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Mexique : Les relations avec les États-Unis, un défi pour la présidente élue

9 Juin 2024, 17:32pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar infos

 

Une fois obtenue la victoire dans les une, le Gouvernement de Claudia Sheinbaum aura un énorme défi dans la relation que le Mexique pourrait construire avec les États-Unis au milieu de la croissance d'une extrême-droite de plus en plus violente et xénophobe.

 

Sans aucun doute, le problème crucial sera celui de l'insécurité, un problème qui traverse la frontière entre les deux pays.

 

Tandis qu'au Mexique, on cible essentiellement les activités de trafic de drogue et de trafic d'armes illégales, aux États-Unis, par contre, le concept de l'insécurité est beaucoup plus versatile et ambigu puisque le trafic de drogue (surtout celui du fentanil) coexiste avec une immigration massive et incontrôlable qui comprend aussi bien des Mexicains que des Latino-américains.

 

Mais, aux États-Unis, l'obsession contre le Mexique n'est pas nouvelle et a plusieurs précédents.

 

Depuis les tentatives pour s'approprier le Texas au début du XIXe siècle jusqu'à la guerre qui s'est déroulée entre 1846 et 1848 et qui a débouché sur la remise par le Mexique, de plus de la moitié de son territoire aux États-Unis.

 

Déjà, autant de la Révolution, l'occupation du port de Vera Cruz en 2014 a été suivie deux ans plus tard par ce qu'on appelle « l'expédition punitive », contre les force de Pancho Villa à cause de son attaque de la ville de Columbus. Avec le temps, l'interventionnisme des États-Unis n'a pas diminué mais se fait sentir surtout sur le terrain économique et dans les régulations successives du flux commercial et migratoires par la frontière commune.

 

Au-delà de ses aspects historiques, le sentiment anti-mexicain et en général, anti-latino n'a pas cessé de croître dans de larges secteurs de la population des États-Unis.

 

Des secteurs de la droite et une bonne partie du parti républicain ont rendu responsables la gauche et le Gouvernement d’Andrès Manuel Lopez Obrador de l'absence présumée de réponse face au commerce illégal de la drogue et aux vagues migratoires de ces dernières années.

 

Selon un sondage Reuters/IPSOS de 2023, environ la moitié de l'électorat étasunien soutient une action militaire directe des États-Unis contre les cartels mexicains. Et un sondage de NBC News, également de l'année dernière, révèle que l'idée d'envahir le Mexique pour gagner la guerre contre les drogues a le soutien de 86 % des électeurs des primaires républicaines.

 

Si, pendant son mandat présidentiel, de 2017 à 2021, Donald Trump avait une perspective défensive et envisageait de construire un mur financé par les Mexicains eux-mêmes, lors de la campagne électorale actuelle, plusieurs représentants du parti républicain ont présenté des propositions de caractère nettement offensif.

 

Le gouverneur actuel de la Floride, Ron DeSantis, a promis qu'il enverrait des forces au Mexique « le premier jour » s'il est élu président. Pour sa part, le patron d’ascendance indienne qui aspirait aussi à la Maison-Blanche, a affirmé qu'il utiliserait « la force militaire pour éliminer les cartels, dans le style d’Oussama Bin Laden « dans les six premiers mois de son mandat. »

 

Les initiatives contre le Mexique ont aussi atteint le niveau parlementaire. Début 2023,21 républicains dirigés par les représentants Dan Crenshaw et Michael Waltz ont introduit une proposition destinée à autoriser l'utilisation de la force militaire contre les cartels mexicains. Quelques mois plus tard, le sénateur Lindsey, Graham a fait la même chose afin de « préparer le terrain » pour une intervention imminente au Mexique.

 

Donald Trump a été celui qui a le plus avancé dans ses idées. Il avait envisagé la possibilité de déployer l'armée des États-Unis dans le pays voisin pour éliminer les cartels de la drogue et bombarder leurs installations avec ou sans l'approbation du Gouvernement mexicain. « Personne ne saurait que c'était nous, », aurait dit Trump, selon les mémoires de Marc Esper, son ministre de la Défense.

 

Les prochaines élections aux États-Unis placent le Mexique dans un lieu problématique, mais pas seulement pour les républicains.

 

En avril, le sujet « immigration/sécurité de la frontière » a été identifié comme le plus gros échec du président Biden par 31 % des personnes interrogées par Fox News. Mais les résultats ont été pires dans le sondage de Harvard/Harris puisque 46 % des personnes interrogées ont affirmé que la pire défaite de Biden a été « d’avoir créé une politique de frontière ouverte et une avalanche historique d'immigrants. »

 

Malgré les complications de gestion et la faible approbation du Gouvernement, les démocrates ont poussé un soupir de soulagement face au verdict de culpabilité contre Donald Trump annoncé vendredi dernier. Les premiers sondages semblent leur donner raison, car un petit groupe d'électeurs républicains hésiterait à voter pour un candidat pointé du doigt par la justice.

 

Mets le record de collecte d'argent après la révélation de la sentence ajouté au discours de victimisation et de persécution du dirigeant républicain pourrait réanimer une extrême-droite avec des désirs de vengeance, non seulement contre la justice et les démocrates, mais, encore plus, contre tous ceux qui, par leur simple présence, menacent de perturber « l'American Way of Life. »

 

Avec tous ses précédents, Claudia Sheinbaum n'aura pas la tâche facile, si Donald Trump est élu en novembre. Mais se pourrait aussi être difficile. Dans le cas où Biden serait réélu. Si les démocrates ne parviennent pas à attirer une droite de caractère ultra nationaliste. La condition de femme et de féministe de la nouvelle présidente jointe à son idéologie de gauche et à son ordre du jour environnemental pourrait devenir une cible d'attaque de la part des violents et des radicalisés.

 

Comme à d’autres occasions, l’expression qui résume mieux que n'importe quoi d’autre une relation historique mais stratégique, prend aujourd'hui tout son sens: "Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis! »

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/06/08/mexico-la-relacion-con-eeuu-un-desafio-para-la-electa-presidenta/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/06/mexique-les-relations-avec-les-etats-unis-un-defi-pour-la-presidente-elue.html