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Venezuela : Notre pétrole contribue à l'équilibre mondial

22 Juin 2024, 16:05pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Geraldina Colotti

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine Bolivar infos

 

Interview de Ricardo Molina

 

Ricardo Molina, ingénieur forestier, est député du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV). Auparavant, il a occupé de nombreux postes au Gouvernement dont celui de ministre des Transports et du Logement. Aujourd'hui, il préside la commission parlementaire sur l’éco-socialisme. Merci pour cette interview.

 

Les prochaines élections présidentielles sont presque là. Quelle est l'offre du chavisme pour le nouveau mandat de Nicolás Maduro ?

 

Notre parti - le PSUV - et ses alliés du Grand Pôle Patriotique ont choisi le président Nicolás Maduro pour assumer un troisième mandat. Nicolas est le candidat du peuple, le candidat de la Patrie. Son programme se résume aux 7 T : les 7 transformations qui concernent l’économie, la politique, le social, l’écologie et la réalisation de la pleine indépendance du Venezuela dans la nouvelle configuration mondiale, qui prévoit l'entrée officielle dans le bloc des BRICS.

 

Quelle est la situation dans le pays ? Y a-t-il beaucoup de mécontentement face aux problèmes économiques ?

 

Nous avons traversé des années terribles à cause du blocus criminel imposé par les États-Unis et l'Union européenne. Agissant comme un système mafieux mondial, l'impérialisme a bloqué le droit du Venezuela à faire du commerce, lui a interdit de vendre son pétrole, mais a aussi limité sa capacité à acheter des biens et des matières premières.

 

Cela a amené une situation économique précaire, dure et compliquée, dans laquelle non seulement le président et le Gouvernement bolivarien ont été punis, mais toute la population. Après les premières années de consternation, en raison de la baisse drastique des revenus, notre président a réagi comme un véritable homme d'État, en restant calme , il a trouvé un moyen de désactiver bon nombre des effets de ces sanctions criminelles qui visaient à tordre le bras à la volonté du peuple et à étrangler la Révolution.

 

Aujourd'hui avec Maduro le pays a avancé, le peuple est de plus en plus uni et organisé parce qu'il voit une amélioration économique, encore insuffisante mais croissante. Comme en témoignent les indicateurs économiques, cette année 2024 a été meilleure que 2023 et que l'année précédente. Nous avons obtenu la stabilité de la parité des taux de change et des améliorations au niveau de la production. Comme l'a expliqué la vice-présidente Delcy Rodriguez, en 2017, nous avons été obligés d'importer 90 % des aliments que nous consommions, aujourd'hui nous produisons 97 % de nos besoins alimentaires.

 

Nous avons surmonté ce terrible siège et maintenant notre président fait un effort supplémentaire pour garantir des salaires plus élevés aux travailleurs et maintenir les pensions des grands-parents de la patrie. Pour stimuler la production, il favorise les initiatives du peuple organisé en finançant près de 44 000 conseils communaux dans lesquels sont mis en œuvre des projets dans le domaine des services, de la construction, des centres éducatifs ou de la santé qui ont leur origine dans les communautés. Nous savons que nous avons un énorme potentiel pour surmonter le blocus criminel, et le consensus économique construit par le président a de plus en plus amélioré les conditions et a prouvé ainsi qu'ensemble tout est possible.

 

À quoi est due l'émergence de certains mouvements comme le mouvement Futur ou le mouvement Vert ? Est-ce un symptôme de la crise du PSUV ou un avantage ? Quelles sont  les relations de ces mouvements avec le parti ?

 

Dans notre société, des mouvements sectoriels ont émergé, que le PSUV accompagne et stimule parce que nous comprenons qu'il y a des électeurs qui partagent ou sympathisent avec notre vision sans être des militants du parti. Le PSUV s'intéresse à leur développement car ils mettent davantage l'accent sur les sujets déjà présents dans notre programme. Par exemple, le Parti Vert est ancré dans la vision éco-socialiste de Chávez et de Maduro, et c'est donc un parti proche de la Révolution, engagé dans la promotion de l’éco-socialisme, la protection de l'environnement, la croissance et le renforcement de la conscience que la population à deux de son lien avec la nature.

