Amérique latine : Entre Monroe et Ayacucho
Déclaration de la maison des Amériques
Traduction Françoise Lopez, pour Amérique latine-Bolivar infos
Un nouveau fantôme parcourt le monde : celui de l'essor de l'extrême droite et de l'augmentation d'un fascisme que nous croyions réservé aux livres d’histoire. Approuvé dans les urnes, comme il y a presque un siècle, il ne se cache pas pour montrer son visage le plus impudique. Le plus ouvertement criminel, il le fait à Gaza, où le monde est à nouveau témoin d'un génocide qui a, aujourd'hui même, la complicité ou la la lâcheté d'une bonne partie de l’occident.
Le cauchemar s'étend sur l'Europe, s'achève sur les États-Unis et atteint une Amérique latine qui, après avoir subi la présence obscène de Bolsonaro, subit aujourd'hui celle de Milei, un individu non moins dangereux.
Il serait irresponsable de ne pas tenir compte du fait que l'extrême droite et passer du bavardage sur des lieux communs à prendre l'initiative sur des problèmes capitaux pour les citoyens. Porte-drapeau d’une « guerre culturelle » comprise comme le combat contre toute revendication des droits économiques, politiques, sociaux ou culturels, aussi fondamentaux qu’ils puissent paraître, ce nouveau fascisme vit un moment d’expansion qui le fait se sentir enhardi et euphorique.
Dans un panorama aussi inquiétant, la victoire écrasante de Claudia Sheinbaum aux élections au Mexique, une reconnaissance du travail de son prédécesseur et un soutien à la vocation latino-américaine et au pari pour les pauvres que la présidente élue continuera à faire avancer, est encourageante.
Le 28 juillet prochain, ou Chave, le dirigeant de la révolution bolivarienne qui a revendiquer un socialisme pour le XXIe siècle, aurait eu 60 ans. Justement, ce jour là auront lieu au Venezuela. Les élections générales au cours desquelles s'affrontent n'ont pas une dizaine de candidats, mais deux projets de société. Les médias les plus puissants du monde ont déjà choisi le leur. Évidemment, celui de la contre révolution.
Le candidat favori de l'opposition, et surtout son mentor (la carte préférée de l'Empire), commencent à prendre autant de place dans les sièges législatifs étrangers que dans la presse et sur les plateformes numériques. Après les tentatives d'assassinat et d'invasion ratées, les émeutes violentes et la terreur, les sanctions et le vol des ressources du pays, et même la farce d'un faux président sans peuple, l'assaut des médias s'intensifie.
La machinerie du discrédit est déjà en marche. Un journal espagnol influent, par exemple, s'empresse de mettre en place un soupçon empoisonné : « L'absence d'observateurs de l'Union européenne laisse les élections sans contrôle robuste. » D'autres médias font déjà circuler de soi-disant sondages qui donnent la victoire à ce qu'on appelle la Plate-forme Unitaire Démocratique en tant que prétexte pour ne pas reconnaître tout résultat contraire et comme contribution au climat de méfiance qu'on cherche à créer. Personne ne sera surpris que dans les prochaines semaines, la campagne continue à hausser le ton. Plus que se préparer pour gagner, la droite vénézuélienne semble prête à lancer l'accusation de fraude qui, sans aucun doute, aura le soutien immédiat et enthousiaste de nombreux Gouvernements et médias. C'est une mise en scène que nous connaissons bien.
L'histoire de l'Amérique latine et des Caraïbes a oscillé entre le harcèlement dont pendant des siècles ont été victimes ses peuples et les lutte qu'ils ont livrées pour leur liberté à feu et à sang. Si l'année dernière, c'était le bicentenaire de la doctrine Monroe qui représente le choix de l'empire, cette année, c'est le bicentenaire de la bataille d'Ayacucho, qui a scellé l'indépendance de l’Amérique du Sud. Il ne s'agit pas seulement d'un affrontement entre le candidat de la Révolution Bolivarienne et celui de ses adversaires. L'attaque des médias hégémonique ne nous permet pas d'oublier que ce qui se joue aujourd'hui au Venezuela, c’est, précisément, le choix, face à cette alternative : ou Monroe ou Ayacucho.
La maison des Amériques, fidèle depuis 65 ans au projet d'émancipation culturelle de Notre Amérique, lance un appel aux intellectuelles du monde, et en particulier à ceux de la région, à suivre de très près les événements dans ce pays frère, les manœuvres de la droite locale et mondiale et à être en alerte face à toute tentative destinée à usurper la décision souveraine du peuple vénézuélien.
La Havane, 11 juin 2024
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