. Par conséquent, «l'objectif excluant de la politique anti-inflationniste est d'éliminer le déficit fiscal. »
Dans une perspective statique, (sans prendre en compte le passage du temps), l'instrument choisi: la réduction des dépenses publiques a été appelé « la tronçonneuse ».
Dans une perspective dynamique, (en prenant en compte le passage du temps), l'instrument choisi : continuer à poursuivre les dépenses qui ne peuvent pas être éliminées mais en s’assurant que l’augmentation des postes soit nettement inférieure à l’inflation, a été appelé « le mélangeur ».
Alors, si tout le reste reste pareil, la réduction et la liquéfaction des dépenses conduiront à la diminution du déficit. « Mais rien ne reste pareil, », avertissent les économistes.
En effet, ces mesures ont provoqué la chute de la consommation intérieure, la diminution des ventes de biens et services, la paralysie de l'activité économique dans de nombreux secteurs de la production, la destruction de postes de travail et la chute du salaire réel.
En conséquence, cette partie des revenus publics qui est liée à la consommation interne et à l'activité économique s'en est ressentie, et cela a affecté les revenus qu'apporte une partie importante du total total de la collecte (TVA, ressources de la sécurité sociale, rentrées d'argent dûs aux droit de douane, face à la chute des importations, etc…).
« L'incohérence fiscale la plus évidente est l'impossibilité de soutenir un objectif de déficit zéro dans un contexte d’effondrement de l'activité économique, en particulier, quand la structure fiscale est de caractère cyclique comme celle qui est en vigueur. »
En d'autres termes, même si le Gouvernement a exhibé un excédent primaire et financier puisque les dépenses ont plus baissé que les revenus, cette photo ne pourra pas se répéter quand on projette un film.
«Les excédents obtenus pendant les 150 premiers jours de gestion ont été le produit de la « tronçonneuse » et du « mélangeur », mais aussi de retards de paiements qui inévitablement devront être faits à court terme. De plus, on doit avoir présent à l'esprit le fait que les effets de la chute de l'activité économique sur les revenus publics perdureront dans le temps alors que la réduction et le mélange des dépenses tendra à décroître face à l'épuisement de ses sources : on ne peut pas réduire ce qui n'existe déjà plus. »
Incohérence du change
La décision insolite du Gouvernement de faire le maxi dévaluation–une des plus importantes de ces 50 dernières années––tout en dérégulant le contrôle des prix sur les marchés les plus concentrés a eu pour conséquence une augmentation brutale de l'inflation présentée comme le « coût » à payer « une seule fois », par toute la société.
Cela a permis de maximiser la rentabilité en dollars des principe oligopoles, qui, dans le cadre du Crawling Peg (dévaluation administrée) de 2 % ont fini par inverser l'objectif initial et le transformer en décalage du taux de change et en inflation en dollars.
Ici se trouve la seconde incohérence : « La dévaluation, l'ancrage du taux de change qui s'en est suivi et la baisse échelonnée mais persistante des taux d'intérêt (...) ont incité à réduire les passifs et à placer la dette du Trésor (indexée sur l'inflation ou sur le taux de change officiel) pour une durée plus longue et même à des taux négatifs. Cette induction a fait que les placements du Trésor soient très demandés et avec un financement net positif élevé. Ces fonds excédentaires ont été utilisés pour racheter des titres publics au pouvoir de la Banque Central (…). Face à la liquéfaction potentielle des dépôts en pesos, le fonds d'investissement souscrit des titres à moyen et long terme à des taux de change négatifs. Cela a été la clé qui a permis de soutenir l'excédent financier mais qui se transforme en bombe à retardement géante, étant donné que pratiquement toute la dette en pesos de l'administration publique nationale est indexée sur l'inflation ou sur le taux de change officiel. »
Le Gouvernement cherche à assainir les comptes de la BCRA en augmentant la dette du Trésor national. Mais pour pouvoir avancer dans cette stratégie, les bons publics ont un puts (ou des assurances de liquidités) qui représentent une dette latente pour la BCRA. Mais les économistes préviennent : « Si l'humeur du marché change, les banques et les détenteurs des titres peuvent se défaire immédiatement de ceux-ci contre une émission de la BCRA grâce à laquelle l'objectif principal du Gouvernement sur l'autorité monétaire ne tient qu’à un fil. »
Pour obtenir la stabilité du nouveau type de change, le Gouvernement a également dû augmenter le stock de devises au pouvoir de la Banque Centrale et, contrairement à ce que sa doctrine recommande, n'a pas défait le « sabot ».
Il a aussi augmenté l'endettement en pesos et en dollars envers des créanciers privés. Cela aura un impact aussi bien sur les dépenses publiques que sur la demande en monnaie étrangère dans les exercice futurs mais a soulagé la charge de cet exercice. En d'autres termes, il s'est débarrassé de la patate chaude.
« Avec ce panorama, il ne semble pas réaliste de supposer que le Gouvernement puisse arriver à la fin de l'année sans faire une nouvelle dévaluation pour corriger le retard. Seul un nouveau saut dans l'endettement public extérieur qui hypothèquerait les budgets futurs ou une extraordinaire liquidation de devises, improbable sans corriger le retard du change dont on a parlé, pourrait éviter ce déséquilibre, » prophétise le rapport.
Incohérence dans la gouvernabilité
L'ajustement fiscal affecte gravement l'ensemble des provinces et la gouvernabilité de celles-ci. Mets les spécialistes signalent que les relations avec les gouverneurs ne sont pas seulement traversées par la question fiscale, mais aussi par les relations des Gouvernements provinciaux avec les principales corporations nationales et étrangères qui opèrent sur leur territoire. Nous parlons du secteur minier, pétrolier et gazier.
D'autres mesures comme la fermeture d’organismes publics, la suspension des transferts aux universités nationales et la liquéfaction des salaires des travailleurs et des avoirs des retraités et des pensionnés ont détérioré des conditions de vie de secteur sociaux très importants et menacent de détruire des institutions très implantées dans la conscience collective de la société.
Le rejet du DNU 70/23 par le Sénat, la marche arrière de la loi Oni, omnibus originale à la chambre des députés sont des batailles perdues par le Gouvernement qui mettent en évidence sa faiblesse institutionnelle. « Bien qu'il puisse gagner les prochaines batailles, empêcher le rejet du DNU à la chambre des députés et obtenir l'approbation de la loi Bases au Sénat, la représentation parlementaire réduite du Gouvernement continuera à être un problème, au moins jusqu'à l'élection de mi-mandat, disent les analystes.
La limite, c'est la réalité : les gouverneurs ne peuvent pas gouverner leur district sans aucun accord avec le Gouvernement national qui leur permettre de récupérer des ressources en échange des lois qu'il demandent.
« L'agression contre les travailleurs est condamnée par les organisations syndicales qui ont une capacité d'organisation suffisante pour occuper les rues bien que, d'un autre côté, une partie importante de celles-ci, soit remise en question par la société et par leur propre base, un aspect dont profite le Gouvernement pour discréditer la défense des intérêts de la majorité en général . »
Et les spécialistes ajoutent: « Le conflit social latent et croissant peut générer deux voies à l'issue ouverte : soit la résistance sociale s'approfondit et permet l'émergence de nouvelles perspectives, soit l'espace social de l'anarco-capitalisme s'organise de manière plus cohérente. Ce sont des extrêmes qui ne sont pas exclus dans le scénario à venir.
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