 

Et il en va de même pour le mouvement Futur, qui veut contrer la tendance à s’éloigner de la politique en motivant toutes les organisations sociales, le pouvoir populaire, toutes les personnes convaincues que l'avenir de la patrie ne pourra être atteint que si la démocratie participative et protagoniste est renforcée, une économie productive qui permet aux communautés de vivre en paix avec la justice sociale, et que cela ne pourra être obtenu que s'il y a un Gouvernement révolutionnaire.

 

Le PSUV soutient également un parti qui rassemble des religieux et des religieuses de toutes les croyances. En bref, une composition variée de mouvements et de partis politiques qui s'organisent pour gagner le 28 juillet, car, même s'ils ne militent pas au PSUV, ils sont convaincus que le socialisme est l’avenir.

 

Vous avez une longue expérience de l'activisme environnemental et vous présidez actuellement la commission parlementaire sur l’éco-socialisme. Comment la question de l'écologie s'inscrit-elle dans la campagne électorale ?

 

Dans notre Plan pour la Patrie, basé sur les 7 Transformations, la sixième concerne l’éco-socialisme. Un sujet qui a toujours été présent dans notre programme, d'abord avec Chávez puis avec Maduro, car nous considérons qu'il est impossible d'atteindre le bien-être de la population sans un profond respect de la nature et sans prendre en considération ses limites. La crise climatique n'a pas de solution dans le capitalisme, mais dans une vision éco-socialiste, opposée au capitalisme et à l'accumulation de richesses basée sur l'exploitation des êtres humains et de la nature. Nous savons que le concept de sécurité politique, sociale et territoriale pour l'indépendance de la nation est basé sur un profond respect de la nature.

 

En ce qui concerne le 28 juillet, la diffusion de nouvelles négatives sur le Venezuela s'intensifie, tout en dissimulant les résultats positifs et l'ampleur des mobilisations répétées en faveur de Nicolás Maduro. La droite cherche à imposer un schéma d'opinion selon lequel une « transition » est en cours de préparation pour faire reculer l'horloge de l'histoire et retirer le pouvoir au peuple. Qu'en est-il ?

 

Il est évident que la droite ne s'est pas rendue compte que la transition, c'est nous, que nous changeons profondément la vision politique, sociale, économique, environnementale et territoriale du développement du pays. La droite est la proie d'un atavisme propre à la vision capitaliste, selon lequel l'oligarchie nationale remet le pouvoir à son véritable maître, l’impérialisme étasunien, pour empêcher le peuple de pouvoir se développer réellement en lui interdisant l'accès à la santé, au logement, à la nourriture. Nous pouvons voir quel système ils aimeraient avoir en regardant l'Argentine de Milei, qui dit avoir atteint l'équilibre fiscal en utilisant de l'argent public mais sans investir dans l'éducation, la santé et les droits. Il licencie des milliers de travailleurs de différentes institutions, élimine des ministères, ferme des institutions publiques pour imposer définitivement un modèle néolibéral qui détruit l'État et le Gouvernement pour laisser le développement national entre les mains du marché.

 

C'est la « transition » que la droite voudrait au Venezuela, alors que la seule transition à construire est celle vers le socialisme et sur laquelle nous travaillons en étant conscients que le capitalisme est toujours très vivant et en train de couler. Nous développons une proposition politique, sociale et économique qui prévoit un changement réel, dans le sens de l'égalité et de la justice sociale, dans lequel le peuple est le protagoniste.

 

Mais celle de la droite est un canular destiné à revenir sur les conquêtes sociales obtenues et à rétablir un capitalisme brutal, à détruire la démocratie participative pour rétablir la démocratie représentative qui permettait le retour du latifundio. Les paysans, qui dépendaient à nouveau d'un maître, seraient pauvres à nouveau. La transition réelle, celle vers le socialisme, vers un modèle de paix avec la justice sociale, de tranquillité et de vision de l'avenir pour la grande majorité de la population se poursuivra avec la réélection du président Maduro le 28 juillet prochain.

