Mexique: Nous sommes tous en danger
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
Les opérations de la DEA et de la CIA
« A la mémoire du major (à la retraite) Ricardo Tito Zuñiga, de l’armée du Honduras, assassiné dans la nuit du 27 août 1985 par 2 « entras. » Un peu avant, il avait dénoncé la corruption dans les rangs contre-révolutionnaires et leurs liens avec la CIA. »
(Dédicace de Roberto Bardini de son livre « Moines, mercenaires et marchands, le réseau secret de soutien aux Contras »).
Un commando de l'agence antidrogue des États-Unis, DEA, monte une opération pour entrer au Mexique. Un trafiquant de drogue chevronné, qui dirigeait les affaires made in USA depuis six décennies, faisait l'objet de cinq mandats d'arrêt et opérait dans 17 États et sur quatre continents, à partir d'un coin des montagnes de Sinaloa. Un rendez-vous à Culiacán, Sinaloa. Le gouverneur de l'État convoque le vieux (78 ans) trafiquant de drogue et l'ancien recteur de l'université autonome de Sinaloa (UAS) pour adoucir les confrontations et les différends politiques. Il accueille aussi le directeur financier de l'organisation criminelle, à 12h, le jeudi 25 juillet. Ce type de rencontre se réalise avec des gardes du corps : el Chayo et el Chairez, certainement éliminé avant qu'ils aient eu le temps de demander le premier café ou un rafraîchissement parce que on ne sait pas où il se trouve et pourquoi pour le commando DEA, pour le commando de la DEA, c'est un peu comme s'ils secouaient les pellicules de leur chemise.
Le vieil entrepreneur trafiquant de drogue et son directeur financier sont pris en charge et conduits à un avion Beechcraft King Air qui s'envole vers le nord dans le ciel mexicain et atterrit quelques minutes plus tard à l'aéroport privé de Santa Teresa à El Paso, au Texas. Jeudi soir 25 juillet. L'ancien recteur de l'UAS et le dirigeant politique de l'État sont assassinés.
Il ne s'agit pas seulement d'exécutions et de règlements de comptes au sommet de la pyramide hiérarchique du crime politiquement organisé. Comme dans le cas de Ricardo Tito Zúñiga, il s'agit de la guerre contre le peuple, dans les années 80 contre le peuple nicaraguayen, aujourd'hui contre le peuple mexicain et, évidemment, une fois de plus, le long bras de l'interventionnisme yankee. L'écrivain et cinéaste italien Pier Paolo Passolini nous l'a rappelé en proposant comme titre de ce qui devait être sa dernière interview, en novembre 1975, « Nous sommes tous en danger. »
Nadia et Rubén dans notre mémoire
Nadia Vera Pérez et Rubén Espinosa Becerril avec qui l'état de Veracruz en 2015 face aux menaces, qu'ils affrontés à cause de leur travail, en tant que photographe de presse pour la revue Proceso, Cuartoscuro et l‘Agence locale d' AVC noticias, en ce qui concerne Rubén et et en ce qui concerne Nadia, à cause de son activisme, dans le mouvement d’étudiants de Xalapa, Veracruz et dans le mouvement universitaire #Yo Soy 132, sous la présidence d'Enrique Peña Nieto. Nadia était productrice du festival international 4 × 4 et travaillé comme promotrice culturelle. Ils se sont réfugiés à Mexico, dans l’appartement 401 de l'immeuble 1909 dans la rue Luz Saviñón, colonie Narvarte. Un groupe armé a pu entrer dans l'appartement de la colonie Narvarte et assassiner Rubén Espinosa, Nadia Vera, la top-model Mile Virginia Martín, la maquilleuse Yesenia Quiróz et l'employée de maison Olivia Alejandra Negrete.
Les familles de Nadia et Rubén ont exigé à l'époque qu'on enquête sur la participation de Arturo Bermúdez, secrétaire à la sécurité publique sous le gouvernement de Javier Duarte (2010-2016). Ils ont demandé aussi qu'on enquête sur des compagnies de sécurité en relation avec Arturo Bermúdez et qui opère en Mexico. Le gouverneur Javier Duarte a été arrêté en 2017, et accusé d'avoir détourné plus de 3000 millions de pesos pendant son mandat à Veracruz.
