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Amérique latine: La presse conservatrice et les élections au Venezuela

7 Août 2024, 17:31pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos

 

Ce dimanche 28 juillet, alors que les Vénézuéliens se rendaient aux urnes pour réélire  Nicolás Maduro, s’est déroulé un autre événement historique bien qu’il ait été moins remarqué: au moins 50 journaux d’Amérique latine et d’Espagne ont monté un pool de couverture pour suivre les élections dans lesquelles le président chaviste affrontait Edmundo González. Sous le nom de « Opération  le Venezuela vote », le consortium de presse ibéro-américain a transmis en direct 36 heures de programmes sur YouTube et ouvert le streaming pour que n’importe quelle autre chaîne puisse les retransmettre.

 

L’initiative est venue du site d’information El Pitazo du journaliste vénézuélien César Batiz dont la presse brésilienne a fait l’éloge pendant des années. En 2016, il s’est rendu au Brésil en tant qu’invité au « Festival de Journalisme Piauí GloboNews » et depuis, il collabore avec la revue mensuelle. Le site, que Batiz a fondé en 2014 con le cinéaste Javier Melero et le photographe Gustavo Alemán, est i financé par Google News Initiative depuis 2022.

 

En annonçant la création du pool, mis en place au dernier moment, El Pitazo annonçait »au moins 70 journalistes indépendants » et 20 communicateurs sociaux dans 96 municipalités du Venezuela et « 18 correspondants dans différentes villes du monde. » En fait, pendant tout le dimanche, a été en relation en direct avec des reporters de Madrid, Buenos Aires, Lima, Panama et Miami, toutes ces villes possédant une importante communauté d’émigrés vénézuéliens.

 

Le présentation a été partagée entre Batiz lui-même et des collèges comme Lina Vanorio (de Unión Radio , la porte-parole de la droite), Ronna Rísquez (ex de El Nacional et actuel Runrunes ) et Mari Montes (spécialiste en beisbol, le sport favori dans le pays ). . . et  le comédien Melanio Escobar, une sorte de « Danilo Gentilli » vénézuélien. Tous ont travaillé sous la direction de María Fernanda Flores, ex vice-présidente de Globovisión, l’une des chaînes les plus actives dans l’organisation du coup d’Etat de 2002 au Venezuela.

 

Samedi soir en direct et en promettant de continuer jusqu’à la fin du dépouillement, Venezuela vote a réellement fait du journalisme. Il a montré les conférences de presse de la c campagne du PSUV et de Maduro mais a accordé un temps disproportionné à la candidature d’Edmundo González et de son mentor, la politicienne de droite extrémiste María Corina Machado. Bien qu’il ait eu des équipes de reportage à Caracas, le pool n’a pas transmis la marche et la concentration des chavistes près du Palais de Miraflores, siège de la présidence. A mesure que la journée avançait, il a été plus difficile pour les présentateurs de modérer le ton de célébration de ce qui semblait être une victoire de l’opposition qui s’est ensuite transformé en appréhension et en indignation pour le retard dans la publication des résultats officiels.

 

Leur soutien a été évident au moment où Escobar a tenté de ridiculiser Maduro pour avoir montré une montre que lui avait offert « un footballeur étranger qui n’était même pas vénézuélien » comme si c’était n’importe qui et non Diego Armando Maradona. La banalisation du fascisme s’est manifestée pendant toute l’émission, en évitant d’associer González et Machado à leurs alliés un tant soit peu embarrassants Milei, Bolsonaro et Trump.

 

Les participants

 

Le streaming de « Le Venezuela Vote » a été retransmis par plusieurs chaînes et plusieurs sites d’Amérique latine comme Infobae (un des sites les plus importants d’Argentina), Noticias Caracol, El Heraldo et La Silla Vacía (3 des principaux médias de Colombie), adn40 (Méxique) et Voces (Uruguay), en plus des Journaux La Prensa (Honduras), La Prensa (Nicaragua), La Estrella de Panamá et El Sol de México, tous étant des porte-parole de la droite traditionnelle dans leur pays. Le seul participant du Brésil, a été le site Correio Sabiá , fondé à Brasilia en 2018 par Maurício Ferro, un autre ancien élève de Google qui s’enorgueillit d’avoir été formé par le Département d’Etat des Etats-Unis.

 

Au Venezuela même, il a eu le soutien général des médias anti-Chávez comme le journal Tal Cual (propriété de feu Teodoro Petkoff, l’un des opposants les plus criards de Chávez et Maduro), les sites Efecto Cocuyo, Runrunes, Crónica Uno, EsPaja, El Guachimán Electoral, Sin Mordaza, Hispano Post et l’Institut Presse et Société. En même temps, pool de couverture s’alimentait avec des images de VPItv, une chaîne créée par des Vénézuéliens à Miami, et de l’entreprise Miravisión, d’Espagne, spécialisée en SEO et “marketing digital”, un euphémisme de propagande et de guerre psychologique sur les réseaux sociaux.

