Pensée critique: La gauche festivalière et le Venezuela
Par Raul Solis
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
Une vague d’influenceurs qui ne se prononcent jamais sur rien a empli les réseaux sociaux de messages de solidarité avec l’opposition vénézuélienne au nom de la démocratie avec des rumeurs disant par exemple que Nicolás Maduro enferme les opposants dans des camps de concentration. Ces messages, ce sont des gens qui se disent progressistes et qui défendent l’idée que « la démocratie est au-dessus de l’idéologie » qui les publient.
A ce festival se joignent, évidemment, des milliers d’invités qui savent que s’ils disent le contraire, ils ne s’assiéront plus autour des tables de débats des principaux médias. Si en 2003, quand le Royaume Uni, les Etats-Unis et l’Espagne ont décidé de bombarder l'Irak au nom d’armes de destruction massive que personne n’a jamais vues, il y avait eu ce climat d’analyse progressiste, les rues espagnoles ne se seraient pas emplies de gens contre la guerre en Irak et José Luis Rodríguez Zapatero n’aurait pas pu amener les troupes espagnoles que José Maria Aznar a envoyées pour lutter pour les intérêts des États-Unis.
22 ans ont passé mais il y a quelque chose d’inquiétant dans cette gauche festivalière qui analyse avec précision l’amour multiple, la monogamie, les identités ou n’importe quel conflit qui ne gêne pas ceux qui ont le pouvoir véritable, qui est toujours e pouvoir économique mais qui est incapable d’utiliser cette même précision dans l’analyse pour pointer du doigt les véritables intérêts des maîtres du monde.
Les vénézologues de la gauche festivalière disent que, bien qu’ils soient de gauche, ce n’est pas une question d’idéologie mais seulement de démocratie. C’est pourquoi ils justifient de façon acritique toute la propagande des médias aux mains de ces même maîtres basés à Miami ou à Caracas. Le Venezuela est une dictature très bizarre où les médias qui ont le plus d’audience appartiennent à des intérêts favorables à l’opposition.
Mais la gauche festivalière a décrété qu’ill n’y a pas de démocratie au Venezuela parce que, une fois de plus, l’opposition n’a pas reconnu les résultats des élections. Cette gauche festivalière oublie que la principale valeur d’une gauche qui se dit telle est sa capacité à comprendre la structure du pouvoir, c’est à dire de comprendre d’où viennent les messages, ce qui est en jeu, et de suivre la piste de l’argent.
Cette gauche festivalière ignore le fait que, ces dernières années, la seule fois où le droite vénézuélienne a reconnu le résultat des élections, c’est en 2015, quand l’opposition a gagné les élections législatives. 4 ans plus tard, elle a fait un coup d’Etat et auto-proclamé sur une place de Caracas Juan Guaidó président. Elle ignore aussi le fait que le Venezuela possède plus de réserves de pétrole que l’Irak et subit plus de 900 sanctions économiques imposées par les Etats-Unis, des l’actions soutenues par le secteur d’opposition qui rêve d’une intervention militaire pour renverser le chavisme de l‘extérieur.
Cette gauche festivalière ignore aussi le fait que, les dirigeants de l’opposition sont les oligarques qui ont amené le pays à des niveaux de pauvreté qui dépassaient les 75% dans les années 90 quand le pétrole vénézuélien était offert aux Etats-Unis.
L’arrivée d’Hugo Chávez en 1998 a été la fin du statut de colonie et les pauvres, les derniers des derniers, sont devenus la première préoccupation de l’Etat. Les secteurs stratégiques de l’économie ont été nationalisés, non lors d’un. festival de musique indienne mais grâce à l’expropriation des oligarques qui avaient conduit le pays à la ruine et la richesse pétrolière a financé les droits de ceux qui n’avaient jamais rien eu.
Le chavisme ne sera pas parfait, la démocratie espagnole ne l’est pas non plus mais bien entendu, il est impossible de soutenir, depuis des positions progressistes, une extrême-droite vénézuélienne à la mentalité coloniale qui déstabilise le pays depuis 20 ans et appelle « dictature » tout processus qui donne plus de pouvoir au peuple et place eau centre de l’Etat ceux qui avaient toujours été abandonnés.
Cette gauche festivalière oublie que le Venezuela est la bataille culturelle de l’extrême-droite mondiale pour droitier un progressisme qui continue à penser que la liberté, c’est la pluralité d’exploiteurs et de pillards et que le pouvoir médiatique se préoccupe d’étende la démocratie dans le monde. Des médias qui exigent du chavisme les procès-verbaux pour confirmer sa victoire mais qui n’ont besoin que de soi-disant procès-verbaux scannés, sans signatures, sans la signature des témoins des bureaux de vote et sans sceau de l’autorité électorale, pour donner la victoire à l’opposition.
Comme en 2003 en Irak, il ne s’agit pas de démocratie ni de liberté. Si c’était le cas, les Etats-Unis et l’Union européenne rompraient les relations diplomatiques avec les pétro-dictatures où a eu lieu l’année dernière le mondial de football en un acte de légitimation des régimes dans lesquels les femmes marcher seules dans la rue et où les personnes LGTB peuvent être pendues à une grue sur la place publique.
Il s’agit de géopolitique, de pouvoir, des Etats-Unis qui, à cause des sanctions imposées au secteur énergétique de la Russie, ont besoin de nouveaux marchés sur lesquels s’approvisionner et, évidemment, ce sera plus facile avec une opposition vénézuélienne à la mentalité de colonie qu’avec un Gouvernement qui défend la souveraineté et l’indépendance économique du Venezuela.
A partir d’ici, nous pouvons analyser le degré de respect des droits de l’homme au Venezuela, regarder les actes et signaler tout ce qui peut être amélioré mais il doit être clair qu’être de gauche est incompatible avec le fait de répéter la propagande des maîtres du monde qui veulent des petits toutous de leurs intérêts et non des citoyens préoccupés par la démocratie.
source en espagnol:
https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/08/06/pensamiento-critico-venezuela-y-la-izquierda-fest/
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