 

Et comment expliquer que le président brésilien Lula da Silva et son homologue colombien Gustavo Petro (bien que son Gouvernement l’ait nié) aient fait des déclarations mentionnant cette « transition » ?

 

J'exprime ici une opinion personnelle à ce sujet. Au Venezuela, nous avons un Gouvernement solide, en harmonie et dialectique avec toutes ses institutions, avec un profil clair et défini qui lui a permis de résister de manière cohérente pendant 25 ans, malgré de nombreuses difficultés et de nombreuses attaques brutales. Le plus terrible a été le meurtre de Chavez, car c'est ainsi que nous lisons sa mort.

 

Il y a également eu de nombreuses attaques contre la vie du président Maduro. Cependant, nous avons eu assez le moral pour rendre crédible la poursuite de notre projet : d'abord parce que la majorité de notre peuple soutient le projet socialiste, puis parce que nous avons un projet de pays dirigé par un président loyal et compétent et un parti qui le soutient avec des concepts clairs, stratégiques et tactiques, et qui tire la force de l'union civique et militaire, garant de la paix et du développement du pays.

 

Dans d'autres pays où un Gouvernement de gauche a gagné, cette union n'existe pas, ce qui génère de l'instabilité. Sans une direction forte, un peuple organisé, un président loyal, un parti solide et clair, un projet révolutionnaire et une union civique et militaire, la pénétration de l'ennemi, de l'empire, est plus facile. Nous l'avons vu au Brésil, en Équateur, en Uruguay, etc.

 

Cette faiblesse fait que les présidents, pour sauvegarder l'équilibre interne, craignent de se heurter à différentes institutions et se retrouvent parfois dans une situation compliquée. Et pourtant je n'ai aucun doute : ce sont des amis, ce sont des frères de la Révolution Bolivarienne et, au fond, ils savent que ce que nous faisons, c’est ce qu'eux aussi doivent essayer de faire. Le Venezuela est un exemple de la façon dont un projet révolutionnaire est réalisé avec la participation du peuple, avec une vision populaire profonde, en équilibre entre le développement national, la satisfaction des besoins et la protection de la nature à travers un développement équilibré et des relations avec tous les pays du monde qui le veulent, qui nous respectent et nous reconnaissent. Le Venezuela est une nation solide qui a démontré les éléments fondamentaux de l'avancement : l'autorité morale d'un président loyal à un peuple organisé et conscient, un parti solide capable d'orienter un projet de pays clair, et une force armée jumelée avec le peuple.

 

La déclaration finale du G7 contient une ingérence explicite dans les affaires intérieures du Venezuela à laquelle s'ajoute celle de l'Union européenne pour ne pas avoir été invitée à « observer » les élections du 28 juillet. Que pensez-vous de cela  ?

 

L'Union européenne s'est comportée avec le cynisme colonial typique. Elle regrette que nous ayons obtenu l'indépendance il y a 200 ans, que pour Chávez la souveraineté nationale ait été le premier objectif historique, et que Maduro ait défendu ce principe avec becs et ongles. Imaginez que l'UE vient maintenant nous faire chanter en nous faisant la « grâce » de suspendre les sanctions qui touche le président du CNE et certains fonctionnaires du pouvoir électoral pour obtenir la permission de venir « protéger » nos élections présidentielles.

 

Elle regrette qu'au Venezuela, contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays « démocratiques »,  le pouvoir électoral soit indépendant et en équilibre avec les autres pouvoirs de la République.

 

Par conséquent, le président a résolument rejeté ce chantage et a confirmé que dans notre pays, le pouvoir électoral est garanti par la Constitution et non par l'impérialisme, que le 28 juillet, 10 candidats se présenteront, que 21 000 000 d'électeurs qui pourront s'exprimer avec la plus grande transparence en s'appuyant sur l'un des systèmes de vote automatisés les plus modernes du monde, soumis à 19 phases d'audit avant, pendant et après les élections sont appelés aux urnes.

