Venezuela : Le discrédit du TSJ est destiné à faire du Venezuela un Etat paria
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar infos
Après des semaines d'attente, le Tribunal Suprême de Justice du Venezuela a enfin conclu son analyse des élections présidentielles destinée à confirmer les résultats déjà présentés préalablement par le Conseil National Electoral qui donnent la victoire à Nicolas Maduro.
Il faut souligner que le TSJ a aussi confirmé que le pays a été l'objet d'une tentative de coup d'Etat par des moyens hybrides dans lesquelles ont conflué des actions de déstabilisation criminelles dans les rues vénézuéliennes, une attaque informatique du système électoral et une conspiration destinée à falsifier les procès-verbaux des élections.
Le fait que Edmundo Gonzalez et ses partis aient été les seuls acteurs politiques qui n'ont pas assisté aux sessions de la Cour Electorale comme l’exige la législation vénézuélienne renforce les suspicions concernant la participation directe de l'opposition à tout ce processus.
C'est précisément pourquoi le TSJ a également remis tous les éléments recueillis pendant le processus électoral qui indiquent des illégalités au bureau du procureur général de la république où on pourra approfondir les investigations sur les causes et les responsables de cette tentative de révolution de couleur.
Après la déclaration du TSJ, le ministère du pouvoir populaire pour la défense qui supervise toutes les affaires militaires du pays a reconnu et respecté la décision émise par le tribunal le plus haut du Venezuela.
Cette position publique est cruciale pour deux motifs principaux :
- parce que les forces armées ont été un pilier de la Révolution Bolivarienne en tant que légitime gardiennes de la souveraineté populaire depuis que Chavez a été élu le président pour la première fois
- parce que ces derniers semaines, il y a eu eu de nombreuses tentatives pour semer la discorde dans les forces armées avec des appels à la rébellion et à la désobéissance.
En effet, un article de Sean Burges pour la revue brésilienne “O Interesse National” suggère de chercher des ponts de contact avec d'éventuels éléments « modérés » des forces armées du Venezuela pour les coopter dans le but de les convaincre de faire pression pour un « changement de régime ». Cet article parle de la possibilité d'offrir des « privilèges » et de grandir à ceux qui accepteraient cette collaboration qu'ils resteraient à leur poste.
Burget est un collaborateur de plusieurs cercles de pensées « progressistes » proches du parti démocrate des États-Unis, comme le Conseil sur les Affaires de l’Hémisphère. La revue “O Interesse National” a été fondée par des éléments de l’aile «neocon» de l‘Itamaraty (le ministère des affaires étrangères du Brésil) et de la communauté académique brésilienne des relations internationales.
Ainsi, alors que, pendant la dernière semaine, la crédibilité de Nicolas Maduro en tant que président du Venezuela continue à augmenter comme le démontre la récente reconnaissance du résultat des élections par le Pakistan qui attendait que la sentence du TSJ résolve définitivement toutes les éventuelles controverses sur les élections, une reconnaissance qui aurait dû amener la reconnaissance du résultat par le reste de la communauté internationale.
Au lieu de cela, nous avons vu l'intensification obstinée des pays qui déclarent en toute hâte qu'Edmundo Gonzalez a gagné. Par exemple, Gabriel Boric, le président du Chili, s'est prononcé publiquement juste après la sentence en accusant le TSJ de prendre une décision frauduleuse pour légitimer un soi-disant « coup d'Etat » de Maduro.
Au Chili se sont joint l'Argentine, le Costa Rica, l'Équateur, les États-Unis, le Guatemala, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine et l'Uruguay, qui continue à discréditer toutes les institutions régulières et légitimes du Venezuela. Si le TSJ n'est pas légitime pour certifier le résultat annoncé par le CNE et dénoncer de possible illégalités, alors qui l’est ?
Il faut signaler qu'aucun des dirigeants de ces pays ni même l'OEA ne s'est prononcé sur les incohérences évidentes des procès-verbaux fournis par l'opposition vénézuélienne qui ont été mis en ligne sur un site Internet.
Selon le Gouvernement, dans les procès-verbaux de l'opposition, Gonzalez et Maduro apparaissent avec les mêmes résultats dans 23 états sur les 24 que compte le pays. À cela s'ajoutent des signatures suspectes, ainsi que la rapidité suspecte avec laquelle l'opposition aurait récupéré des dizaines de milliers de procès-verbaux. En deux ou trois jours, ils étaient déjà tous disponibles sur le site de l'opposition, ce qui est un peu difficile à croire.
Alors bon, le grand mérite de la décision du TSJ est qu’en ayant résolu le problème légal des élections vénézuéliennes, il expose le caractère politique des attaques que subit Maduro. Il ne s'agit pas d'une inquiétude internationale concernant l'obéissance du Gouvernement aux lois du pays, mais d'un position destinée à utiliser de soi-disant controverses juridiques à des fins politiques.
Ce qu'on cherche, c'est à empêcher la normalisation et la stabilisation de la situation du Venezuela dans le monde, en créant aussi des obstacles au rétablissement du pays qui dépend aujourd'hui dans une grande mesure de la construction de relations stratégiques avec des alliés internationaux qui pourraient subir des pressions et des menaces de sanctions pour ne pas collaborer avec le Venezuela.
Cette stratégie s'aligne simultanément sur le renouveau de la doctrine Monroe, selon laquelle les États-Unis intensifient leur influence en Amérique latine pour compenser les pertes et les défaites subies sur d'autres continents, ainsi que sur l'idée de semer un chaos permanent dans les régions que les États-Unis ne sont pas prêts à contrôler, que ce soit directement ou par l'intermédiaire d'élites soumises.
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