Cuba : Listes, élections, et cartes marquées
Par Omar Rafael Garcia Lazo.
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar infos
L'auteur dévoile la véritable signification de l'annonce récente des États-Unis sur l'exclusion de Cuba de la liste unilatéral des pays « qui ne collaborent pas » avec leur Gouvernement dans la « lutte contre le terrorisme », alors qu'ils la laissent sur une autre liste vicieuse et agressive de soi-disant pays qui soutiennent ce fléau.
Les médias ont diffusé l'annonce du département d'État des États-Unis sur le retrait de Cuba, de la liste des pays qui « ne collaborent pas » avec ce pays dans sa soi-disant lutte contre le terrorisme.
Dès le début, on doit préciser qu'il existe deux listes : celle dont Cuba va être exclue, et une autre plus dangereuse, agressive et hostile, qui est celle qui catalogue de façon unilatérale, opportuniste et biaisée, certains pays comme « des soutiens du terrorisme. » Cubas est maintenue sur cette liste, selon le secrétaire d'État Anthony. Blinken.
Au milieu d’une politique de pression maximale contre l'île des Caraïbes mise en place par le Gouvernement de Donald Trump et maintenue de façon cynique et criminelle par Joseph Biden, destinée à faire se rendre le peuple cubain par la faim, cette information semblerait provoquer des soupirs d’espoir.
Sans doute, cette décision est-elle un pas dans la bonne direction, celle que Biden a esquivée dès qu'il est entré à la Maison-Blanche car, tout d’abord, car elle reconnaît que Cuba ne va pas main dans la main avec le terrorisme et que, mieux encore, elle le combat et le condamne sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.
En second lieu, il semblerait schizophrène plus que cynique de reconnaître que Cuba collabore avec Washington dans sa lutte contre le terrorisme et en même temps, encourage ce fléau.
Mais les incohérences apparente politique ont toujours une explication.
Les États-Unis sont dans une année électorale. La candidature de Biden a été très frappée à partir des groupes démocrates à cause de sa position de complicité avec le génocide israélien contre les Palestiniens de Gaza, et la promotion et la défense des droits de l’homme, un autre de ses drapeaux évidemment, faux, l’a été encore plus. Mais pour Biden, 16 000 enfants assassinés par « Israël », avec des bombes fournies par le complexe militaire et industriel de son pays grâce à des fonds fédéraux approuvés par son Gouvernement ne constitue pas une violation flagrant et grossière des droits de l’homme.
D'autre part, l'extrême droite républicaine anti-cubaine installée en Floride, alliée de Trump et de ses positions anti-immigration, racistes et suprémacistes, a déchaîné une violente campagne contre Biden qui a préoccupé une partie de l'aile des démocrates favorables à Obama et semble avoir obligé le président et son équipe médiocre, à répondre d'une certaine façon.
Précisément, après l'annonce qui nous occupe, les membres du Congrès anti-cubains ont eu une réaction agressive contre cette mesure, non pour ce qu'elle pourrait signifier en terme pratique et politique pour Cuba, mais parce que, en plus de ne pas tolérer le plus petit changement dans la politique actuelle contre cette île, base de leur vote aux élections et de leur sécurité économique, ils savent que Biden s'efforcent d'unifier le parti, d'apaiser les positions critiques en son sein et d'envoyer un message à l'aile favorable à Obama qui pourrait apporter non seulement des millions mais aussi des contributions politiques, une image et des voix. Et tout cela met en danger l'élection de Trump, unique garantie de soutien des politiciens mafieux du sud de la Floride.
L'équipe de Biden a dû prendre note, en outre, de la campagne que ce secteur rétrograde de la Floride a mis en place contre le secteur privé qui émerge à Cuba. Pour la mafia anti-cubaine de Miami, ce secteur, vu par le Gouvernement, cubain comme un complément du schéma économique de l’île, est aligné sur la politique socialistes de la Révolution.
Bien que ses ex ne soient pas dénué de raison, dans le fond, ils expriment une contradiction avec les postulat libéraux, qu'un partie démocrate n'est pas disposé à ignorer ni à salir car, pour d'autres groupes démocrates importants favorables à Obama, le développement du secteur privé à Cuba et l'assouplissement des mesures d'asphyxie économique sont les piliers de la stratégie mise en place par Obama et interrompue par Trump, destinée à détruire la Révolution Cubaine par d'autres méthodes,
C'est la clé pour comprendre, d'une part, la rage de l'extrême droite contre le processus d'actualisation économique de la plus grande des Antilles et, de l'autre, la pression exercée par certains démocrates pour que Biden fasse des pas importants concernant Cuba, mais avec les objectifs que nous connaissons.
Dans cette spirale d'évènements, la récente, visite à Cuba d'une délégation d'agriculteurs, de membres du Congrès et de personnalité politique pour participer à la Ve conférence agricole États-Unis–Cuba exprime l’intérêt, positif bien que limité, d'important groupes patronaux du monde agricoles et alimentaire enclins à élargir leur commerce avec Cuba.
Mais outre que la pression exercée par ce groupe n'est pas suffisante pour faire tomber les barrières imposées par le blocus économique, commercial et financier du Gouvernement des États-Unis contre Cuba, et que, de plus, ils bénéficient des conditions de paiement imposées par Washington, les mesures prises et le lobbying qu’ils peuvent exercer dans leurs sphères d’influence respectives ne sont pas sans importance.
Sur le plan des relations internationales, la Maison-Blanche a dû prendre note du renforcement des liens historiques et particuliers de Cuba avec la Chine et la Russie, du soutien vertical de la Révolution Cubaine à la cause palestinienne et de sa ferme dénonciation du génocide que commet « Israël » à Gaza et en Cisjordanie.
La prétention de faire taire Cuba avec des carottes, au milieu de ses limitations économiques, a été récurrente dans d'imports secteurs des États-Unis. Comme cette tactique n'est pas nouvelle, le jeu de l'exclusion de cette liste singulière ne doit pas être lu s'en tenir compte de la situation complexe que nous avons décrite.
En résumé, les démocrates et Biden sont en train de faire bouger leurs cartes. Ils ne s'occupent pas de Cuba car celle-ci, aujourd'hui, n'est pas la priorité. Jusqu'à présent, ils sont conscients de l'impact de leur stratégie d'asphyxie économique ainsi que de la détermination du peuple cubain à ne pas céder dans leurs actions destinées à défendre leur modèle socialiste de développement.
Ce dont il s'agit, et cela a été l'axe de ces réflexions, c'est du fait que Biden et son parti sont en train d'essayer d'assurer la cohésion du parti et ainsi sa sélection ou, s’il est vaincu, de laisser la voie ouverte à quelqu'un, qui, depuis ses propres rangs, atteindra le fauteuil présidentiel, freinera le trumpisme et administrera le déclin de l'hégémonie de l'empire. C'est sous cette prémisse qu’on doit lire l'exclusion annoncée qui ne change rien à la stratégie de pression maximale de la Maison-Blanche contre Cuba.
Source en espagnol :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/05/18/cuba-listas-elecciones-y-cartas-marcadas/
URL de cet article :
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