 

Un processus que l'électeur lui-même peut vérifier immédiatement parce que la machine enregistre l'empreinte digitale de l'électeur et, après la fermeture du bureau de vote, on comparant avec le registre qui est visible pour tous les témoins et les scrutateurs.

 

Quel besoin aurions-nous de l'Union européenne ? Elle ne ferait que saboter le processus électoral. Il vaudrait mieux suspendre toutes les « sanctions » et se comporter de manière véritablement démocratique, sans suivre les ordres des États-Unis. Le président Maduro, en revanche, a invité les Bric+ à nous a accompagner le 28 juillet.

 

L'impérialisme étasunien et ses alliés conduisent le monde vers la troisième guerre mondiale. Quelle est votre analyse à ce sujet et quel est le rôle du Venezuela dans le nouveau monde multi-centré et multipolaire en cours de conception ?

 

Le capitalisme cherche à résoudre sa crise systémique avec la guerre impérialiste et c'est pourquoi il encourage un front criminel de l'OTAN contre la Russie sur le territoire ukrainien. Derrière, il y a les intérêts de l'appareil de guerre, de l'économie de guerre, les mêmes qui alimentent le génocide du régime nazi-sioniste de Netanyahu. Un criminel de guerre qui a assassiné plus de 40 000 personnes, dont plus de la moitié sont  des enfants, des êtres sans défense. Tout cela pour cacher la crise du système capitaliste basé sur la guerre. Au contraire, nous encourageons la paix avec la justice sociale. Nous avons montré comment les États-Unis ont essayé par tous les moyens de nous pousser à la guerre, en commençant par le coup d'État contre Chavez en 2002.

 

Mais le peuple, uni aux forces armées, a rétabli l'ordre constitutionnel et, avec le président Maduro, a rejeté toute une série de plans de déstabilisation destinés à provoquer une guerre civile et à justifier une intervention armée des États-Unis. En 2014, face à l'attaque terroriste dans les principales villes du pays, Maduro n'a pas répondu avec la brutalité à laquelle ils s’attendaient mais avec intelligence et patience et il a réussi à vaincre la violence (les guarimbas). Une violence qui s'est répétée en 2017, et qui a été vaincue de la même manière. Et puis il y a eu la tentative d'invasion depuis la Colombie avec le soutien de l'oligarchie colombienne et du président de l'époque, mais aussi avec le soutien d'autres présidents de la droite latino-américaine, et sous la direction du Commando Sud.

 

Et ils n'ont pas réussi, le Venezuela continue de se battre pour la paix. Nous sommes conscients d'être un pays pétrolier qui, en cas de conflit mondial, jouerait un rôle très important en tant que fournisseur d'énergie.

 

Par conséquent, pour protéger le peuple vénézuélien et garantir une utilisation rationnelle de ces ressources énergétiques, le Gouvernement bolivarien a développé une politique d'intégration régionale et avec différents pays et entreprises du monde entier.

 

Et maintenant, nous voyons que ce ne sont plus seulement des entreprises étasuniennes  participent à notre marché du pétrole et au développement de notre industrie mais aussi des entreprises russes, chinoises, iraniennes, indiennes, turques, coréennes et même italiennes, espagnoles...

 

Cela amène un équilibre dans l'accès au pétrole vénézuélien et aussi dans les intérêts mondiaux. De cette manière également, le Venezuela encourage la paix et la défend en veillant à ce que le pétrole, une ressource qui continuera à être nécessaire dans les années à venir, soit disponible pour tout le monde de manière équilibrée.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/06/21/venezuela-nuestro-petroleo-contribuye-al-equilibrio-mundial-entrevista-al-diputado-venezolano-ricardo-molina-presidente-de-la-comision-parlamentaria-de-ecosocialismo/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/06/venezuela-notre-petrole-contribue-a-l-equilibre-mondial.html