Venezuela : Convaincre, confondre, coopter, les 3 C de la propagande de guerre
par Geraldina Colotti
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar infos
Si nous voulions résumer des mécanismes de la « guerre cognitive », destinée à conditionner le cerveau grâce à la manipulation des émotions, nous pourrions parler de trois C : convaincre, confondre, coopter, renforcer de fausses informations dans la perception commune. Depuis la « chasse aux sorcières », contre les femmes rebelles des siècles passés jusqu'à la construction de « l'ennemi intérieur » et l'obsession du communisme dans ses aspects au siècle dernier, l'impérialisme a affiné ses techniques de propagande en s'appuyant sur le culte de l'éphémère et sur « la fin de l'histoire » diffusés à profusion sur les réseaux sociaux dans le siècle actuel.
Une fois imposés les paramètres économiques (le dieu-marché capitaliste), politiques (l'impossibilité à surmonter la société divisée en classes et l’absence d’alternatives), "philosophiques" (l’imposition de certaines métaphysiques pour cacher la réalité du choc des intérêts comme l’identification entre communisme et dictature; ou la catégorie "terrorisme" avec laquelle stigmatiser aussi le droit des peuples à se rebeller), il est facile de confondre le bien et le mal en inversant les symboles, en diffusant des tromperies et des théories du complot qui défient le bon sens et la raison.
Dans les pays de la vieille Europe, la stratégie des « 3C » a beaucoup de succès. On l'a vu pendant les guerres du troisième millénaire, des Balkans jusqu'au Rwanda, de la Syrie jusqu’à la Libye. On l'a vu et on peut encore le voir au Venezuela bolivarien, un véritable laboratoire de pièges et de tromperies dans lequel même ceux qui auraient intérêt à défendre ses valeurs finissent par être victimes de la propagande en alimentant la farce orchestrée par les médias de guerre.
La première pièce du mensonge consiste à semer le doute en associant des noms, des concepts et des données à « l'ennemi », dans ce cas, le Maduro honni et sa camarade de gouvernement) à une connotation négative. Et ainsi, bien que mis à l'épreuve par 32 processus électoraux, le socialisme bolivarien ne sera jamais une démocratie, mais toujours un « régime autoritaire » ou une « dictature. » Quand il gagne, on l'appelle fraude, comme dans le cas des élections du 28 juillet. Et ses institutions doivent être sous la tutelle impérialiste.
On « exige » des contrôle, qu'on n’a jamais demandé à d'autres pays, même quand celui qui hurle à la fraude est un magnat de la taille de Trump, qui alors s’est senti « autorisé » à inspirer l'attaque du Capitole. Démolir la crédibilité de la démocratie populaire, vénézuélienne a été le premier pas pour rendre acceptable les attaques et les violation asymétriques au nom de « l'axe du bien », et ensuite nier, en se basant sur la même dynamique, l'existence de ces attaques. Cela s'est produit après les tentatives d'assassinat du président Maduro, les tentatives d'invasions mercenaires et les tentatives de coup d'Etat. Et maintenant dans le cas des attaques informatiques bien qu'elles aient été revendiquées par le gourou des réseaux sociaux ou par le groupe de pirates Anonymous Venezuela.
Dans la société de l'image dans laquelle la désinformation passe aussi par le spectacle et les loisirs, il est important d'éviter que ce qu'on appelle l'opinion publique internationale associe aux dirigeants socialistes le concept de beauté, de culture, de modèle à suivre, l'esthétique dominante, étant une prérogative de « l'axe du bien. »
Et ainsi, alors que les individus louche, produits de l'oligarchie, sont photographiés sous leur meilleur jour, les hommes et les femmes chavistes apparaissent toujours comme des brutes hurlantes et grossières au sourire féroce qui mentent pour se maintenir au pouvoir. Qu'ils aient l'expérience, la culture, et un haut profil international est une réalité insupportable par la bourgeoisie, on doit l'occulter, ces prérogatives étant réservées à « l'axe du bien » : même quand, comme en Italie, les gouvernants font montre d'un cerveau de poule et de la culture d'un poulet (avec le tout le respect dû aux volailles.)
Et quand la ministre vénézuélienne de la science et de la technologie, Gabriela Jimenez, biologiste et femmes politique à la grande culture, dénonce la multiplicité des attaques informatiques subies par plus de 120 sites des institutions, les preuves qu'elle apporte ne comptent pas. Mais les escroqueries des putschistes comptent, avalisées–comme la farce du « président autoproclamé »–par les « indiscutables » démocraties européennes dans lesquels les citoyens votent mais ne décident pas, parce que les cordons de la bourse sont tirés par les décideurs de l'Union européenne.
