Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bolivie : Le laboratoire du fascisme

30 Juin 2024, 14:48pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Gustavo Espinoza M

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar infos

 

Depuis la guérilla du Che et le Gouvernement fugace de Juan José Torres renversé en août 1971, la Bolivie joue le rôle d'une sorte de laboratoire du fascisme.

 

La crainte de l'empire de la vieille « clique », bolivienne, toute effrayés par la possibilité que le pays devienne le foyer d'une révolution inachevée–avril 1952–a réussi à renforcer un relatif processus de stabilisation, grâce à un tyran sinistre : Hugo, Banze.

 

Les gouvernements qui ont succédé, certains « réformistes », et d'autres conservateurs, se sont transformés à une variante néo libérale de Sanchez de Lozada. Largement rejeté par le peuple. Enfin, un chef populaire, Evo Morales, sous la conduite, du mouvement vers le socialisme, a ouvert la voie, un processus convulsif de transformation sociale qui n'est toujours pas terminé.

 

On peut avoir des opinions d'une tendance ou de l'autre à propos de ce qui s'est passé en Bolivie sous le gouvernement du MAS. Mais au-delà de cela, il y a des éléments communs qui s'imposent par la force des choses : le progrès social et politique obtenu par le pays pendant presque 12 ans et la résistance à cette évolution déployée systématiquement par l'oligarchie traditionnelle et la Maison-Blanche qui s’emploient toutes deux à faire obstacle au changement et à récupérer les privilèges perdus.

 

Jamais le fait de récupérer le pouvoir par la force pour imposer un régime soumis à Washington n'a été en dehors des plans de l'empire. C'est pourquoi après plusieurs conspirations inefficaces, un coup d'Etat, qui a mis fin au gouvernement de Morales en novembre 2019.

 

Pour cela, il était indispensable d'avoir la complicité de hauts commandants de l'armée qui se sont joints –certains par conviction et d'autres par intérêt– à une action violente qui a baigné de sang le sol de la Bolivie et qui a été encouragé par la CIA.

 

Le régime de Jeannine Añez, imposé de force par l'extrême droite n'a fait qu’aggraver les causes d'une lutte des classes aiguë. Enfin, face à l'incapacité de renforcer une gouverhabilité, la « présidente » précaire s'est vue  forcée de convoquer des élections anticipées, celles-là même qui ont mis chacun à sa place : le MAS, à la présidence et Añez en prison.

 

La, défaite du putschisme a été possible avant tout grâce à l'unité du peuple bolivien. Ensemble, ouvriers, paysans, employés, intellectuels et artistes, travailleurs en général,  joints aux étudiants et aux femmes au foyer, ont combattu fermement pour affaiblir la dictature et rendre inopérants ses plans de domination. Mais là, la lutte n'a pas été facile.

 

Les tueries, les crimes de guerre, les violations des droits de l'homme et les abus de toutes sortes n’ont pas manqué. Ils ont cherché à garder dans leur mains, par un moyen ou par un autre, les ressorts du pouvoir pour garantir leurs privilèges et leurs prébendes.

 

Les élections organisées après 12 mois de martyr ont eu le résultat qui était prévisible : le MAS est retourné au gouvernement et Luis Arce Catacora, qui était auparavant le ministre de l'économie d’Evo, a obtenu 56 % des voix et est passé à la direction de l'État. Les militaires ont été jugés mais l'institution n'a pas été épurée. Il reste en elle reliquat qui agit toujours.

 

Le travail de l'ennemi n'a pas cessé avec la défaite des putschistes. Simplement, le jeu à changé. Conscient que la force du peuple se trouve dans son unité, il a cherché à le diviser en frappant à partir de différents angles.

 

Comme dirait Anibal Ponce à propos de la perte de la conscience de classe, il a encouragé en certains la vanité toujours présente et en d'autres l’ambition jamais endormie, il a pu pénétrer l'âme de ceux qui avaient des possibilités réelles de Pouvoir. Il a visé ainsi et Evo Morales et Luis Arce en cherchant la rupture.

 

Il est possible que tous deux aient commis des erreurs que ont facilité la division. Mais tous deux ont aussi apporté des ressources importantes au mouvement. Ils devraient, alors, tirer les leçons de l'expérience vécue et comprendre que la cause des grandes masses populaires est au-dessus des appétit personnels.

 

Il est possible que le fascisme et perçu dans l'absence d'unité le talent d'Achille, du mouvement populaire. Et il s'en est servi pour frapper. Un jeu de laboratoire, qui aurait pu être à son avantage.

 

Mais aussi bien en Bolivie qu’à l'extérieur du pays–et il est bon de le savoir–le fascisme devra poursuivre la tâche de scinder le mouvement.

 

Aujourd'hui, il a recours à un nouveau stratagème : exporter l'idée qu'il n'y a pas eu de coup d'Etat, que tout a été une farce organisée par Luis Arce pour gagner du prestige. » Dans le fond, ce qu'il cherche, c'est de continuer à les faire s'affronter et à bloquer tout processus de reconstruction de l’unité.

 

La main de Washington n'est pas loin de cette manœuvre séditieuse. Ce n'est pas par hasard que cela s'est passé peu après le voyage d'Arce à Moscou et au moment où le Gouvernement de La Paz adopte des mesure réelles pour protéger l'exploitation du lithium, tellement convoité par l'empire et expressément demandée par la général du Commandement Sud des États-Unis, madame Laura Richardson.

 

C'est que ce qui est visé, ce n'est pas rien. C'est le processus émancipateur de l'Amérique latine.

 

Après tout, la Bolivie n'est pas seulement un pays. C'est aussi le laboratoire du fascisme. Là, les dernières cartes n'ont pas encore été jouées.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/06/29/bolivia-laboratorio-del-fascismo/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/06/bolivie-le-laboratoire-du-fascisme.html