 

A minuit et quart lundi (heure de Brasilia), Le Venezuela Vote a  diffusé en direct depuis le comité du siège de campagne de a coalition Avec le Venezuela dirigée par González et Machado. 15 minutes plus tard, il a transmis dans son intégralité le discours de Omar Barboza, secrétaire exécutif de la coalition d’extrême-droite dans lequel il demandait l’intervention de l’armée et de la « communauté internationale » pour imposer Edmundo González comme président élu avant qu’aucun des résultats des élections n’ait été donné.

 

Incité, l'invité Luís Carlos Díaz, ancien journaliste du quotidien pro-coup d'État El Nacional qui se présente comme un fan du dessin animé One Piece, a affirmé que si les responsables du Gouvernement étaient sûrs de la victoire, ils auraient déjà publié les bulletins de vote, y compris "en braille et en chinois". À l'époque, l'opposition affirmait n'avoir accès qu'à 30 % des procès-verbaux des bureaux de vote.

 

Lundi, à 1:06 du matin (heure de Brasilia), le Conseil National Electoral (CNE) du Venezuela a lu le premier bulletin officiel de décompte sur 80% des bulletins dépouillés et a attribué 51,2% à Maduro et  44,2% à González, en « tendance irréversible ». Cette annonce, qui a justifié le retard par un problème dans le système de transmission des données a été transmise par Le Venezuela Vote avec des images de VPItv. La déception de Bátiz, Escobar et leurs collègues était visible.

 

Historique

 

La coordination internationale de la presse conservatrice latino-américaine n’est pas nouvelle. Elle date au moins de 1969, quand les journaux de la région ont fondé Latin, un consortium qui fonctionnait comme une agence de presse sous es auspices de Reuters. L’initiative réunissait 13 journaux conservateurs comme Mercurio (Chili), El Tiempo (Colombie), El Comercio (Pérou), lejournal vénézuélien El Nacional et, d’ici Estadão , O Globo et le Jornal do Brasil, important à l’époque. Cela a duré jusqu’en 1981, date à laquelle il a fait naufrage. 10 ans plus tard, certains de ces mêmes journaux ont fondé le GDA (Groupe de Journaux d’Amérique), qui existe encore aujourd’hui, pour capter la publicité en dollars (tant qu’il a son siège à Miami) et accessoirement coordonner des agences conjointes, en particulier en matière de publicité. Une base pro-marché et pro-marché-Etats-Unis. PAL (Journaux Latino-américains Associés), fondé en 2008, également à Miami est sur la même ligne mais ne fait pas d’échanges journalistiques.

 

Plus récemment, quelques rares journaux du MERCOSUR comme Folha de S.Paulo avec la page de son site en anglais et en espagnol et Clarín avec sa page en portugais  ont investi dans la traduction d’articles destinée à attirer les lecteurs voisins.

 

Tandis que les forces du capital avancent dans la coopération médiatique, les véhicules de communication populaires, alternatifs et publics sont encore dans l’enfance. En fait, il y a eu des initiatives historiques mais elles ont eu peu de succès. Ça a été le cas de ASIN (Action de Systèmes Informatifs Nationaux ), un consortium d’agences d’Etat fondé à l’époque des dictatures latino-américaines, en 1979, avec le soutien de l’UNESCO, ALASEI (Agence Latino-américaine de Services Spéciaux d’Information), une coopérative organisée par l’agence tiers-mondiste IPS de 1984 à la première décennie de l’an 2000 et ULAN (Union Latino-américaine des Agences de Presse), coordonnée à l’apogée du tournant à gauche, en 2011 mais boycottée après l’élection de Mauricio Macri en Argentine, en 2015.

 

Mais le véhicule de communication qui a eu la plus longue vie et le plus grand succès reste Telesur, qui célèbrera son vingtième anniversaire l’année prochaine. Cette télévision qui a son siège à Caracas et a été fondée grâce à une association entre le Venezuela, Cuba, le Nicaragua, la Bolivie et l’Argentine, émet en espagnol et en anglais. Invité, le Brésil a décidé de ne pas y participer, ce qui a été l’une des plus grosses erreurs politiques du premier Gouvernement de Lula.

 

En dehors de celles-ci, survit l’ALAI (Agence Latino-américaine d’Information), basée à Quito et spécialisée dans les articles, analyses et reportages en espagnol et en portugais, a collaboré avec l’agence cubaine Prensa Latina, avec le journal brésilien Inverta , et l’édition anglaise de Brésil de fato.

 

Ce sont sans doute des initiatives de résistance héroïque dans le journalisme latino-américain mais ces agences ont besoin d’une coordination stratégique au niveau international pour, avec leur propre intelligence et leurs propres enquêtes, la coopération très bien financée des principaux médias de la région. Dans le cas contraire, elles seront condamnées à être éclipsées par des groupes comme Le Venezuela Vote, soutenus par les dollars de Miami, de Google et le Gouvernement des Etats-Unis.

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/08/05/venezuela-como-la-prensa-conservadora-latinoamericana-articulo-y-cubrio-las-elecciones/

URL de cet article:

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/08/amerique-latine-la-presse-conservatrice-et-les-elections-au-venezuela.html