Ainsi, à l'initiative de l'Italie et de la France, le président de la République Française, le chancelier de la République Fédérale d'Allemagne, le président du conseil des ministres de la République italienne, le premier ministre des Pays-Bas, le premier ministre de la République de Pologne, le premier ministre de la République portugaise et le président du Gouvernement d'Espagne ont adopté une déclaration commune pour dicter les règles de la démocratie au Venezuela… Selon le modèle putschiste.
La seconde pièce du mensonge implique l'attaque des forces qui ont permis au socialisme bolivarienne de croître et de résister tout au long de ces 25 ans : la mobilisation et l'union civique et militaire, qui continue à être le modèle de l'armée du peuple construit par Ho Chi Minh et non de celle de Pinochet. C'est pourquoi, même si les représentants de l'oligarchie putschistes ne répondent pas aux intérêts du peuple mais à ceux de leur patrons occidentaux, le socialisme bolivarien et le bloc social qui le soutient doivent être représentés comme « un groupe de pouvoir » qui a perdu son soutien et son consensus, raison pour laquelle il a falsifié le vote. À la confusion contribuent aussi ces doctrinaire qui, sur le papier, soutiennent la « dictature du prolétariat », mais dans les runes, donnent leur voix à un ancien putschistes et accusent Maduro d'être… « antidémocratique » et trop modéré.
Et pendant ce temps, les médias internationaux, comme ils ont préparé le terrain pour le coup d’Etat et les dénonciation de fraude en présentant les rares assistants aux meetings de l'opposition comme une multitude, qualifient maintenant de « gigantesques » les manifestations qui ont eu lieu dans les villes d'Europe, lancées par la droite vénézuélienne et par les partis qui la soutiennent dans les pays de l'Union européenne (y compris le centre gauche–néo libéral–italien.)
Dans une orgie de symboles déformés et de concentrations modestes présentée comme « une marée humaine », on voit des pancartes qui reflètent les déclarations en provenance de Colombie ou de Brésil, mais gardent le silence sur d'autres positions comme celle du Mexique, moins objet de chantage à cause du poids de l'union européenne.
La quantité de voix reçues par Edmundo Gonzalez Urrutia, (presque 4 500 000) qui a terminé second montre que la droite est forte, aujourd’hui, au Venezuela. Mais considérer comme un fait l’hégémonie de l'extrême droite dans le pays, c'est autre chose.
Que la droite soit forte en Europe est malheureusement une dure réalité pour les secteurs populaires mais croire l'histoire des médias selon laquelle le renversement de Maduro serait à l'avant-garde des préoccupations des citoyens européens est un gros mensonge.
Mais comment échapper à la tromperie si, même en utilisant Wikipedia (financé par la Wikimedia Foundation, une fondation américaine à but non lucratif), les résultats officiels du 28 juillet ne sont pas publiés ?
Si tu écris « élections présidentielles du Venezuela 2024 », tu commenceras par lire ce qui suit : « Les élections présidentielles au Venezuela ont eu lieu le dimanche 28 juillet 2024 pour élire le président pour un mandat constitutionnel de 6 ans. Ces élections polémiques qui n'ont été ni libres ni justes ont été réalisés dans un contexte dans lequel le Gouvernement de Maduro contrôle tous les pouvoirs de l'État et réprime l'opposition politique. Le Gouvernement du Venezuela est largement considéré comme un régime autoritaire. »
Convaincre, confondre, coopter en renforçant de fausses informations dans la perception commune. Il faut donner l'idée qu'il existe un large consensus sur la position de « l'axe du bien » bipartite du côté européen. Que plus de la moitié du monde ait exprimé une autre opinion et accordé sa solidarité anti-impérialiste à la démocratie bolivarienne a peu d'importance pour les partisans du néo-colonialisme européen.
« Nous aurons la guerre grâce au mensonge » est le leitmotiv du Mossad, le service secret Israélien sur lequel l'entité sioniste a basé son pouvoir et son impunité avec la complicité de l’Occident. Mais de même que la résistance palestinienne a déchiré le voile des mensonges par sa lutte, éveillant les consciences des jeunes dans le monde entier, les nombreux drapeaux qui ont flotté sur les places de Rome, Berlin, Madrid, Paris et d’autres pays européens en solidarité avec la révolution bolivarienne pourraient apporter un vent favorable au socialisme.
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