En 2019, il a été condamné par un juge fédéral à neuf ans de prison pour les délits d'association de malfaiteurs et d'opération avec des ressources de provenance illégales. Sa condamnation sache en 2026. Pendant ce temps, l'enquête sur « l'affaire novât » n'avance pas et la mémoire de Nadia et Rubén et comme une flamme qui continue à brûler faiblement neuf ans après leur assassinat.
Minerva Pérez Castro avait dénoncé à plusieurs reprises les criminels qui font payer aux pêcheurs et aux hommes d'affaires le « prix de l’appartement ». Peut-être parce qu'elle était présidente de la Chambre nationale de l'industrie de la pêche et de l'aquaculture de Basse-Californie, elle était considérée comme n'étant pas concernée par l'avertissement de Passolini, vieux de plusieurs décennies. Le 9 juillet, elle a été assassinée à Ensenada, par balles, avec la ferme intention de la tuer et de ne pas la laisser en vie. C'est ce qu'a déclaré le procureur María Elena Andrade Ramírez à Tele Mundo 20.
Julio Almanza Armas, homme d'affaires et président de la Fédération des chambres de commerce (FECANACO) de Tamaulipas, a parlé à différents médias le 29 juillet de l'extorsion du groupe FEMSA qui a conduit à la fermeture de 191 supérettes connues sous le nom d'OXXO et de sept stations-service appartenant également à OXXO à Nuevo Laredo, dans le Tamaulipas. "Nous avons également appris que la raison (de l'extorsion) est qu'ils demandent la base de données de l'entreprise avec la carte INE et tout le reste. Le mardi 30 juillet, dix coups de feu ont interrompu la vie de Julio Almanza et sa traversée du quartier de Buenavista à bord de son pick-up Gran Cherokee.
Les agences de renseignements de l'empire dépendent du département d'État, des États-Unis. À partir de là, d'autres opérations continuent d'être mises en œuvre, y compris des diversions médiatiques et des récits tordu... et les groupes armés du Chiapas continuent de proliférer et de provoquer l'exode d'une multitude errante de personnes qui abandonnent leurs maisons et leur territoire pour se réfugier dans des abris, des villes ou pour traverser la frontière avec le Guatemala. Le 24 juillet, quelque 580 personnes originaires de villages et de ranchs mexicains ont marché pendant des heures pour trouver refuge dans la région de Cuilco, dans le département guatémaltèque de Huehuetenango.
L'objectif, c'est le territoire
Le centre des droits environnementaux, CEMDA, nous fournit un schéma des conflits sociaux environnementaux qui comprennent des disputes pour l'exploitation des ressources naturelles comme les minerais et l'abattage illégal d'arbres jusqu'à l'affrontement pour la mise en place de méga-projets qui affectent les communauté du Chiapas.
- Usine hydroélectrique Chicoasén II (Tuxtla).
- Usine hydroélectrique la Angostura (Venustiano Carranza).
- Usine hydroélectrique Sto. Domingo (Santo Domingo, en el río Lacan Tum, selva Lacandona).
- Usine hydroélectrique Itzantum (Ejido de Huitiupán).
- Usine hydroélectrique Usumacinta (Frontière avec le Guatemala).
- Tren Maya (Palenque).
- Programme de réduction des émissions à effet de serre à cause de la déforestation et de la dégradation des forêts (projet REDD) (forêt Lacandona).
- Accaparement de l'eau parFEMSA – Coca-Cola (S. Cristóbal de las Casas).
- Mine BlackFire (Chicomuselo)
- Installation de Puit de pétrole (Región zoque).
Les peuples s'organisent, comme dans le cas des groupes d'autodéfense El Machete à Pantelhó contre le caciquisme de Los Herrera ou de l'Aliance pour la Sécurité et le Bien de Nos Territoires, qui regroupe les communautés de Teopisca, Venustiano Carranza, Nicolás Ruiz et Totolapa, mais la spirale de la violence continue à monter et le nombre de disparus continue d'augmenter, tout comme les extorsions et la population en situation de déplacement forcé.
Une nouvelle version du roman « Le cœur des ténèbres » de Joseph Conrad (1857-1904) est parue récemment. Le romancier d'origine polonaise et les textes en anglais nous racontent des choses que nous préférerions ne pas savoir. Au Mexique, le volume n'est disponible qu'en version électronique... Son contenu fait partie de l'horreur quotidienne dans les rues, les collines et les côtes.
Source en espagnol:
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