Cuba : Les listes des États-Unis et l’acharnement
Par Tatiana Coll
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar infos
Mi mai, on a appris que le département d'État des États-Unis envisageait de sortir Cuba de la liste des pays qui « ne coopèrent pas pleinement » à la lutte contre le terrorisme. La note : « le 15 mai, le secrétaire d'État Anthony Blinken a déterminé et certifié sous la section 40A de la loi sur le contrôle des exportations d'armes, que 4 pays- la Corée du Nord, l'Iran, la Syrie et le Venezuela–n’ont pas coopéré pleinement avec les efforts antiterroristes des États-Unis en 2023. » Les circonstances qui justifiaient le maintien de La Havane sur cette liste ont changé de 2002 à 2023.
Le Gouvernement cubain, par la voix ironique du chancelier Bruno Rodriguez a répondu immédiatement : « Les États-Unis finissent par admettre que Cuba collabore pleinement contre le terrorisme. »
Mais cette décision revient au Congrès des États-Unis et non au département d'État. Ce qui est paradoxal dans cette demi-mesure, c’est que non seulement elle doit obtenir l'aval du Congrès mais qu’elle n'implique pas le retrait de Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. Une liste qui a été mise en place en 1982 par Ronald Reagan qui a engagé la « guerre des galaxies » pour arrêter et démanteler le socialisme.
Le galimatias du Gouvernement de Biden est que Cuba a cessé de « ne pas coopérer pleinement » à la lutte contre le terrorisme mais en même temps, soutient le terrorisme. Comme l’a signalé Bruno Rodriguez, « cette mesure n'implique pas la sortie de Cuba de la liste des nations qui soutiennent le terrorisme, et c'est ce qui devrait être fait, le reste est une manipulation politique. »
Les listes ont été créées tout au long de l'histoire des États-Unis pour justifier le critère de domination du moment : communisme, terrorisme, combat contre les drogues, diverses façons de recourir à la doctrine de sécurité nationale, au contre-espionnage ou à la contre-insurrection.
L'effet pratique de cette liste est de signaler que les États-Unis ne peuvent vendre d'armes à Cuba ni aux autres pays qui soutiennent le terrorisme. Dans le cas de Cuba, il est évident qu'à cause du blocus ou embargo, comme l'appellent les Yankees, non seulement ils ne peuvent pas vendre d'armes, mais ils ne peuvent pas non plus vendre de médicaments, d'aliments, d'ordinateurs, de bicyclettes, ni absolument rien à Cuba. Les lois Torricelli et Helms-Burton des années 90 sont extra-territoriales et interdisent à tous les pays du monde de faire du commerce avec Cuba sous peine de sanction des États-Unis.
Il est également interdit aux citoyens américains eux-mêmes d'acheter des produits cubains, de se rendre à Cuba, d’écrire à Cuba.
Le Gouvernement mexicain en est arrivé à porter plainte contre les compagnies étasuniennes de production et de vente d'armes qui entrent illégalement dans le pays par centaines de milliers pour les trafiquants de drogue.
Est-ce que ce n'est pas soutenir le terrorisme depuis les États-Unis?
Obama a fait une minuscule tentative pour ouvrir des espaces. En 2015, il a retiré Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. En 2021, Trump l’y a remise et son secrétaire d'État Mike Pompeo a annoncé que « le régime castriste doit finir de soutenir le terrorisme international et de perturber la justice des États-Unis. »
Cette accusation venait du fait que Cuba avait refusé d'extrader, comme le demandaient les États-Unis, des membres de l'Armée de Libération Nationale accusés par eux d'avoir mis une bombe dans une académie de police à Bogota en 2019.
Cuba a refusé l'extradition parce qu'à ce moment-là, elle était la médiatrice et l’hôte des dialogues de Paix en Colombie. Nous nous demandons : qui doit appliquer la justice : le Gouvernement Colombien ou le Gouvernement des États-Unis? Pourquoi les Etasuniens pensent-ils que ce sont eux qui doivent et peuvent juger des combattants colombiens ?
Est-ce que c'était un mécanisme destiné à interrompre les dialogues de paix? Peut-être les dialogues auraient-ils réussi à empêcher l'envoi démesuré d'armes des États-Unis en Colombie ?
Pompeo a aussi accusé Cuba d'avoir donné refuge à la combattante du Black Power Assata Shakur (Joanne Chesimard), condamnée en 1973 (il y a 51 ans !) Enfin, il a ajouté que le Venezuela survivait et que Maduro se maintenait au pouvoir grâce à Cuba, et c'était intolérable pour les bonnes consciences. Toutes stupidités qu'il prononçait en totale impunité dans ce monde contemporain dans lequel les États-Unis, la France, l'Angleterre et l'Allemagne fournissent des tonnes d'armes de toutes sortes à Israël pour assassiner chaque jour des milliers de femmes, d'enfants, d'hommes, de jeunes, de journalistes, de coopérants d'organisations internationales et de membres de l'ONU, en Palestine… et cela, évidemment, ce n'est pas du terrorisme.
Il se tait quand Israël ne respecte pas les mandats de l'ONU et de la Cour Internationale ainsi que toute règle de préservation de la population civile. Ces Gouvernements savent que Cuba n'a jamais soutenu ni réalisé aucun acte terroriste. Au contraire, elle a été victime de harcèlement constant, avec toutes sortes de mesures, depuis les bombes, les enlèvements, les assassinats, les invasions en plus du blocus inhumain.
L'éternel acharnement contre Cuba, cette amertume, cette rancœur, cette méchanceté, cette haine, cette animosité, ce ressentiment, cette colère, cette amertume, cette férocité, cette sévérité, cette cruauté, cette brutalité et cette inhumanité cherchent à éclipser, à obscurcir, à empoisonner, à corroder, à attaquer, à agresser, à frapper, à battre, à menacer, à intimider… Mais avec tout cela, ils n'ont réussi ni à briser Cuba ni à y mettre fin. C'est au prix de gros efforts, de la résistance et de l'héroïsme que le peuple cubain a fait face à cette chaîne d'arbitraire.
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