Argentine : Milei a besoin de la loi Bases pour se montrer au G7
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar infos
Pour se présenter devant les investisseurs et les organismes internationaux, le président a besoin que le Sénat approuve la loi Bases. Ce serait un outil politique pour faire diminuer l'incertitude économique et sociale concernant un Gouvernement qui, pendant six mois, n'a gouverné que par décrets.
Mille a besoin d'amener au conclaves du G7, en Italie, l'approbation de son projet de loi, « Bases et points de départ pour la liberté des Argentins » par le Sénat.Ce serait la démonstration de consensus institutionnel que lui réclament les organismes internationaux et ceux qui voudraient investir dans le pays.
Six mois se sont déjà écoulés et le Gouvernement fonctionne par « décrets » qui pourraient être abrogés et crée l'incertitude sur son tournant économique et politique. C'est un problème que la « politique », au-delà des institutions, c'est-à-dire dans l'organisation populaire et dans la rue, reconnaît. C'est pourquoi une partie importante se joue, dans une mobilisation qui crée la polémique même dans un large secteur social et syndical, comme la CGT qui ne sera pas représentée en tant que telle dans la mobilisation que réalisent divers secteurs socio-politiques d'opposition à la politique du gouvernement et de ses partenaires de « l’opposition qui dialogue. »
Le Gouvernement a besoin de l’approbation, même avec des modifications. Cela lui permettra de revenir à la chambre des députés pour obtenir, peut-être en juillet, une loi qui soit une véritable réforme structurelle du fonctionnement socio-économique du pays.
Le Gouvernement signale que c'est la continuation et l’approfondissement des réformes des années 90 qui ont renforcé un objectif exprimé dans le programme de la dictature génocide qui ne s'est pas matérialisé. À partir de l'opposition critique, en particulier de gauche, en reconnaît la gravité de ce fait et toutes les initiatives de protestation et de mobilisation qui demandent aux parlementaires de freiner les réformes régressives contenues dans le projet législatif ont été organisées.
Ce qui se discute est un problème très important non seulement pour le pays, mais aussi pour l'économie mondiale. En Italie, on considérera la continuité d'une poly-crise qui se manifeste par une faible croissance et une baisse de productivité au-delà de l'innovation technologique ou de l'inclusion massive de la digitalisation dans les processus économiques.
L'économie mondiale a besoin, pour renforcer un tournant transnational, qui, en même temps, mette un frein à l'expansion économique de la Chine qui, aujourd’hui, assume le projet de mondialisation à partir de la planification et du pouvoir centralisé du Parti Communiste, que l'investissement de capitaux soit stimulé. Cette stratégie de Pékin implique de nouveaux accords de production et de circulation de capitaux, de biens et de services, avec des économie sanctionnées par les États-Unis et leurs associés en Europe et en Asie.
Cette contradiction provoque le ralentissement de l'économie mondiale, un ralentissement que reconnaissent des organismes internationaux. C'est pourquoi l’Argentine cherche à montrer la voie avec un programme de privatisation, de déréglementations et de stimulants fiscaux, monétaires et de taux de change très commodes.
Ce n'est pas seulement la loi Bases mais le projet disciplinaire que suppose le projet Milei avec la prétention d'être une recette universelle. Le capital mondial cherche des réformes structurelles du travail et de la sécurité sociale auxquelles les mouvements syndicaux, sociaux et populaires résistent dans les différents pays qui cherchent à avancer dans cet ordre du jour réactionnaire. Le capital hégémonique demande une « politique » qui obtienne un consensus pour discipliner les conflits et obtenir des soutiens pour ses propositions réactionnaires.
La logique de la politique de Milei dans le pays s'appuie sur un consensus de sa base électorale, passif pour le moment et construit sur un dialogue direct grâce aux réseaux sociaux et au soutien de la presse et des journalistes de l'hégémonie de la communication. C'est une expérience en développement qui explique le militantisme permanent du président sur toutes les scènes du monde où il peut intervenir dans la bataille actuelle des idées.
Il est évident que si il ne manque pas de réprimer, il n'épargne pas leurs efforts et l'ajustement fiscal n'existe pas dans ce domaine.
Bien entendu, si la répression est nécessaire, aucun effort n'est épargné et l'ajustement fiscal n'existe pas.
Le gouvernement Milei n'est pas une « droite nationaliste », mais soutient une perspective libératrice à outrance pour relancer le capitalisme en crise, une politique assimilable au projet de Pinochet, qui, est en pleine crise de rentabilité, dans les années 60/70, a expérimenté les politiques orthodoxes de Chicago pour installer ce qui sera défini ensuite comme une offensive « néolibérale », une proposition qui dépassait la logique nationale et se transformait en un projet du capital plus concentré.
50 ans après cette expérience, face à une nouvelle crise qui se développe depuis 2007/2009, avec une faible croissance, l'attente du succès du capitalisme revendiqué jusqu'à plus soif par Milei qui se présente comme un technicien de la croissance, la proposition libertaire du Gouvernement argentin cherche à se construire à l'avant-garde d'une proposition mondiale. Qu'il le cherche ne veut pas dire qu'il y arrivera, mais c'est une possibilité à prendre au sérieux, à ne pas sous-estimer, et à ne pas surestimer non plus.
La crise mondiale se manifeste dans la concurrence des prix entre les grands capitaux des monopoles, une inflation qui interfère sur la réduction des taux d'intérêt sur les marchés financiers mondiaux, et en général, la crise induit une dépense militaire plus importante dans un horizon de guerre qui cache les difficultés des États-Unis et de ses principaux partenaires du capitalisme développé à soutenir la dynamique de domination construite depuis Bretton-Woods et redéfinie vers 1991 avec la chute de la bipolarité mondiale. Dans ce cadre, la Chine et son projet de « multi-polarité » constituent un problème à résoudre.
Si le capitalisme a été contesté dans un sens civilisateur par le socialisme de 1917 à 1991, le débat porte aujourd'hui sur l'hégémonie au sein du régime du capital.
Les politiques destinées à construire la multi-polarité sont variées, depuis les BRICS avec ses nouvelles adhésions, une adhésion que l'Argentine a rejetée à l'arrivée du nouveau président en décembre dernier, aux multiples conclaves mondiaux comme le « 27e forum international de Saint Pétersbourg », en Russie qui a eu eu lieu pendant les premiers jours de juin.
La, le président de la Bolivie a demandé le soutien de la Russie pour entrer en tant que partenaire de l'élargissement des BRICS. Ce groupe est une confluence diverse, nuancée et conflictuelle qui comprend des orientations très différentes parmi ses composantes, mais qui cherche une place dans la réorganisation multipolaire du capitalisme contemporain.
Le débat politique pour ou contre le projet présenté du 12 juin au Sénat argentin est essentiel.
Nous insistons sur le fait que cela n'a pas qu'un intérêt local, mais aussi mondial. La situation locale intervient dans le débat mondial et vice versa, en particulier, quand la droite avance sur ses positions et dans sa visibilité, en tant qu'option pour des millions de personnes écartées par l'ordre capitaliste, et qui cherchent une issue rapide dans Le chant des sirènes des vieilles recettes recyclées du libéralisme, même quand elles sont présentées comme des propositions novatrices.
A proprement parler, seule une proposition émergeant de l'organisation sociale dans une perspective d'émancipation comme renouvellement des propositions collectives de solidarité pour la satisfaction des besoins sociaux et le respect de la nature peut être une option civilisatrice face à une crise qui menace la vie et les biens communs de l’humanité.
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